Vous
ne le savez peut être pas encore, mais depuis longtemps déjà Neandertal
vivait près de chez nous dans l’âme des chasseurs. Tapis au fond des
bois, comme des ahuris, ils attendaient leur hure (et leur heure), une
attente faite le plus souvent de traquenards organisés à la tombée du
jour ou dans les nuits sans lune. Dépassant le temps d’une insouciance,
les bornes de l’ennui, isolant nos brebis, à la lisière des ténèbres,
ils leurs faisaient un sort, tuant de manière indistincte les animaux
les plus courroucés, les plus vindicatifs, ceux qui levaient la tête,
ceux qui passaient devant pour manifester leur mécontentement.
Ils suivaient en cela l’exemple de leurs ancêtres auréolés de flèches
et de carquois, dégainant sans arrêt des fourreaux, des épées de
ferraille, des lances, des arcs, des massues et des glaives et parfois
même des chiens sniffant de la coke. Depuis la nuit des temps, les
chasseurs avançaient tapis dans l’ombre de leurs peurs ancestrales, au
sein de sous-bois imberbes ou barbus. Depuis la nuit des temps ils nous
tendaient des pièges.
Ces mercenaires hagards de la fée Carabosse, prenaient dès l’aurore,
position autour de notre hutte. Ils arrivaient par cohortes entières et
l’on se demandait, comment une région paraissant, à première vue si
dépeuplée, pouvait tout à coup fournir autant d’arcs et de flèches,
autant de casse-tête, autant de frondes et de silex, pour arrêter et
dépecer les bêtes. Ils arrivaient de bon matin, tout habillés de
guerre, fantassins attardés de groupes de pression, ne sachant pas
encore que la télévision offrirait un jour à ses adeptes, l’aumône de
leurs rides.
Les Néandertaliens savaient prendre position à tous les détours de
chemin, à chaque carrefour, à l’orée de toutes les positions
géographiquement stratégiques de nos contrées sauvages. Ils se
déployaient comme à la parade, envisageant toutes les possibilités de
retraite de leurs futures victimes. Ils savaient tout de leur proie, là
où elle vivait, là où elle se cachait, comment elle réagissait, dans
quel taillis elle allait passer, quel parcours elle allait prendre,
sous le couvert de quel vent elle allait s’abriter, afin d’échapper à
la meute hurlante de leurs chiens déchaînés. Ils étaient nombreux, très
nombreux et, dans cet enfer de hurlements et de cris bestiaux, les
animaux sauvages n’avaient plus aucune chance de s’échapper.
De notre tanière, tapis derrière les barreaux et toujours en instance
de déménagement, nous les regardions ne se rendre compte de rien, ni de
l’image qu’ils donnaient aux passants assez fous pour s’approcher de
eux, ni des yeux qui guettaient leurs moindres facéties, au hasard des
rencontres que nous aménagions pour ne pas trop nous ennuyer.
Débraillés ou harnachés dans leurs peaux de guerriers, ils assiégeaient
toute la région et les fantasmes qui les habitaient, n’avaient alors
d'équivalents que la rage avec laquelle ils s’évertuaient à détruire
tout ce qui, potentiellement ressemblait à une vie sur terre.
Devant une telle fureur, les biches se taisaient, derrière leurs
miroirs. Les élans cavalaient hors de portée des mâles, les sangliers
sanglotaient en éventrant les chiens, les perdrix en colère ne les
quittaient pas des yeux, cachées dans leurs souliers à l’affût d’un
répit. D’un bond, les lièvres se sauvaient, tournant rapidement le dos
à ce tintamarre assourdissant qui emplissait l’espace de cris aussi
déments.
Il faut dire ici que ces lièvres nous venaient de très loin, ils ne
connaissaient pas ces coutumes barbares. Arrivant de Hongrie afin de ne
pas trop décevoir les armes de leurs maîtres, ils repeuplaient en temps
voulu nos friches et nos fourrés. Les perdrix elles, nous venaient de
Pologne, cachées au fond de trains entiers de gibier à pâté. Elles
n’avaient pas d’ailes fonctionnelles, afin de se sauver. Elles
n’avaient pas appris à temps, le temps des escapades. Attablées
précédemment avec des faisans d’un autre âge, à commenter la qualité de
leurs volières protectrices, elles n’avaient pas appris au bon moment,
à distinguer le bien du mal. Une fois relâchées, elles se promenaient au
milieu des chemins de traverse et n’acceptaient donc pas de se voir
confisquer la priorité, quand au détour du bois, à l’orée du massacre,
quelqu'un leur demandait au contraire, de jouer le rôle de gibier
apeuré par la fureur des clebs.
En ces temps reculés Neandertal, mis à part les oursons pyrénéens,
s’était préfabriqué une autre bête noire, le « Cochonglier ». Cet
animal bizarre, était issu du cerveau facétieux de quelques rats de
laboratoire qui, pour passer le temps, avaient inventé cet hybride
fécond. Ils l’avaient inventé de toutes pièces, pour remplacer la
véritable race des sangliers qui elle, s’étaient éteinte au début des
années 1990. Ils l’avaient inventé cependant, sans se poser à temps la
question primordiale de son acharnement à vouloir se reproduire
lorsqu’il serait dehors. Sans imaginer un seul instant que ce
redoutable ennemi des cultures allait repeupler aussi hâtivement le
moindre périmètre encombré de taillis Sans savoir qu’il allait se
livrer, rien que pour s’amuser, à la dévastation de nos tapis de mousse
et au pillage des champs de nos voisins, les rendant fous de rage...
C’est ainsi que pour combler son ennui, ici comme partout ailleurs,
Neandertal se livrait à des massacres incomplets de cette nouvelle race
d’insoumis.. Au nom de ce délire,
les tirailleurs les plus acharnés s’octroyaient tous les droits,
barrant routes et chemins, chassant les jours de neige, utilisant des
flèches de guerre interdites, des haches à répétition, des arcs de
compétition... Se croyant sans attaches sociales, il s’en prenait à tout
et son tableau de chasse était impressionnant: tueries de femelles
pleines, carnages de jeunes ne pesant pas plus de trente à quarante
kilos, etc… Devant cette furia, seuls les vieux mâles cachés au fond de
leurs «mattes» avaient quelques chances de survie
On nous répondra ici, que pour se débarrasser au plus vite de cet
intrus sauvage, il nous reste en désespoir de cause qu’à lui
transmettre la peste porcine, cet autre prion de service. Afin
d'enrayer cette fuite des gènes devenue à présent incontrôlable, afin
d’enrayer aussi les excès d’une nature pouvant redevenir soudainement
si sauvage, il nous reste à devenir encore plus sauvage qu’elle !
Ailleurs, dans d’autres lieux, ce furent les castors qui subirent
l’orage, les loups bien trop craintifs, les ours bien trop poilus, et
surtout les bisons bien trop futés pour trouver quoi que ce
soit, à redire. Sans parler des indiens d’Amérique... Qui furent décimés comme
des animaux sauvages par cet ancien minable, au nom de parchemins écrits par des
malades, gavés de sang humain. Oui, nous avons assisté sans rien dire à
ces véritables génocides, nous terrant dans nos m½urs. Au nom de
l’impuissance intemporelle qui nous habite. Et vous croyez que le
progrès technique fera oublier tout cela ?!
Pendant ce temps, le loup austère qui habitait en nous, écumait de rage
au fond de nos canyons (de nos canons). Il faut dire qu’en ces temps
reculés le moindre frisson de peine se vendait sans encombre. La
moindre anicroche prenait de la valeur. Cristallisant nos peines autour
de nos mouchoirs, nous tentions vainement de faire respecter la loi
autour de nos maisons. Mais au loin des foules hagardes et des salons
feutrés, notre voix portait mal.
D’ailleurs Neandertal se foutait de la
loi, il était né ici, dans ce lieu de prédilection de ses instincts
primaires.
Cependant nous pensons rétrospectivement que Neandertal cherchait par
dessus tout à encercler Cro-Magnon, cet ami d’un autre âge que nous
vénérions tous du fond de nos salons primitifs (Merci Yves d'avoir fait
naître en nous ce sentiment d'absence). C’est ainsi qu’isolés par la
faction interminable de sentinelles qui, à chaque carrefour et des
heures durant, faisaient le pied de grue à l'entrée des chemins,
brocardés par les plus égarés, acculés par des v½ux aux couleurs
d’homicides, nous avons eu la chance insigne, de ne pas voir rappliquer
une bête sauvage qui, narguant le désespoir et à l’affût de notre
pacifisme, se serait un jour cachée au fond de la cuisine.
Dans ce désert des sens, dans cette guerre des tranchées, rien ne nous
fut pourtant épargné. Oui, nous, pauvres exilés du Système antérieur et
recouverts simplement de nos fétus de paille, nous disons que nous
avons été pendant de longues années en résidence surveillée. Nous
répétons ici, au risque de paraître farfelus, que nous continuons
parfois à l’être encore.
Alors que, sur les duvets de bruyère, sur cette mousse joyeuse, notre
ami Cro-Magnon ne nous avait jamais appris autre chose qu’à chasser
l’éléphant rose, ce vieux dinosaure aux écailles de plumes, ce
crocodile des marais. C’est pour cette raison que contre les peuples de
conquérants bercés de certitudes, je reprends ici le flambeau des rêves
d’autrefois. Devant la morne exactitude de tes chevaux de plomb, devant
ce havre des conscrits, devant ton indécence, je déclare le jeu de
l’utopie, les pelures de nacre, les actes d’autrefois, les vertèbres
défaites sur nos lits de bonheur.
Gardiens de nos fusées explorant le cosmos, laissez-nous cheminer loin
de là, à la recherche de nos âmes (de nos états d'âmes) et rester
attachés à nos maigres ressources, pour un retour discret dans nos
chaudes pantoufles. Laissez-nous libérer des oiseaux au loin des temps
modernes, fulgurant les barrières au seuil de l’infini.
L’enfant est bien l’être inachevé de nos doutes (de nos rêves).
Mais habitons à nouveau cette espèce de bipède Néandertalien qui nous
encercle et poursuivons notre enquête auprès de nos lapons modernes.
Allons, dis-nous pourquoi tu chasses ? Te vois-tu comme l'un des
derniers gardiens du temple de la société rurale agonisante sur l'autel
de l'oubli ? Tu es pourtant revenu bien tardivement sur les lieux de
ton crime. Es-tu à l'intérieur d'une régression d'un état repaysan que
tu
aurais vécu par le truchement de tes ancêtres ? Est-ce parce que tu
n'as plus la capacité de gérer l'espace que tu te revendiques ou
est-ce, parce que voyant que tu avais loupé le coche de l'Histoire, tu
te raccroches encore à une pseudo-écologie pour exister ? Mais qu'y
a-t-il d'écologique dans le fait de repeupler les anciennes parcelles
en chair à pâté et ceci à des fins partisanes ? Dis-toi que tu délires
car l’écologie ça s’apprend sans fusil ! Aujourd’hui sur tes parcelles
repeuplées de gibier, les lièvres courent encore plus vite que
jamais, poursuivis sans répit, par tes hordes anonymes. Ils essaient
simplement d'éviter les éclairs fulgurants qui à tous bouts de champ
illuminent leurs yeux, ces éclairs aveuglants qui au carrefour des
bagnes, lorsque l’obscurité nous tenait lieu de pagne, soumettaient nos
pensées.
Penchons-nous tout de même un instant de plus sur ce nouvel écologiste,
sur cet infatigable coureur aux mille pattes, pour qui la chasse est
devenue un sport national permettant d’épancher la rage qui l’habite.
Penchons-nous sur cette créature qui à coup de fusils a fait
disparaître toutes traces de vie de nos contrées sauvages.
Penchons-nous sur cet être qui en se promenant régulièrement auprès de
nos maisons, le flingue sur l'épaule, pense ne pas faire monter en même
temps la pression artérielle, des riverains sagaces.
Pourtant, un peu partout dans le monde, le temps est à l’orage.
Aujourd'hui sur nos mers dépourvues de fanons, les baleiniers circulent
encore en proie une la folie noire qui suicide l'espèce des humains.
Ailleurs, en Amérique, c’est plus de deux millions de loups qui furent
abattus, par des hommes à l'affût de leurs propres fantasmes. On voit
bien maintenant que l'on ne fait plus que limiter le mal qu'on a fait
aux espèces. A quelle extrémité faut-il donc en arriver pour réagir
enfin ?
Avons-nous vraiment eu tort de penser que si la vie n'était allée que
dans un sens, nous ne serions pas là pour en parler et que pour
survivre décemment ici-bas, il nous faut maintenant respecter la notion
de biodiversité. Mais Neandertal sait-il vraiment ce qui se cache sous
ce terme ? Sait-il le crime contre l’Humanité qu’il s’est permis de
faire lorsqu’il a abattu « Cannelle », la dernière Ourse autochtone des
Pyrénées ?
Car si depuis des temps immémoriaux, la terreur ancestrale des animaux
sauvages qui nous
habite tous, nous a donné parfois une raison de détruire
systématiquement nos
frères, elle ne nous donne pas le droit toutefois de continuer à le
faire. Depuis l’avènement de l’éthologie, nos connaissances à ce sujet
ont en effet beaucoup changé (...). Au fond des bois, les loups-garous
qui nous hantent encore de leurs longs gémissements, sont
dépourvus de dents. C'étaient de tendres arguments pour faire peur aux
elfes qui peuplaient nos contrées avant l'ère de l'homme, cet adulte
de fer qui emprisonne l'air de ses éternuements. Depuis la nuit des
temps, ce sont bien pourtant les animaux qui ont accompagné les
hominidés dans leur recherche métaphysique. Dans ce sens, les chasseurs
actuels ne sont que des viandards, pour ne pas dire des assassins
primaires de mirages futurs, face à nous qui sommes devenus, par
clairvoyance, les adeptes fervents d'une « retotémisation symbolique »
de ces mêmes animaux sauvages.
Mais malheureusement pour nous, Neandertal n'était pas que chasseur car
avant de sauter à pieds joints dans son association de malappris
"chasse, pêche, nature et tradition", il avait déjà gagné sa vie à
pourfendre un peu partout, les horizons anciens. Se servant de nos
peurs ancestrales, il avait depuis longtemps, érigé des remparts aux
sombres devantures. Téléguidant des choix aux destins incertains, il
avait inventé « lonf », cette structure de bois rongé par les termites
de la maison carré, de la pâte à papier. Il avait inventé « linra »,
cette tombe des gènes, ce caveau des monstrueuses dégénérescences des
espèces, cette entité roublarde qui au nom de la science moderne,
organise à longueur de journée des voies de faits sur les lapins, les
canards, les moutons.
C’est ainsi, qu’afin de tester définitivement
l'amour de tous les surmulots peuplant nos solitudes, les savants fous
qui hantaient les couloirs de la modernité, aménageaient sans cesse pour les populations modernes, des
courses de toros empoisonnés de muscles. Ils livraient continuellement
dans des lapinodromes clinquants, des lapins angora difformes et super poilus, empaquetés de
laine. Ils servaient sans arrêt à la
kermesse alimentaire, des plats de viande fade atrophiée de prions, des
festins de saumons aux gènes intenables… Ils avaient de surcroît
inventé la rage, la myxomatose, la peste porcine et équine, la peste
aviaire. Tout cela uniquement pour mieux nous vanter à temps, le
pouvoir de génomes simplement améliorés à la lueur de leur propre
démesure à choisir les mutants, ceux pour qui la vie deviendrait
désormais un délit, ceux qui engraisseraient au plus vite leur masse
musculaire à coup d'hormones mâles.
Mais il y a bien des limites à ces voies de développement
délirantes.
Et ce dont nous sommes maintenant certains, c'est que vous ne nous
conduisez plus là où il le faut. Messieurs (et Mesdames) les chercheurs
et les têtes chercheuses, vous êtes tout simplement devenus
entre-temps, de vrais barbares car si la domestication s'est
faite à base de
combats, elle s'est faite aussi, pendant des millénaires, à base de
caresses. C'est parce que les paysans que vous avez chassés de leur
terre pour des raisons obscures, n'avaient pas d'autre issue, qu'ils
passaient leur saison hivernale à étriller le cul des vaches. C'est
parce qu'ils les aimaient qu'elles se laissaient faire, produisant en
retour de quoi satisfaire leur fringale hivernale.
Et vous, messieurs et mesdames les initiés, postés au fond de vos
laboratoires, en seulement vingt ans de recherches acharnées, vous avez
réussi à pratiquement, les rendre toutes folles. Vous êtes même prêts,
à faire le
sacrifice de millions de carcasses afin de vérifier régulièrement
l'erreur de vos calculs. Mais avec les statistiques, est-ce que
la barbarie a vraiment changé de camp ?
Ce «
sanglotier » qui s'égaie un peu partout dans les taillis locaux, porte t’il vraiment en lui la peste porcine,
ou dépassés par sa profusion actuelle, les « savants » sont-ils prêts à
la lui inoculer, comme ils inoculèrent jadis la myxomatose aux lapins ?
Ces poulets qui meurent par millions au sein d’espaces confinés,
sont-ils le produit d'une nouvelle agriculture portée par la science ou
le produit d'une nouvelle forme de barbarie de notre espèce ? Une espèce
qui désormais semble être prête à tous les dérapages pour simplement
sauver les apparences de cette société aux appétits féroces.
Pourtant, tout au long de l'Histoire quand nos seins s'épuisaient, nous
avons tous été élevés au lait de chèvre. Faut-il dès lors, ne plus
aimer ces bêtes et être vraiment devenus dingues, pour leur faire filer
aujourd'hui des toiles d'araignées ! Faut-il être barbare, pour faire
subir tous ces traitements inhumains et dégradants à nos frères
inférieurs, ces nombreux animaux qui depuis la nuit des temps
accompagnent l'Histoire de l'homme dans sa quête métaphysique, ces
animaux qui sont devenus aujourd'hui des objets de concours sur
lesquels s'acharnent les généticiens du monde entier! Quel sens cela a
t’il vraiment pour les chercheurs ? Je vous le dis tout cru :
uniquement celui d'observer la limite de l'introduction d'un gène
aspécifique ou d'un gène culard.
Toutefois, contre cette démesure historiqu d'une minoritée, la vie est ainsi faite
qu'il lui faut du temps pour décider de demain et les deux allèles
culards introduits dans le même génome, deviennent pratiquement létaux.
D’autre part, messieurs les savants fous, cette « vache folle » l’est bien
devenue, à cause de vous et de vos "farines" animales. Il a fallu alors, en abattre des
millions d’exemplaires. La peste porcine et la grippe aviaire se sont
bien déclarées à cause de conditions sordides d’élevage et il y a eu
des millions de victimes au sein des deux espèces. Dans ce sens,
même les futurs OGM, sont à démystifier... car c'est toujours la notion
de Facteur Limitant qui prévaut et qui organise les voies de
l'adaptation locale des espèces. Ces Facteurs Limitants ne prennent pas
leurs racines dans la pseudo valeur ajoutée d'un génotype modifié
artificiellement, mais dans les possibilités trophiques que leur offre
l'environnement. Point n'est besoin, d'avoir un potentiel génétique
élevé si celui-ci ne peut s'exprimer localement. Cette vache que
j'élève aux confins du désert doit être adaptée, sinon son prix devient
hors normes. Ce maïs sans pyrale est par rapport aux risques qu’il fait
encourir à la biodiversité, d’une utopie sans bornes, une utopie qui
place l'espèce des humains dans un concert de fous, envisageant une
solution adéquate à la folie ambiante. Cette folie qui ne va plus nous
léguer bientôt, que des schizophrènes à la tête des laboratoires. Pas
vrai, mon bon monsieur S(p)eed !
Faut-il dès lors aimer par-dessus
tout vivre au sein d'une culture décadente, pour accepter toutes ces
barbaries.
Faut-il ne pas aimer les libertés individuelles des autres, pour s'asseoir
inlassablement sur les idéaux de chacun et chercher constamment à
devenir le seul modèle universel de référence ! On a tout de même
parfois envie de vous dire: «mais arrêtez donc un peu tout ça ! Ces
nouvelles molécules et ces nouveaux génomes ne servent à rien, etc. Le
danger est ailleurs. Le phénomène de déprise agricole actuel (1) qui
est
le seul véritable problème qui nous intéresse ici, est tout
simplement entretenu et alimenté par la concurrence interspécifique
d'animaux géants et difformes, vivotant dans le
minimum de surface
disponible».
Vous me répondrez aussitôt : « Mon cher, avec les machines
qu'on a, on peut tout se permettre ! ». « Pas si sûr mon gaillard ! »
Car la vie n'a de sens que si on lui en donne un !
Et si en attendant ce sens, il vous faut croire à quelque chose de
précis, croyez plutôt aux destinées fugaces des êtres vagabonds.
Persuadez-vous que l'autre n'amène que des pas, du hasard, de
l'offrande, des balcons de bonheur suspendus sur des scènes où
l'illusion est reine.
Sombres enchantements, livrés à la colère de destinées hagardes. Oui je
fonde ici-bas, la secte des nouveaux indiens rêveurs de l'impossible et
Je décrète aussi l'unicité des "moi", autour de rois déchus et de
vaines chimères entretenues par dieu dans ses accès d'ennui (malgré
cela, je tuerai tout de même dieu au fond d'un coupe-gorge car il a
laissé assassiner gratuitement tous mes amis à poil, par les chasseurs
et par les scientifiques).
Ah ! Terreur délétère, divaguant sans arrêt
des confusions amères, logiques destinées
à nous mettre en colère !
Moi qui ai apprivoisé tant de loups et qui suis quotidiennement passé
si près du suicide, je tiens à témoigner ici de tout mon être, contre
cette nouvelle forme de barbarie du Système qui ne produira à terme que
des petits soldats fascistes insatisfaits de leur rôle social. Je tiens
à dire aussi que c'est bien maintenant aux écolos et non aux
religieux ou aux scientifiques à tenter de moraliser le débat
sur la vie. C’est d’ailleurs pour cela qu'ils représentent un tel
danger pour l'économie actuelle.
Toutefois, afin de déplacer les horizons déjà malsains des écologistes
citadins, (ceux qui attendent que le monde change, tout en restant bien
calés au fond de leurs sophismes) je leur dirai ici ces quelques mots :
« Oui messieurs, c'est bien en rase campagne que l'on découvre les
vrais problèmes environnementaux ». Merci Dian, merci José de nous
avoir montré la voie, face à ces stupidités sans bornes que sont
devenues par exemple, la chasse industrielle ou l’élaboration des OGM à
des fins consuméristes.
D'ailleurs dès aujourd'hui, afin de transgresser le mythe du Surhomme
dont vos fantasmes suintent visiblement de toutes parts, je prends ici
et uniquement dans le but de me faire plaisir, la décision irréversible
de créer une souris verte avec des couilles d'hirondelle. Je prends
aussi la décision irrévocable de réduire génétiquement la taille des
basketteurs géants afin que ces derniers arrêtent un peu de me piquer
mes vitamines. Je prends enfin la décision définitive de rendre
totalement décadente, la vie de mon matou, la vie de mon clébard et
celle de ma tortue des îles...