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  Que faisiez-vous pendant ce temps ?

Chapitre III
CHAPITRE III





La quête du Graal ou le devoir d'une génération
  

C’est dans ces ports, près d’une banquise de brumes, que vont prendre corps les chimères industrielles des futurs urbanistes. Au son des lampions et des cornes de brumes, à la lueur de pâles halos festifs et sous d’énormes quantités de bière, commence là, une vie faite d’avortements citadins et d’aller-retour dans des trains en partance pour jamais. Une vie muette d’espoir. Une vie déçue d’être si terne. Une vie faite de tentatives de compagnonnages réciproques mais artificiels. Une difficile route à travers l’industrie noire des cheminées, vouée à la réalisation d’idéaux malveillants et cherchant son chemin (son destin ?) à travers les tours de béton et d’acier - Intégration sordide à une migration incontrôlable allant d’un pays idéel mais fini, vers un pays aux logiques sélectives socialisantes - Marche forcée de travailleurs soumis, vers l’horizon emblématique des drapeaux de la Révolution Industrielle.

Quelle casse ! Quel casse-pipe ! Personne pourtant ne vous a en aucun cas, demandé de bosser à ce point, toute une vie durant, comme des abrutis !

Afin de vérifier ces dires et ces faits anodins, n’avez-vous donc jamais avec les ouvriers, travaillé en usine ? Subi avec eux le regard morne des machines-outils ? Côtoyé ensemble et au quotidien, le vide des rapports déshumanisés, parcellisés, robotisés, racialisés ? Subi auprès des cadres, cet inconscient collectif qui induit qu’à tout âge doit correspondre une prise de conscience différente ? Une prise de conscience éternellement influencée et conditionnée par la faiblesse ou par la force de nos misérables idéaux, des idéaux eux-mêmes comme inlassablement retracés et pervertis, par les révélations ritualisées de dogmes à l’affût du moindre dérapage individuel ou collectif. N’avez-vous jamais suivi comme des ânes bâtés, la lettre de cette nouvelle religion sans dieux, une religion structurée autour de maîtres de céans, toujours plus antipathiques et autour d’idoles (d’idéologues) chantant les sacrifices au son de la réussite individuelle ou sociale. Passage d’un christianisme vacant à une charité morbide, une charité elle-même égrainée çà et là au jour le jour, mensualisée ou journalisée comme elle l'était avant, ailleurs, au fin fond du pays des corridas. Ce nouveau pain bénit des pauvres.

A l’heure où le soleil est bas. A l’heure où ce dernier commence à être las de briller pour ce modèle déjà ancien. A l’heure où les derniers idéaux s’enlisent dans le cambouis des sables du désert. Lorsque la pollution vient submerger d’un voile opaque la conscience des vainqueurs. Lorsqu’on sait qu’il sera désormais impossible de continuer à tenir cette réalité, on peut se demander alors, qui va demain avoir dans ce monde, une raison décisive d’y vivre ? A qui va revenir ce nouveau droit d’aînesse: aux masses délirantes ou aux trapézistes modernes que sont les minorités ? Aujourd’hui, quel est donc sur cette terre, mon potentiel à générer du réel, à regarder au delà du miroir ce qui n’existe pas ? A ne pas trébucher devant l’obstacle de l’ignorance, à me tenir en équilibre à la limite de toute compréhension sur le mur des trapézistes ambulants, à fédérer ces murs, à vagabonder loin de cet équilibre à la recherche d’un ailleurs utopique, salvateur de totems et de brises légères. D’aigles et de brumes ?

Où est ma part de déterminisme ? Dans l’auge des cochons, dans l’assiette du pauvre ou dans la tendre et fragile rosée d’un matin signifiant. Ou encore est-elle proche des horizons abstraits, lorsqu’on se désaltère aux sources invisibles jaillissant du néant ? Quant on tient ce néant au creux de la paume et les doigts écartés, laissant filer ses rêves à travers le cosmos à la recherche d’une queue de comète, ou d’une explication sincère (d’un nouveau serment).

Devant cet amoncellement possible de questions anonymes venant de nulle part, nous rétorquons ici de manière synthétique, que la notion de culture et de contre-culture reprend maintenant son ancienne valeur, que la notion de pouvoir et de contre-pouvoir existe encore, à d’autres niveaux, dans d’autres dimensions plus proches du réel.

Pourtant, il faut le dire, dans ce monde barbare, notre sujétion à la réalité historique du moment nous plonge au plus profond de notre impuissance à dépasser les tempêtes, elle nous plonge dans l’effroi de l’impossible. Comme nous l’avons vu avec les ruraux et les indiens, la société est faite aussi d’émancipations avortées, ratées, ou révolues qui maintiennent les individus dans d’atroces tourments. Le souffle manipulateur des prismes nous conduit, après nous avoir éconduits. Dans ce pays des gains, nos croyances sont vaines et notre culture est désormais devenue un jeu d’échecs où les perdants semblent toujours anticiper le mauvais coup.

Toutefois, pour survivre ici-bas dans un état décent, doit-on rester à ce point, attachés à nos chimères commerciales ? Fait-on un choix définitif nous enchaînant à l’espèce ou sommes-nous là pour créer des états de conscience libérateurs de siècles d’oppression et d’épaisseurs historiques lamentées dans les tourments de la foi ? Sommes-nous là pour sangloter indéfiniment le long de murs énigmatiques la fuite des vaincus, s’imprégnant de leur sang jusqu'à le faire sourdre au bas de l’édifice ? Avons-nous réellement besoin de martyrs progressistes ou d’offrandes humaines pour apaiser le courroux, de nouvelles divinités irréelles ?

D’où nous vient cet idéal à jamais parcellisé qui nous pousse à corrompre sitôt qu’elles jaillissent, les frêles tiges de l’orgueil ? Pour soumettre aussitôt qu’elle parait, cette naissance à l’organisation de chastetés parallèles qui finalement, ne mènent qu’aux bordels. Bordels de la Foi, lieux de putréfaction des insignes divins. Agglomérations de plaquettes, séchées sur le pourtour de trous béants libérant cet inceste. Ce malentendu extraordinaire de la vie, vagissant des excréments (et des balles) autour des anciens lieux de cultes, menaçant de sa chair la fuite des éclairs, cherchant à se dissimuler à l’ombre de l’orage, pour nous tyranniser au mieux au son de sa trompette.

Qu’en est-il de la grande machine à dévorer le temps, de ses rouages fous qui dissèquent l’espace, en nous laissant le soin de remonter les ères, à la recherche de ce lieu causal, à la recherche de cette épave (étape) primitive, primordiale ? Qu’en est-il de cette mécanique folle comme obstinée à tout détruire autour d’elle, lorsqu’on oublie, le temps d’un bref retard, la peur qui nous conduit irrémédiablement dans l’antre béant de sa bouche difforme ? Qu'en est-il de cette machine insensée qui s’acharne continuellement à nous lacérer dans ses dents de velours, faisant par ailleurs, tout son possible pour apparaître douce à nos m½urs assassines ? Qu’en est-il de ce déterminisme fou ?

Le vecteur d’une certaine foi progressiste a créé l’organisation sociale. Face à cette terrifiante structuration de nos cerveaux, qui sommes-nous Kafka ? Rappelle-nous ton ½uvre ! Sers-nous de guide dans ce monde fini ! Apprends-nous à calculer les nouvelles distances, à fuir la réalité tangible des étalons dorés. A nous satisfaire de l’impossible au nom de rêves embrumés. Mais entre-temps, pauvres de nous, qu’avons-nous fait réellement de toi ?

Au nom d’idéologies primesautières nous avons déclaré la "Politique". Nous assourdissant de plus en plus souvent, dans le vacarme incessant des vociférations parasites. Parasites des m½urs, parasites des c½urs, couvant des ½ufs pourris à la chaleur des foules.

Tout au long des cohortes faméliques et pestiférées nous avons alors déclaré le "Social", la "Polis"; cette vieille relique toujours inachevée au sein de laquelle nous cherchons vainement le clandé, le boyau sombre et tortueux qui ne nous mènera nulle part ailleurs, que dans l’impasse des culs perdus.

Et sur cette route ensanglantée, se sont aussitôt penchées les fées nourricières de la tragique famille des élus. Sonnant le glas des tyrannies anciennes pour mieux nous encercler dans leurs bras de guimauve. Intimidant la route des gazouillis, par d'exécrables bouillies maintenant amidonnées de sucre : ambroisie pour des cerfs aux couilles intarissables, miellées de nectars pour des sirènes aux seins inaltérables. Secours du désir, annonciateur d’horribles états d’âmes (et de dures réalités à venir !).

Puis parallèlement, on nous a rassasié d’espaces sertis, de décombres sous vide, d’objets inanimés voués aux incinérateurs; tout en nous laissant croire qu’ils étaient bon marché, indemnes de virus, contraints et dévoués, alors que finalement ils puaient tous la haine des corridors d’abattages automatiques et la solitude des impasses marchandisées. Dans ces labyrinthes des insondables nécessités de la chair. Dans ces supermarchés luxueux aux devantures rafraîchies et peuplés de gogos.

Pourtant, qu’avons-nous appris à l’école ? Le moyen de survivre à partir du passé ou la manière la plus fine de nous pervertir les neurones ? L’inclassable (l’inaccessible) utilité des contenus pédagogiques servant nos équilibres ou la somme des faits privatisant l’espace. Le rendant inutile. Le vouant à l’échec. Sommes-nous devenus simplement les fonctionnaires zélés des mass médias, rivalisant de charme pour accéder à la place suprême, rivalisant d’audace pour monter sur la plus haute marche, rivalisant d’énergie pour s’incendier de watts, tout comme le feraient des nabots starifiés à la lueur de leurs propres certitudes acoustiques ?

Sommes-nous nés pour être ou pour paraître ? Venons-nous au monde pour ensorceler les médias ou pour parcourir et découvrir le lieu de notre exode ; L’endroit d'où l’on voit tout ; Le cadre de nos rêves ; Le sentier nonchalant des artificielles mutations à venir ; La draye des migrations incessantes autour de feux de camps entretenant l’espoir, à la faible lueur de vieux rétroviseurs, ces pauvres lanternes automnales, qui nous permettaient de réfléchir sur les tenants et les aboutissants d’une culture donnée. Qui nous permettaient d’essayer de comprendre l’implication des idées neuves dans un contexte précis et leur cheminement à l’intérieur des consciences, de réfléchir aussi à leurs conséquences au niveau de la déstructuration des modèles en place, d’estimer leur impact par rapport à l’extraordinaire inertie du Système. Une inertie d’autant plus forte que son cadre a actuellement atteint et dans chacun des domaines considérés, un certain niveau de perfection (une perfection qui peut être vue comme un feedback négatif ou positif, c’est selon le moment et la perception que l’on a de la réalité).

Mais même si pour nous, la rationalité reste bien après tout, ce que tout un chacun est capable de produire (principe de réalité), nous gardons avant tout dans nos c½urs vagabonds, une théorie secrète autour de l’acharnement primaire qu’ont les artistes à vouloir générer des sentiments et encore une fois, ce ne sont pas les scientifiques, mais bien les artistes qui pour des raisons étranges, décideront du monde de demain, car ils sont bien les seuls, à partir de faits bruts (brutaux ?), à pouvoir rêver de nouvelles réalités. En effet, qui aurait pu prédire par exemple, le développement du Surréalisme après les atrocités de la guerre de 14/18, atrocités dans lesquelles les scientifiques portent définitivement, on le sait maintenant, une lourde part historique de responsabilité ?

Et pour accompagner ce désir ré deéthé connaissance et de compréhension du monde passé et à venir, comme vous le voyez, l'Histoire est devenue pour nous, tout à coup, un « Système Surréaliste » qui s’est mis soudainement à émettre des bulles émergentes. Nous sommes désormais à l’intérieur d’un univers peuplé de bulles, des bulles pétillantes que l'on appellera ici pour les besoins de notre cause, les bulles de la « margi-différenciation ».

Sistème

Toutefois, pour des raisons pratiques, nous resterons encore attachés un petit peu au cadre conceptuel de la « Théorie du Chaos et de l’Incertitude ».

C’est ainsi que, tout comme des artistes assoiffés de néant, nous posons sur cette palette graphique et ceci, d’une manière incroyablement abstraite et rêveuse, le principe de la limite théorique des Systèmes anthropiques. En élargissant le "Principe de Peter", notre humoriste préféré, au fonctionnement des Systèmes anthropiques, nous dirons avec lui, qu’une fois que le Système « lambda » aura tendu vers son niveau d’incompétence maximal, il ne pourra plus, dès lors qu’il aura touché ce point, que péricliter. Ici, au fur et à mesure de la lecture de ce livre et au risque de nous faire prendre définitivement pour des fous, nous essaierons petit à petit de vous faire changer d’horizons, de vous embarquer dans notre nouvel espace-temps.

Mais ne croyez pas que vous allez pouvoir passer d’un Système à un autre sans vous faire mal aux dents. Toutefois, près de cette politesse qui depuis trop longtemps nous habite et une fois de plus pour ne pas vous brusquer sans raison, disons-le, pour que le choc ne soit pas trop brutal, nous chercherons ici à ne créer que de la poésie, pour que finalement cette dernière s’instille dans le Système en place, afin de le faire muter doucement.

Si on se prête un instant au jeu de cette mutation possible, on observe sur cette représentation « multi-variée » de la vie (voir le graphe, ci-dessus), un axe des abscisses qui correspond à l’utilisation de l’espace dans le temps et un axe des ordonnées (désordonné ?), qui est construit sur la base de l’accumulation des techniques, à un moment donné de l’Histoire. A l’intérieur de ces deux axes théoriques, se développent chronologiquement les Systèmes Successifs et Supérieurs de Survie Spatiale (SSSSS), Systèmes qu’ont mis au point les hommes au cours des millénaires : SI : « Cueilleur » (de prunelles, de genièvre, etc.), SII : « Chasseur » (de mammouth, d’aurochs, de sangliers, etc.), SIII : « Agraire » (domestication des deux précédentes étapes : végétaux et animaux), SIV : « Industriel » (utilisation des ressources minérales à des fins industrielles et industrialisation de l’étape agricole précédente SIII), SV « Ecologique » : (gestion dynamique des milieux « naturels » à l’aide des « outils » (des process) biotechnologiques), etc., (SVI est en pré gestation métaphysique…, par abus de langage ou par dérision envers les systèmes antérieurs nous le nommerons ici, « Système de la Foi suivante »).

Pour nous, le Système « Lambda » mute automatiquement quand les conditions de son expansion ne sont plus réunies. Ceci revient à dire que quand l’Homme a épuisé les ressources qui alimentent la nature de son système de survie historique, il en délaisse l’objet pour bâtir l’étape suivante et arriver ainsi (non sans désordres ou sans chaque fois quelques barbaries de plus à son actif) à une maîtrise supérieure d’un territoire qui émerge peu à peu du chaos (axe de l’espace-temps). Pour ce faire, il complexifie au fur et à mesure ses techniques (axe de la complexification technologique).

Ici, la ligne d’indéterminisme n’est plus alors autre chose que la limite historique (momentanée) des relations dialectiques et c’est au centre que la bataille fait rage. Dans ce sens, chaque fois que quelqu’un ou qu’un groupe d’individu se détermine sur une manière de gérer son espace (ou son quotidien) il crée de la matière ou de la réalité (ce qui pour nous, revient pratiquement au même).

Et pour faire encore un peu plus plaisir à nos neurones soudainement émoustillées, nous pouvons, grâce à l’outil systémique, transposer localement le modèle global décrit ci-dessus, sur l’instant actuel, en appliquant à un Sous-Système donné la notion de barycentre. Vu de plus près, la surface historique de contact entre le « Chaos » et le « Réel inachevé » prend alors subitement un aspect physique bosselé.

Pour imager cette approche on dira ici que, pas plus il ne fallait statistiquement « embêter » Neandl,erta en allant lui piquer sa côtelette lorsque ce dernier revenait de la chasse, on ne peut aujourd’hui, aller embêter bush et le camp occidental en les privant tous deux, de leur satané pétrole. Comme vous le voyez, chez nous désormais, c’est bien le rêve qui permet de planter le décor, l’espace des regrets, le temps des infortunes. Nous ne nous prenons plus véritablement au sérieux.

Néanmoins, pour bien expliquer le radicalisme de notre point de vue, pour poser définitivement le cadre de ce livre, pour nous engager sans possibilité de retour dans la voie des utopies, nous allons nous permettre de dire qu’un Système « lambda », un système dont les finalités ne seraient plus uniquement basé que sur la prédation des ressources disponibles, deviendra caduc, dès l’instant ou il ne saura plus gérer durablement ces dernières ou qu’il n’en appréciera plus la valeur intrinsèque. Dès lors, ce système aura de plus en plus tendance à se faire critiquer (et ceci n’est qu’un doux euphémisme à l’échelle de tous les rapports de forces en cours).

Avant d’aller plus loin dans le sens de ce rêve et pour nous faire encore plus plaisir, faisons donc avant tout, un inventaire momentané de toutes les ressources disponibles ! A partir de là, observons nous ici ou là, les germes d’une chute possible ou d’une décadence ? Est-on à l’apogée du Système « lambda » ou vivons-nous notre propre radicalisation à la marge d’un état qui ne nous laisserait plus désormais que des possibilités minimes de d’expression ? Quelles sont réellement les idées fortes qui guident actuellement les sociétés ? Quelles sont celles qui ont le plus de chance d’aboutir ? Quelle est la place des croyances et de la culture propre à un ou à plusieurs individus, dans leur prise de conscience collective du réel ? Et quel est surtout leur pouvoir de décision par rapport à tout ce qui les entoure ? En un mot s’il est possible de l’évaluer, quelle est dans la structuration du Système actuel, la part du déterminisme pur d’un individu. Sa part de créativité ?

Dans cette extraordinaire course-poursuite contre le temps, nous a-t-on vraiment laissé un espace de mutation réellement crédible ? (...) Nonobstant et peut-être par chance pour notre futur rôle, il convient de préciser, qu'une forme d’évolution qui peut paraître à tous historiquement irréversible et inéluctable n’en demeure pas moins, sous certains angles et à l’échelle humaine (historique), une réalité conjoncturelle ou ponctuelle modifiable. Ce qui peut paraître à tous intangible ou immuable n’en demeure pas moins une réalité modelable en fonction des nouvelles aspirations. De cette manière, la structuration des mécanismes sociaux ainsi que la planification des besoins conventionnels par exemple, ne sont à un certain degré, que des vues de l’esprit, des sortes de visions farfelues, des visions certes parfois attirantes, certes peut-être "nécessaires", mais non uniques et certainement pas cosmiques.

Malgré toute "la bonne volonté" et toute "la bonne foi" ou encore malgré toute «la bonne conscience» qui portent les idéaux d’une époque, il peut se faire qu’à un moment donné de l’histoire, des réalités différentes essaient de voir le jour (des réalités dont les racines sont souvent à rechercher ailleurs, dans d’autres horizons que ceux de la culture donnée ou de la direction qu’on aurait voulu préalablement lui donner). Ces nouveaux oripeaux géants peuvent alors devenir importuns ou carrément insupportables pour certaines personnes ayant été trop conditionnées à penser en rond à l’intérieur de leur propre système de survie. Dans ce sens, il est donc normal qu’il y ait localement des situations explosives qui s’expriment. Par ailleurs, le fait même de percevoir ces situations à risques ou de les accepter implicitement, ne vaccine pas les individus qui auraient pris conscience de leur gravité, car rien daans l structuration de leur propre pensée ne les a spécialement préparés à un tel choc. Ils peuvent à partir de là, se heurter à un phénomène inconnu et non canalisable.

C’est donc bien avant tout, pour toutes ces raisons et en premier lieu, comme on l’a vu plus haut, pour éviter de naviguer à vue entre les écueils d’une mer sociale démontée, qu’à l’ombre des nombreux exemples historiques de survie, qu’à l’ombre de ce charbon chatoyant et de cet acier inaltérable, qu’à l'ombre de ce pétrole gluant et de cette extraordinaire mutation de l’agriculture, qu’à l'ombre de cette survie organisée au nom de gorges insatiables, nous avons fait un rêve. Un rêve de rupture.

Rupture conditionnée ou expression d’un excès inverse ? Inversion des valeurs ou simple vision adaptative devant un amoncellement prévisible d’immondices ? Prémonition active devant l’ennui de la consommation ou combats de titans générés par les fauves ?

Dans le fond, nous les indiens marginaux des monts perdus de l’aube, nous qui sommes devenus tout à coup de si gênants témoins pour le système en place, sommes-nous vraiment coupables d’avoir voulu un jour arrêter la fuite hyperbolique de tous ces prédateurs assoiffés d’espaces, de tous ces promoteurs assoiffés de littoral, de tous ces industriels assoiffés de marchés ou au contraire, avons-nous eu vraiment raison de nous instituer en véritables facteurs de changement ?

- A la lumière de cette troisième génération de chômeurs qui s’annonce au sein de la « Banane bleue », lorsque le démantèlement des industries lourdes conduit à cette impasse, nous relevons le nez...

- A l’heure des éjections rancunières, génératrices d’abcès sociaux tumultueux, nous relevons le front.

- A l’heure où les compresseurs automatiques se concertent sur les opportunités de débauches, nous relevons la tête.

- A l’heure où des régiments ensanglantés de deuils assassinent la masse, nous nous mettons debout.

De quelle manière s’opère donc chez vous, la mutation dans les milieux prolétaires et commerçants ou mêmes politiques ? Car la destruction des modèles créés depuis le début de l’ère industrielle y est là, effective. Ici, dans ce qui est devenu désormais un « chez nous » éphémère, il y a longtemps que tout cela est maintenant fini. Depuis nous subissons l’exode, le transfert et la clarinette des archanges de la route. Mais pour nous, cette route est devenue soudainement malade d'un transit incessant et depuis, assis le long des quatre voies, nous attendons qu'elle ferme.

Car dans l’antre de nos angoisses métaphysiques, nous considérons avant tout que le problème n’est pas de maintenir certaines couches de population dans l’ignorance ou dans l’illusion de leur rôle social, mais de valoriser plutôt cette fonction afin que tout un chacun ait l’impression de participer à un idéal commun. Nous étions là, décalés de l'Histoire, pour témoigner aussi que l’homme industrieux qui avançait parmi les autres avait lui-même subi un intense lavage de cerveau, un lavage de cerveau qui avait duré presque toute sa vie de travailleur et qu’au terme de cet itinéraire démentiel, il s’acheminait d’un pas mal assuré, vers une retraite qu’il pensait avoir bien méritée. Une retraite espérée et crainte à la fois, une retraite le plus souvent dorée que seule la vacuité de son cerveau partiellement détruit lui rendait attirante.

Au bout du compte, n’avait-il pas réellement vécu parmi les autres que pour se défaire petit à petit de toutes les contraintes culturelles du passé ? S’en était-il défait par conviction propre, ou l’avait-on conduit dans cette impasse d’une manière pernicieuse et progressive ? Ou encore, pensait-il simplement de manière enfantine, que la réalité historique de ces mêmes retraites lui donnerait finalement raison ?!

Ecrire, rectifier, donner son avis