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  Que faisiez-vous pendant ce temps ?

Chapitre XXIII
CHAPITRE XXIII




Inverser les connaissances culturelles pour ne pas être écrasé par le pouvoir des autres
  

L'agrologie, ultime vision en même temps qu’ultime passe-temps des candidats écolos leur permettant de rester encore un peu les pieds sur terre, est une science locale qui étudie l’art et la manière d'utiliser sa propre culture afin de survivre convenablement dans un milieu naturel donné, un milieu qui par essence est le plus souvent à géométrie variable.

Dans ce vaste cadre adaptatif, on pouvait dès lors supposer que la tentative d’implantation des « éco-terreux » (et que la réussite de cette implantation) au sein du monde « ruralo-agricole » aurait simplement dépendu, d’une bonne connaissance qu'auraient eu préalablement ces derniers, des techniques culturales et des techniques d’élevage historiquement disponibles.

Vu de loin, on pouvait aussi penser que ces techniques, seraient mises en œuvre comme un peu partout ailleurs, à des fins uniquement productives... Mais malheureusement et certainement pour varier les plaisirs, les techniques agricoles, furent mises en œuvre à des fins culturelles : alimentation différenciée, bien-être des enfants (et des parents), gestion harmonieuse du milieu, diversification du cadre de vie, commodité du travail, renouvellement des relations sociales, qualité de vie supérieure, nouvelle esthétique, etc..

Malheureusement aussi et certainement pour contredire le système industriel, elles furent aussi mises en œuvre relativement au milieu environnant (les ovins sur le Larzac, les caprins dans les Cévennes, etc.). De là à penser que les « éco-transfuges », en refusant les excès du monde industriel, soient alors allé à la recherche d’un monde utopique rural, il n’y avait donc qu’un pas, un pas que certains métronomes en fin de carrière, s'étaient vite dépêchés de franchir...

Les choses ne sont et n'ont heureusement jamais été aussi simples. A ce sujet il faut dire que le problème de l'adaptation historique d'un « agrologiste » à un environnement naturel donné, est depuis toujours, un élément prioritaire à considérer, dans la mesure où cet environnement conditionne à lui seul, que cet individu le veuille ou non, une bonne part de sa future « réussite » professionnelle (...). En effet, face à la difficulté de la tâche, la technique ou plutôt les techniques de production historiquement disponibles ne sont en fait que les applications plus ou moins abouties d'une connaissance souvent plus complexe du milieu. C’est ainsi que ces techniques ne sont globalement, que l’accumulation d’un immense agro-savoir-faire ancestral qui tente de résoudre depuis la nuit des temps, de manière ponctuelle et chronologique, les divers problèmes relatifs à cette même volonté d'adaptation locale.

Reste que pour mettre réellement en pratique les nouvelles techniques disponibles ça prend en général pas mal de temps et c’est toujours un peu plus long que prévu par le modèle (ou que prévu dans les manuels) ! L’agrochimie elle même, a eu du mal à se faire à cette idée et à intégrer la notion de temps (de durée) à son propre système de production. Malgré sa grande réussite, elle va pourtant échouer là où elle a le plus péché, c'est-à-dire, dans la mise en œuvre excessivement brutale de son idéal productiviste !

On pourrait même ajouter, que le temps que passe notre agriculteur à lutter contre les assauts incessants de la nature qui l’entoure, il ne peut le passer en général, à se défendre par ailleurs des assauts incessants de la nature humaine qui le cerne et qui évolue de toutes parts. Ce faisant, il « accepte », bien sûr à contrecœur, de prendre mécaniquement un certain temps de retard, sur les autres groupes sociaux. Dans ce sens, pour nous et pour être plus clair là-dessus, être agriculteur est plutôt un état qu’un métier.

Comme vous le voyez (et comme d'habitude), notre vision va complètement à l'encontre de ce qui pourrait encore laisser croire, qu'il n'y aurait aujourd'hui qu'une seule voie de développement possible pour l'agriculture : celle de l'optimisation artificielle des différents facteurs de productivité actuellement reconnus. Tout ceci bien sûr, en fonction d'un seul objectif lui-même fortement idéalisé : l’obtention d’un rendement quantitatif le plus important possible !

Cette représentation claire-obtuse de la réalité fait toutefois ressortir de manière trop manichéiste un univers dans lequel l’on ne trouverait plus d'un coté, que les chauds partisans d'une utilisation inconditionnelle (irrationnelle) des produits chimiques et de la sélection génétique (azote, traitements phytosanitaires, hybrides, OGM, etc.) ceci on l'a vu, afin d'optimiser de manière maximale les rendements et d'un autre, que les tristes adeptes d'une nouvelle agriculture qui ne serait elle-même basée que sur le respect d'anciennes traditions culturales. Des traditions ancestrales qui, dans l'intégrisme de la « biodynamie » utiliseraient par exemple, un calendrier astral entre autres, pour mieux produire et tout ceci, en fonction de données cosmiques imprévues comme le sont, celles d’une possible harmonie entre le ciel et la terre...

Pour contredire le point de vue borné et caricatural des « néo positivistes » ou plutôt des « anciens progressistes », on fera tout d’abord remarquer que l'application locale des connaissances techniques disponibles à une activité donnée, ici l'activité agricole, montre qu'il y a actuellement beaucoup plus de possibilités offertes par le milieu qu’on ne pourrait « a priori » le penser (l’histoire des systèmes agraires le prouve) et qu'entre les deux extrêmes dont on vient de parler, l'éventail adaptatif reste très large et très ouvert - la connaissance des uns servant le plus souvent la connaissance des autres – A partir de là, il parait assez simpliste de cloisonner les tenants de tel ou tel modèle et l'idée qui ferait considérer d'un coté, l'agriculture "pétrochimique" comme une nouvelle panacée universelle et d'un autre coté, la « biodynamie » comme un archaïsme social, n'est pas si évidente et n'est certainement pas très pertinente.

En effet, entre ces deux extrêmes des nuances s'imposent. Dans ce cadre et pour moins exacerber les différences, on pourrait considérer alors d'une manière plus rationnelle d'une part, une agriculture dite « industrielle » qui serait devenue beaucoup trop consommatrice en énergie fossile et d'autre part, une agriculture dite « paysanne » en train de redevenir plus apte et plus ouverte à l'application d’anciennes formules revisitées. En un mot, une agriculture qui serait au bout du compte, restée moins gourmande en intrants et à terme, plus adaptée aux réalités locales pédoclimatiques.

Partant de là toutefois et malgré la constance de nos efforts, la synthèse à des fins éco-dynamiques entre les deux modèles, devient une forme de challenge difficile à mettre en œuvre. Dans ce contexte et pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté entre nous, nous nous considérerons, comme des "néo-ruraux" ayant pris pour des raisons historiques précises, définitivement parti (ailleurs les dégâts du système industriel étaient trop importants :). Des « néo-ruraux » dont les objectifs déclarés demeuraient avant tout, la valorisation des endroits géographiquement défavorisés (parce qu’il n’y avait pas de place ailleurs pour le faire) ainsi que la valorisation de certaines méthodes de production (parce que nous avions avant tout le monde, anticipé les limites de l’agrochimie).

Dès lors, nous pouvons dire à voix haute que, sans avoir été pour autant des ayatollahs du bio, nous avons défendu depuis le début avec une certaine ferveur, une agriculture basée sur un choix précis: celle de la non utilisation de pesticides de synthèse, d'engrais chimiques, d'êtres clonés, etc. Nous avons donc appliqué de fait, les méthodes dites «d’agrobiologie»... Cette démarche aura été dès le départ, un choix raisonné en fonction de notre propre perception du monde et de son évolution. Pour être plus clair là-dessus, il nous semble que s'il n'y avait pas eu, à un moment donné, dans l’histoire de la France, un "Petit Modèle Larzac" et l'installation de « néo-ruraux » dans le secteur agricole, à notre avis, l'agriculture "conventionnelle" et la société industrielle se seraient encore plus rapidement paupérisés.

Il faut dire que la réalité des scandales dans le secteur agricole ou dans l'agro-alimentaire (stockage de viande surgelée, mous concentrés, vache folle, peste porcine, peste aviaire, peste équine, veaux aux hormones, Permalat, Nestlé, OGM, etc., etc., etc.) et l'infernal subventionnement des catastrophes naturelles en fonction d'aléas climatiques non maîtrisés, etc., nous avaient permis de bien asseoir, au fur et à mesure de leur apparition programmée, le fondement de nos propres valeurs conceptuelles. L'exemple notamment, de la filière soja "Non OGM", était venue nous démontrer en temps et en heure que la "FNSEA", savait elle-même virer sa cuti au bon moment. Face à la toute puissance des marchés extérieurs, n'avait-elle pas mis en place cette filière, uniquement pour sauvegarder les intérêts personnels de certains de ses dirigeants syndicalistes et professionnels, donnant par là raison à la voie prônée depuis longtemps déjà, par la "Confédération Paysanne" ? Pourquoi alors ne pas avoir voulu transposer la démarche à la culture du maïs (ou à tout autre type de production en surproduction chronique (lait, porc, vigne, etc.)), sachant que dans les dix ans à venir, la logique bornée des marchés mondiaux allait mettre au tapis par exemple, tous les maïsiculteurs de nos vallées fécondes, des maïsiculteurs enfin privés de toutes subventions ? Ces vallées pourraient-elles alors redevenir les jardins souriants qu'elles avaient été, avant leur invasion par les chancres de la "Coordination Rurale" ?

Toutefois, malgré les implications hautement stratégiques pour les populations mondiales de cette problématique complexe (voir programme page 100) et malheureusement aussi pour l'Histoire qui par ailleurs nous déborde sans arrêt, en un mot à contre-courant de tous les combats perdus d'avance il faut dire ici, que les passions les plus spontanées poussent malencontreusement et le plus souvent possible le «margi» du coin, à déserter son lieu de vie idéal. Il faut dire aussi que ce faisant, il laisse lui-même la place à tout un monde d’incertitudes et de calomnies.

Comme on l’a vu, il évite notamment au niveau technique, des rapports trop contraignants avec la terre. Ceci étant, ses séjours dans le jardin ne sont pas très fréquents et se font de loin en loin, au hasard des humeurs, ce qui fait évidemment jaser le pékin et s’esbaudir l’agrochimiste. Ce jardin qui pour lui est pourtant une source d'enchantement inépuisable, il se contenterait bien de ne le mettre en place qu’une seule fois tous les deux ou trois ans, repoussant jour après jour, le fol élan qui le pousse à prendre un outil de jardinage. Et, tel le corse champion du monde du lancer de marteau, il deviendrait bien lui aussi, le champion du monde de la culture hors-sol, sachant ainsi assumer les principes les plus élaborés de l'agriculture bio, principes dont l'article premier est de ne jamais brusquer quoi que ce soit et surtout pas la terre. Dans ce sens, l'apprenti jardinier sacrifie plutôt du temps à la lecture de revue hautement spécialisées, des revues qui présentent les courants les plus attractifs et les techniques les plus en pointe, disons le "nec plus ultra" de ce qui peut se faire en matière de jardinage et/ou de culture biologique, qu'à la mise en pratique concrète de ces mêmes connaissances techniques.

Pourtant, en général, ce n'est pas le courage qui lui manque, pas plus que la formation d’ailleurs. Mais la considération de ses propres connaissances en la matière, lui font le plus souvent préférer la douceur de son bureau, à la canicule ou à l'humidité de son jardin.

Malgré tout, dans un élan des plus spontané, un beau matin du mois d'avril, notre « néo-margi-bouseux » commencera à mettre en place un petit morceau de ce bout de terrain qu'on a déjà eu tant de mal à défricher. Si nous l’accompagnons un peu plus loin, nous découvrirons très vite avec lui, que le jardin d'un écologiste marginal est le plus souvent, l'antithèse d'un jardin conventionnel. En effet, on y sème en général les graines, non pas pour qu'elles rapportent à manger (y'en a plein les magasins) ou que celles-ci deviennent plus tard de belles et grosses plantes (y'en à plein les bordels), mais on les sème pour voir germer, naître, lever, trouer la terre, s'aventurer au dehors, cette toute petite graine que l'on a déjà eu tant de mal à se procurer, chez un des semenciers de « Semences Paysannes » par exemple ou dans le catalogue de « Cocopelli ».

Quand elle naît, c'est l'extase et toute la communauté va venir voir pousser, heure après heure, jour après jour, ce vulgaire cotylédon de haricot beurre ceci, même s'il a été un des seul à lever sur la centaine de graines que l'on avait auparavant semées dans le secret espoir d'une récolte fabuleuse (un semis que l’on aura malheureusement oublié d'arroser au bon moment). On va bichonner cette plante, la regarder, l'admirer, jusqu'à ce qu'une chèvre profitant d'un moment d'inattention et d'un trou dans la clôture, ne vienne s’en approprier le produit final, je veux parler ici, de cette récolte si difficilement et si désespérément attendue.

Ainsi, le jardin de « l’écologue local» aura vu naître bien des plantes curieuses, bien des légumes divers, bien des fleurs sauvages et domestiques, mais il n'aura pas souvent nourri beaucoup de membres. Quoiqu'il en soit, on l’a vu, les choses sont d'abord là pour l'esthétique, ensuite si elles peuvent servir à table, c'est en plus. Dans ce sens, on est rarement déçu par la fonction (au début de cette histoire d'ailleurs, certains adeptes plantaient même des poireaux dans le secret espoir de les voir pousser à l'envers, c'est à dire les racines en haut et les feuilles dans la terre, d'autres voyaient déjà pousser des arbres en croix au milieu du jardin, d'autres encore, n'avaient jamais vu une vrai plante potagère de leur vie et leur extase n'en était que plus forte...)

Un "écolocal" sait par ailleurs, que tous les microorganismes utiles à la plante se trouvent toujours sur la partie superficielle du sol et que ces derniers se développent notamment autour de sa propre rhizosphère. Il ne commettra donc jamais l'erreur technique de pelle verser son morceau de jardin. Ce nouveau jardinier de l’espace favorisera plutôt une bonne aération de la terre et évitera en même temps de la martyriser avec un objet de type motorisé. Pour ne pas trop se courber, il évitera aussi une corvée de désherbage trop approfondie, en laissant un maximum de mauvaises herbes jouer leur rôle naturel de piège à ravageurs.

Au niveau des dynamiques biologiques, il aura vérifié que la présence d'escargots évite notamment la prolifération des limaces et son jardin deviendra ainsi l'asile du dernier vestige de toute une catégorie de gastéropodes en voie d'extinction. Ses associations de légumes seront dès lors la terreur de toutes sortes de hantises « jardinesques ». L'altise elle-même sera détruite par des pulvérisations de roténone naturelle et les purins d'orties serviront d'engrais et d'insecticides des plus efficaces.

Quoi qu'il en soit et comme nous l’avons vu plus haut, son jardin reste toujours à la merci d'un raid inopiné et définitif de la plus grande terreur des potagers après le doryphore (les toulousains apprécieront), je veux parler ici, de la chèvre commune baladeuse !

Mais ne dit-on pas qu'il faut ménager la chèvre et le choux et de fait, ne pourrait-on pas transformer un peu ce vieil adage en disant plutôt qu’il faut savoir protéger la chèvre tout en essayant de l'éloigner le plus possible du jardin ? Ce dicton toutefois, nous permet de réfléchir (de délirer) sur une situation qui dure depuis déjà bien trop longtemps à la campagne à savoir : celle de la relation quasi-incestueuse qu’entretiennent depuis la nuit des temps, la chèvre commune et le vulgaire chou.

Pourquoi me direz-vous, faudrait-il donc ménager à ce point, la chèvre et le chou ? Y aurait-il une antinomie secrète et un antagonisme sournois entre ces deux acteurs de la vie campagnarde ? Si on se penche de plus près sur le problème, on voit tout d'abord que le mot qui les qualifie tout deux, commence par le vocable « CH ». Aurait-on affaire à un ancien lapsus ? Pourtant une des deux fonctions est animale et l'autre végétale. L'interaction entre elles ne devrait donc pas être aussi caractérisée et à ce point marquée par l'empreinte de la sagesse ancestrale.

On pourrait aussi penser que le dicton, par extension, voudrait dire, qu'il faut savoir cultiver et protéger son jardin, en même temps qu'il faut accepter l'idée de faire attention à la chèvre d'une manière quasi-constante. Mais dans le fond, cela ne nous satisfait pas et nous ne pouvons que constater, que la chèvre est vraiment depuis toujours l'ennemi héréditaire du chou, mais que parallèlement, la survie de l'un ne se conçoit pas sans la présence de l'autre. Nous aurons beau alors prévoir tout un arsenal de clôtures et de barrières, des barrières plus sophistiquées les unes que les autres, la chèvre attrapera tous les torticolis du monde pour venir bouffer ce chou !

En poussant un peu plus loin notre recherche, nous nous apercevons que la même sagesse populaire fait naître les petits garçons dans les choux. Est-ce donc une remise en cause de l'homme par la chèvre que nous aurions à envisager ? La chèvre en définitive, devenant une mangeuse de futurs êtres humains ce qui affaiblirait ce faisant, cette race, si conquérante par ailleurs. Ou bien, la chèvre ne sachant rien de tout cela, serait inconsciemment le vecteur d'un danger mortel qui nous menacerait définitivement ? Le mystère reste entier.

Mais alors, pourquoi la ménager elle aussi à ce point ? Que représente-t-elle de si vital dans l'univers mythologique de l'Homme ? Essayons de décortiquer ce besoin.

Depuis l'époque médiévale, la chèvre et le bouc sont en occident, les animaux les plus haïs de la "création". Ce faisant, pour les manipulateurs de foi qui depuis trop longtemps nous entourent, ils sont peu à peu devenus les animaux les plus représentatifs du "Mal". L'histoire semble donc venir de loin... Dès lors, nous avons ici, deux choses très précises à observer: le « Mal » d'un coté et le « Bien » de l'autre, puisqu'il nous faut bien considérer la création dans sa fonction la plus pure, c'est à dire le bébé, comme le « Bien » (lors de ses premières crises de nerfs, on peut tout de même déjà en douter !).

A ce moment précis de l'enquête et après force cogitations, nous revenons à une réalité plus conventionnelle: le « Bien » d'un côté et le « Mal » de l'autre (de bush et sa dame qui est la chèvre de l'autre ?!). Mais la question que je vous pose alors, est la suivante : "Pourquoi faut-il savoir ménager le « Mal » de la même manière que le « Bien » ? Question essentielle dans la mesure où le « Mal » a toujours été pourchassé d'une manière qui semble t’il, n'a fait que s'élaborer au fil du temps.

Toutefois, ce dualisme binaire entre « Bien » et « Mal » a de grosses lacunes car ne devrait-on pas plutôt considérer en même temps, la notion de « Vie » et de « Mort » ou la raison de la présence sur terre de « l’Homme » et la « Femme » (cette ancienne chèvre de l'homme) ? Je vous le demande, car à ce niveau de réflexion, quel est celui qui a déjà répondu à cette question ?

En attendant votre réponse qui ne saurait tarder, poursuivons un peu plus loin notre analyse et essayons de démêler l'écheveau de nos fils d'Ariane.

A ce moment précis de l’histoire, nous avons devant nous :

La chèvre et le chou (une constatation)
Le mal et le bien (une dualité)
La mort et la vie (un principe)
L’homme et la femme (un facteur)
L'animal et le végétal (un complément)

Cela nous laisse une large plage de méditation que nous pouvons considérer dans son ensemble ou bien, d'une manière plus segmentée.

Voyons tout d'abord comment, un complément a besoin d'un facteur pour servir de principe à une dualité constatable (contestable ?).

A ce sujet, la première chose qu'on aurait tendance à se dire est la suivante: "voyez donc jusqu’où l'a mené la sagesse populaire ?". Toutefois, si nous considérons le tableau en tant que tel, peut-on d'un côté, définir le positif (côté droit) et de l'autre, le négatif (côté gauche). Peut-on se permettre d’aller jusque là ? Non ! Car si l'on prend le coté gauche qui serait le « Mal », on s'aperçoit, que deux des fonctions sur cinq sont féminines, ce qui perturbe l’analyse, et que de la même manière, trois des fonctions sur cinq dans le côté droit qui représenteraient le « Bien » sont ma(l)sculines ? Ça reperturbe le schéma et on se retrouve coincé de tous cotés.

Par la suite, si on considère le principe où la vie serait le chou (les petits garçons naissent bien dans les choux) et la chèvre, la mort pour ce même garçon, on ne peut que s'apercevoir que l'on a fait là aussi fausse route car les petites filles naissent dans les roses et il est reconnu que les chèvres adorent les pétales de roses et les feuilles de rosiers. Dans cette considération incertaine, la mort est tout de même supérieure à la vie.

Et cette situation chronique, nous amène tout droit à disserter sur "l'art d'être chevrier" car c'est à lui que revient en dernier lieu, la charge de résoudre cet épineux problème de cohabitation.

"L'art d'être chevrier" correspond à la gestion au quotidien, d'une vieille utopie marginale sans cesse renaissante et sans cesse réactualisée que, pour ne pas trop vous décevoir, nous appellerons ici « l'utopie du nihilisme positif » (dans la nature, l'instinct de vie s'oppose toujours à l'instinct de mort (mais pour nous, ce ne sont depuis longtemps que les deux facettes, d'une même illusion !)). Partant de là, les conceptions philosophiques les plus profondes de notre berger cévenol, peuvent alors s'assimiler à la vieille "arme du refus" et il recherchera en bon situationniste qu’il est ainsi que dans le "non-agir", un comportement adéquat aux vicissitudes de la vie courante.

Dans ce sens, sa position politique par exemple, équivaudra le plus souvent, à une neutralisation des rapports de force sociaux. Un désintéressement total guidera de plus tous ses actes et ses actions positives ou considérées comme telles ne seront, comme on l'a vu dans le prologue dès le début de ce livre, que la réponse appropriée à une situation précise, plus précisément de fait à une certaine défense de son état. Il ne faut d’ailleurs considérer cette réponse, que comme l'ultime réplique d'un individu face à la pression sociale du moment et nous ne nous demanderons pas pourquoi, car ce livre en est un exposé des plus précis.

A ce stade, l'individu concerné ne peut plus considérer les choses et les êtres, que comme une sorte de monde qui ne le concerne plus directement. Cela ne l'empêchera pas par ailleurs, de se revendiquer en tant que membre à part entière de ce même corps social mais cela doit le décharger d'un rôle quelconque ou d'une fonction précise. Sa démarche ayant servi en elle-même de réponse définitive aux contraintes de la vie de tous les jours, il ne se considérera jamais débiteur d'une quelconque redevance. De plus, son itinéraire passé représentant suffisamment d'énergie dépensée au service des autres, il aspirera dès lors à une sorte d'équilibre entre les différentes pressions sociétales ou individuelles. Dans ce sens, il passera souvent plus de temps à endiguer le flux de ces énormes courants qu’à s'impliquer vertueusement dans une relation excessive à un progressisme qui ne l'attire plus, ou dans une relation chimérique à une quelconque force de réaction qui tenterait de le récupérer. Le point le plus important de cette considération étant que le véritable chevrier, en refusant un réel statut social a refusé, de manière concomitante, la notion de pouvoir.

Le pouvoir propre en même temps que celui qui pourrait le contraindre. Nous trouverons d'ailleurs parfois assez admirables, toutes les excuses et même toutes les nuances qu'il a su élaborer dans le secret de son laboratoire psychique afin de s'en défaire définitivement. Une véritable « Ecole du détachement », quoi ! Nous lui saurons gré aussi, de toute la gentillesse qu'il a su inlassablement développer, afin d'éviter que des situations souvent débilitantes ne viennent troubler votre sommeil.

Son itinéraire correspond à l'application "de facto" de ses aspirations les plus profondes et comme une des aspirations les plus fondamentales de l'Homme est de se faire aimer avant que d'être haï, nous lui reconnaîtrons la vertu d'avoir réussi plus que tout autre, dans ces deux domaines. Cette vertu primordiale, réfléchissant tel un miroir facétieux sa véritable identité, continuera à être un paradoxe pour qui ne comprend pas la démarche. Loin d'être un inconvénient, ce paradoxe constituera en fait, le rempart le plus efficace à l'élaboration et à la défense de ses théories les plus secrètes.

De la même manière, nous lui trouverons une aptitude, disons-le, diabolique (transcendantale), à s'assimiler aux autres ou à se confondre à n'importe quelle situation de la vie courante. sa réponse étant là aussi, la réflexion de son habileté. Cette démarche adroite nous libérera ainsi petit à petit de certaines croyances, peurs, ou superstitions habituellement en cours, car d'après notre chevrier surréaliste : « l'amélioration de la vision intellectuelle de chacun, est tout d'abord liée, à une amélioration tangente (substantielle) d'un équilibre dans les rapports quotidiens entre l'Etre Physique et sa Nature Profonde ». Cette voie dynamique permettant, petit à petit à tout un chacun, d’explorer de manière méticuleuse, une approche des problèmes propres (locaux) ou généraux (globaux) différente selon qu’il se place à l’intérieur ou à l’extérieur d’un Système Social (SS) donné (Hé oui ! D'autres mondes sont vraiment possibles !).

Pour lui, le niveau intellectuel de chacun, développe un système de défense intime qui permet à un individu de "créer" ou de faire passer les idées qu'il a élaboré intellectuellement dans son petit laboratoire psychique et ceci, d'une manière appropriée à son propre environnement dynamique et certainement pas de faire le contraire, c'est à dire de passer sa vie à créer des barrières afin de pouvoir vivre derrière des idées !

Cependant, malgré toute ces formes d’ambiguïtés, nous lui reconnaîtrons dans certaines occasions, la possibilité de transcender son état de manière univoque, c'est à dire un certain déterminisme créateur de réel et, tout au long de ces journées passées à défricher le sens de notre terre, une ferveur unique à dépasser le temps.
Ecrire, rectifier, donner son avis