logo  Bonjour ! Vous êtes sur le site des nouvelles formes de pensée et d'écriture.


       Les objectifs        Le tapuscrit        Les hyperliens       Les corrections       Le Blog        Les enjeux

  Que faisiez-vous pendant ce temps ?

Chapitre V
CHAPITRE V



De quelle manière considérer l’espace ? Espace vide ou vidé de sens, Univers clos, limité par des friches. Univers relié par des tas de chemins au reste du monde
  

Mais faisons le point et avant de déclencher les premiers tirs de barrage, examinons d’une manière plus approfondie notre situation. Nous habitons en vagabonds, une concession dans un petit paradis perdu et ceci, dans une contrée des plus reculée de notre bonne vieille Terre. Mais cet éden est morcelé, c’est une proie qui a auparavant été dépecée, par un peuple de loups errants fuyant la servitude (ancien os).
Depuis lors, il appartient respectivement à plusieurs individus ou groupes d’individus.

Par ordre de voisinage et aussi par extension, nous citerons dans l’ordre, du physique au virtuel, les gens se considérant comme les propriétaires imaginaires du paradis terrestre, là où l’on a cru avoir nous même, le droit d’explorer nos futures erreurs, d’expérimenter nos fautes.

N’oublions pas aussi, que nous sommes à l’intérieur d’un Système de production donné, représentatif de forces en présence qui sont à la poursuite de nouveaux désespoirs et qui cherchent sans cesse à donner un sens au chaos qui les entoure. N’oublions pas non plus que de notre coté, nous espérons devenir un jour, les futurs maîtres du temps...

Près de chez nous vivait une angoissante multitude. Près de chez nous vivait le souvenir des autres, ces icônes accrochées aux pentes du hasard, aux murs des indifférences multipolaires. Mais partout est ailleurs et ici nous étions cernés par d’anciens légataires et d'anciens légionnaires, ébranlant notre foi :

Anciens propriétaires, aux m½urs espérantistes, sacrifiant leur passé à créer l'avenir. Anciens compagnons d’âme, revisitant sans fin le décret des servitudes, remisant à jamais du haut de leurs lectures, tout sentiment d’envie, tout désir d’être aimé. Reliques de nos c½urs, assoiffés d’inconnu.

Anciens agriculteurs, qui nous faisaient l’aumône, d’un arpent de tendresse et de compréhension, lorsque les soirs sans lune nous allions nous cacher, loin des feux de la ville, entre leurs souvenirs aux rares certitudes.

Anciens passagers de ce hameau discret, prêt à nous massacrer d’un élan de terreur, transplantant des sapins là où poussait de l’herbe, là où vaquait l’aïeule, là où pissaient les chèvres. Cherchant désespérément à comprendre le non-sens de notre lieu (le non-lieu de nos sens). Cherchant aussi à comprendre leur propre oubli, dans des spéculations stériles autour de leur départ. Vaines complaisances intimes, endormies à la lisière de leurs friches intellectuelles et réveillées en sursaut par l’arrivée d’éléphants roses.

Anciens épouvantails, armés de croix divines, porteurs de fois taries. Samaritains détournant toute l’eau à leur profit, afin de bénir sans arrêt leurs propres vies de damnés. Priant l’apocalypse avec des arguments sortis du précipice d’une santé mentale douteuse. Promulguant le décret de croyances imbéciles, par d’indignes versets à la portée des singes. S’appropriant l’espace au nom d’un dieu impie, sacrifiant leurs enfants aux rites d’un autre âge, quand d’anciennes ténèbres masquaient encore les Lumières.

Anciens chasseurs/cueilleurs, enivrés d’amertume d’avoir à se servir de pétoires si douces, alors que les fusils-mitrailleurs et les lance-roquettes les attendent en lieu sûr. Analphabètes de la vie sauvage, regrettant les instants où l’on chassait pour vivre et nourrir les enfants. Saupoudreurs de mitraille au c½ur des instincts de survie.

Anciens forestiers et garde forestiers, déserteurs d’Orénoques et de Saharas occidentaux, vaincus par l'eau de là, occupés à planter des sapins à l’aide de la guerre, colonisant nos plus beaux paysages, nos plus beaux points de vue, fignolant le travail jusqu'à laisser se pendre les derniers paysans, ces polisseurs de prairies, qui du soir au matin entretenaient les pentes, et s’occupaient à mâter les rejets de leurs arbres, afin que les lapins se patinent les dents.

Anciens habitants de ces contrées exsangues, se plongeant dans l’extase d’un folklore devenu fratricide, souhaitant le départ des derniers combattants pour pouvoir vivre ivre. Refoulant par là même l’arrivée des nouveaux pionniers de l’impossible, ce non-sens historique, cette fuite du temps aux basques du bonheur. Ayant pour tout désir de vider l’horizon, de toute une série d’actes de déraison, d’éparpiller ce sable sur l’autel de l’oubli, afin que personne ne sache ce qu’ils avaient acquis (et surtout, comment ils l’avaient acquis !).

Anciens des commandos, reprenant du service, pour faire naviguer leurs boussoles débiles, attirés par le vide des horizons anciens. Parachutant des armes, sur les sentiers déserts, pour que les fantassins envahissent une dernière fois nos cours et nos jardins. Contents d’être vainqueurs, faute de ne pouvoir satisfaire autrement leurs idées de débauche qu’à l’ombre de petits soldats de plomb.

Anciens hommes d’Etat nécrophages, attendant les avis de décès, pour pouvoir se servir, récupérer les terres insoumises de leurs prédécesseurs, collaborer à la gestion du désert qui s’annonce dans l’amoncellement des friches. Nouvelles terres vierges pour les élevages d’escargots arpentant les labyrinthes de l’administration.

Anciens américains bardés d’insignes, calculant avec les représentants des barrières divines, de nouvelles frontières. Poseurs infatigables de jalons (et de mines) le long de nos vallons. Intrigant nuit et jour avec l’aide du diable. Envahissant l’éther d’ondes mirobolantes, pour convaincre le temps de leur donner raison.

Anciens russes ayant perdu leur candeur à la lueur de l’Histoire récente, prêchant des prophéties dignes de figurer au fronton de l’oubli. Mais évitant les pièges, assiégeant nos frontières d’idéaux incompris, entretenant le doute sur ce qui les poussaient à voler à notre aide.

Anciens extra-terrestres, profitant de nos faiblesses pour envahir les lieux... Car quelque part dans l'espace, il y a sûrement quelqu'un qui ailleurs attend pour nous coloniser et dans le fond, nous le méritons bien. Imaginez la déraison de paraître moins fort que d'autres, de passer pour des espagnols perdant leurs guerres contre de nouveaux mayas venus du fond des temps.

Voilà ! Ca fait beaucoup d’anciens pour un néophyte cartésien et une fois posés les personnages et que le décor est en place, nous pouvons deviner ce qui va fatalement se passer au sein de cet espace clos plein de ressentiments.

Dès lors, sur cette terre, nous nous sommes battus contre vents et marées, passant la plupart de notre temps à décoiffer la bise, à décroisser la lune, anticipant toujours les pelures d’oignons. A nous frotter les yeux, au fond de l’hébétude, au fond de l’habitude, pour vaincre les ornières, pour changer de tanière.

Peuples de non-croyants, compagnons d’infortune, passagers de l’envie, passagers de l’ennui, vous nous faites chier avec vos certitudes ! Monde de petits princes déchus, nurseries de cocus, les nouveaux assassins arrivent de l’espace !

Ici, nous dirons tout ce qui est insondable, même les fruits amers de nos luttes banales. Au fond de ce secret charmant, à l’aune de nos peines, dans ce vil horizon, dans l’expérience du non-dit, dans l’intériorisation du non-accompli, nous vous ferons l'aumône de nos sens. Dans ce désert glacé d’expressions assassines, comme un indélébile émoi de nos c½urs silencieux, nous planterons nos tentes. Echelles de rêveurs, aux barreaux de fortune. Accession aux états infestés d’avenir lorsque les va-nu-pieds nous comblaient encore de bonheur. Cercle de nos ennuis. Porte des espérances, aux habits d’insouciance déchirés, ouvrant vers des ailleurs pourris. Pestiférant l’espace au nom de l’impuissance, nous instruirons vos c½urs.

Dans ce raz-de-marée organisant la vie, d’un souci vigilant du réel, nous rêverons le monde. Accrochés à l’avis de nos sens incomplets, dans une volonté vague de déclencher la mort au péril du néant, nous creuserons nos tombes, anoblissant ainsi le geste refoulé du hasard par d’incalculables v½ux pieux. Et ainsi, attentifs au chenal de nos pensées volages canalisant l’oubli, nous gravirons les pentes.

Effluves du néant. Mornes déserts de brumes. Fourreaux sombres d’épées. Chimères d’inconnus. Au loin la route est large, vagabonde, incertaine, dans des flux de hasard, colonisant l’ennui. Chemins assimilés à des hordes sauvages, lorsque les cavaliers arrivaient en retard et prenaient l’assistance à témoin pour mieux nous fusiller.

Longues marches hagardes rivées à l’essentiel, détruisant nos regrets, anéantissant ainsi les signes d’un passé imparfait ou d’un plus-que-parfait. Passants de nulle part, entretenant les gerbes de nos combats perdus. Tempêtes des non-sens. Orages d’Interdits. Luminescents éclairs. Caveaux de nos désirs. Incertitude noire. Galères du bonheur. Epicentre des marges. Nous volerons vers vous.

Lointains azurs bleutés, salis par des torrents d’asphalte, s’évanouissant dans l’excès de vos rives, au son des magnolias et des palétuviers. Brassage des idées. Migration des torrents. Archétype du mal, s’évertuant à faire ce que l’on n’ose pas, ces soucis du détail, soucis d’inconsistance. Gardiens des matins rouges. Déraison du miroir obstruant notre vue (notre champ de vision). Emblèmes d’au-delà ritualisant l’espace de vains efforts déçus par la charge insipide de nos regards ténus. Tempêtes d’incendies, peut-on tout se permettre ?

Au loin les barges filent vers une ocre indécente, faites d’amers remords revendiqués sans cesse, par les couches internes de nos cerveaux plombés. Quand l’innocence veille à ce que nous gouttions de plus inachevé : l’esthétique profonde de nos refoulements. Fruits de nos couilles molles, parsemées d’odorat, colorées de nectars. Cuisses évanescentes. Puits de notre amertume. Courage de nos pieux dégoulinants d’urine, le long des déserts épineux et des seins de velours, maculés d’inconstances. Amour de vos séquelles. Firmament de nos peurs. Couillonnades aux seins durs. Lutropine féconde. Saint Augustin des nonnes.

Je traquerai vos souvenirs jusqu'à la fin des mondes, comme un boisseau d’idées à mettre en mon fenil
Ecrire, rectifier, donner son avis