Et ce rêve lascif, imbibé de pollen, excitait une forme d’apesanteur,
qui soulevait en nous le voile d'un cheminement secret et vagabond, un
cheminement distancié qui parfois permettait de nous déplacer hors des
impasses, sur le sentier des souvenirs d’enfance. Nous nous retrouvions
dès lors, un pétard à la main, en train de rêvasser pendant de longues
heures au sein de cet espace rural en voie de perdition, un espace que
nous tentions de redécouvrir peu à peu. Dans ces endroits discrets, où
là, tel un éclair, le rayon d’un regard se perd inconsciemment entre le
ru et la futaie; là, où l’eau rejaillit soudainement de pierre en
pierre en petites cascades avec un murmure si inconnu qu’il en étonne
nos oreilles; là, où l’herbe illumine l’immensité d’un vert quasi
permanent et projette sur l’écran du printemps l’image d’un champ
piqueté de fleurs multicolores.
Dans ces derniers milieux néolithiques où les
bosquets forment encore d’énormes bouquets pleins de chants; là où les
nids d’oiseaux, tissés avec une herbe toute fine, cachent
perpétuellement de tièdes petits ½ufs; là où les allées de mousse
humide s’aventurent discrètes à travers les avant-monts; là où antan,
vivaient péniblement nos aïeux les bergers. Là où nous avions passé
avec eux, une partie de notre douce enfance.
Mais, dans ces décors primitifs, les quelques pasteurs qui à notre
arrivée soudaine y survivaient alors encore vaillamment, n’avaient
presque plus rien à dire sur ces lieux oubliés. Face à la présence
parfois incongrue de quelques folkloriques visiteurs citadins qui avec
nous, leurs rendaient de temps en temps visite afin de les distraire,
ils pensaient en eux-mêmes que désormais les aspirations les plus
sincères qui autrefois les habitaient, étaient maintenant devenues
indicibles. Dès lors, cet état mental de plus en plus introverti, ne
les incitait plus à trouver beaucoup d’attrait pour le dialogue. Isolés
dans leurs masures sombres, ils songeaient longuement aux nombreux
voyageurs qui ailleurs dans les villes, suivaient aujourd’hui les
chemins de la modernité. Pourtant, eux seuls savaient dans leur
intimité de bergers solitaires que malgré le tumulte des ruelles
surpeuplées, ces chemins allaient au bout du compte, rester pour tous
désespérément vides et silencieux. Eux seuls savaient également que
parfois dans la vie, une seule parole permet de tout changer. Mais leur
ancienneté sur terre leur rappelait continuellement, tout ce qui
s’était passé avant eux, bien des siècles avant que leur propre
histoire ne s’impose aux autres. Leur raison leur rappelait
indéfiniment, ce qui s’était passé autrefois, aux aubes de cette
humanité de bergers aux parcours parallèles. Et plus ils se souvenaient
de ces efforts déçus, plus ils avaient tendance maintenant à les taire.
Tout allait désormais dansant et vacillant dans leur tête confuse: les
guerres de mille ans, les colonisations sanglantes, les crimes
passionnels, les baisers émouvants, les mains tendues presque toutes en
même temps pour repousser le sort, le froid de leur lourde carcasse,
leur mauvaise santé, enfin, toutes ces choses compliquées qui
encouragent depuis toujours les êtres à faire une rencontre, à vivre en
société. Tout ce qui les a incité en même temps, à s’échapper
continuellement de cet incroyable cauchemar de solitude qu’était pour
eux le désert du rural.
Malgré l'éloignement et le mauvais état des chemins qui menaient antan
à leur gîte précaire, nous étions déjà allés les voir auparavant au
cours de notre enfance. Nous y étions allés particulièrement afin de
partager avec eux la tomme fraîche, afin de comprendre aussi un peu, le
sens de leur histoire. Loin de tous, les bergers d’autrefois vivaient
là des étés de peur et de silence, changeant de place, tous les deux
jours, le parc des animaux domestiques : ici, un carré pour traire un
peu les mères allaitantes, là un autre pour les complémenter en
fourrage ou en sel, plus loin enfin, un coin pour les petits et chaque
claie de bois humide qu’ils transportaient inlassablement d’un endroit
à un autre, semblaient peser plus d'une tonne pour leurs reins
douloureux.
Toutefois, en dehors de l’effort consenti, il fallait simplement voir
dans cette forme de transhumance, dans cette vaine pâture quotidienne
de plateaux désertiques et ventés, une forme d’errance qui à sa façon,
organisait l’espace à fertiliser, lui rendant par la même occasion,
sous forme de galettes de bouse, quelques maigres offrandes en guise de
remerciements.
Les nuits de tempête, quand le ciel et la terre s’illuminaient
d’éclairs et quand les formes tourmentées des arbres inventaient au
dehors, d’orgueilleux et fugitifs fantômes, ils tressaillaient ensemble
sur leurs étroits matelas de paille et à chaque déchirement,
acceptaient d’être foudroyés. Puis, après ce naufrage, après cette
déroute, c’étaient encore dix jours de crachin et de brouillard qu’il
leur fallait patiemment supporter.
Pendant ce temps, ailleurs, l’aïeule restait seule à la maison,
acceptant cette façon de vivre, une façon de vivre qui là aussi
organisait l’espace. Un peu en contrebas, dans la vallée silencieuse,
elle s'occupait du jardin comme on creuse une tombe, attendant
inquiète, le retour de son homme. Les enfants étaient là eux aussi
auprès d’elle, qui jouaient ou l’aidaient à planter les légumes. Puis
suivant la saison, ils allaient cueillir les framboises, les groseilles
ou les mûres pour faire l’exquise confiture des goûters d’autrefois.
Ils allaient jouer avec les fleurs et les oiseaux, les nuages et les
ruisseaux, imprégnant définitivement leurs cerveaux d’une ribambelle
d’abstractions.
Le rêve de l’enfance est sacré, qui oserait continuer à le détruire ?
(...)
Cependant, aujourd’hui, dans ces lieux isolés, près des fermes
désertes, dans ce milieu rural peu à peu oublié, tout redevient
finalement paisible car les derniers bergers qui occupaient
anciennement la place sont en train d'y mourir lentement, ayant
maintenant épuisé le temps cosmique qui leur était imparti.
Et les rêves lascifs de nos émois d’enfance, se transforment dès lors
en cauchemars terribles. A présent, on sait que tout cela est perdu,
perdu à jamais dans les aubes blanches et froides de nos souvenirs en
voie de congélation urbaine. Toutefois, dans les léthargiques frimas
citadins, les nouveaux soleils qui cherchent désormais à tout inonder
d’une lumière contemporaine, ont encore beaucoup de mal à percer
l’édredon de ces brumes anciennes. Car ailleurs, en ces derniers matins
frileux, sur les pelouses vertes, la rosée nous fait toujours toussoter
en signe d’allégeance à ce qui nous entoure. Le coq chante au loin une
dernière fois et tout s’éveille ici comme autrefois, dans un ordre
exemplaire. Fantômes chéris, libérateurs d’oiseaux de paradis.
Inoffensifs et lointains souvenirs, tamisés à l’aune de nos faibles
moyens à générer un futur vraiment digne de ce nom. Mais un futur qui
va rester par essence incontrôlable, insoupçonnable, imprévisible et le
plus souvent trivial car dans le creuset des utopies possibles, des
mondes imaginaires disloqués vont maintenant se heurter un peu partout
à très grande vitesse, cherchant eux-mêmes leurs propres réalités
subjectives ; Programmant leur inaptitude à rêver le monde du futur à
partir du monde ancien et le condamnant par là à s’accomplir dans
l’abstraction de ce qu’il fût ; Un monde sans mémoire, un monde tel
qu’on le trouvera désormais à la naissance : ce à quoi on devra
s’adapter, lentement, après quelques états d’âme... et quelques
hésitations.
Les songes autour du monde des bergers disparus, laissent alors la
place à un cadre étrange. Les songes peuvent être eux, sans murs ou
sans frontières, par contre la vision d’un plan cadastral nous montre
maintenant de manière palpable, ce qui se devinait déjà de manière
confuse sur les trottoirs urbains, le long des terrasses bigarrées.
L’espace rural, cette ancienne mosaïque de cultures locales, cernée de
toutes parts de barrières muettes ou criardes, a perdu la partie. Cet
espace irrigué de tout temps de chemins desservant l’égoïsme des uns ou
la communication des autres, n’est plus peuplé aujourd’hui que de
quelques croyants attardés, côtoyant encore au jour le jour, les
précipices
d’obscurantisme ou les montagnes d’espoir qui bercèrent jadis la vie de
leurs ancêtres. Ce lieu étrange et besogneux, qui, en d’autres temps,
fût parcouru de sentiers secrets enlacés de serments et qui fût habité
ça et là de milliers de cachettes décourageant sans cesse les voyeurs,
s’est rendu inutile. Cette enclave du temps, toujours ensorcelée par
quelques rares sources enchanteresses de soldats ou geôlières de saules
pleureurs, ce site millénaire autrefois magnifié est devenu désormais
une peau de chagrin. Cet ancien univers de chiens errants et de brebis
galeuses, est pourtant parfois encore rempli du son lancinant des
derniers tocsins égrainés pour raconter ça et là, une idée de la mort,
ou une idée de la vie, ces pâles reflets de l’occultisme.
Reflets furtifs et dérisoires des
passerelles et des digues qui nous
habitent tous.
Reflets diffus des lointaines compagnies ésotériques polychromes,
enrubannés de chatoyantes teintes émeraudes et irisés de miroitements
mauves, qui tentent sans cesse en nous d’éloigner toute forme de
raison.
Reflets magiques des tendres et éphémères ardeurs crépusculaires
océanes.
Reflets secrets et parfois tabous des insondables mélancolies
vagabondes saisies au hasard de nos pas, près de flamboyants couchers
de soleil et qui depuis nous hantent vainement les soirs de spleen.
Reflets insaisissables de la vie du cosmos, intensément recouverts
d’une douceur acolyte sans but qui au loin des certitudes sociales et
morales, captent malgré nous, l’indigente langueur de cerveaux devenus
entre-temps définitivement bornés ; Des cerveaux depuis bien trop
longtemps déjà, mutilés par des cloisons nasales ou frontales, des
cloisons osseuses qui empêchent dès lors toute osmose incidente envers
ce qui nous fait, envers ce qui nous crée, envers ce qui nous manque.
Cette relation réduite aux autres mondes du possible, accroît peu à peu
en nous les sombres pressentiments autour de ce qui devait fatalement
s’accomplir et lève finalement le voile sur une matérialisation
infernale des croyances. Oui, nous vivons désormais au c½ur d’un
insipide enfer terrestre qui n’est plus aujourd’hui administré que par
de fades regrets. Un enfer des sens, où se libèrent ici et maintenant,
d’obscurs et effrénés désirs de possession matérialiste. Des désirs
comme continuellement téléguidés par les rêves d’une toute-puissance
éternellement inassouvie. Une totipotence maintenant génétique qui
détruit dorénavant toute possibilité d’avenir, toute possibilité
d’introspection ou de critique fixe.
- Soumission à cet ordre -
Sauvagerie dantesque - Pleurs d’écritures –
Et le souvenir
intransigeant autour d’une jeunesse perdue mais émaillée de charmes,
déroule sans cesse en nous le fil de cet exode ancestral, l’écoulement
éternel de cette lente fuite de secondes devenues maintenant folles
d’exactitude. Incroyable timing vers de nouveaux états. Mort programmée
des autres. Amer constat de colonisation des esprits voyageurs.
Controverse fatale. Chemins de l’épreuve civilisée des zombis du
modernisme.
.............................................................
Le chilom rempli à nouveau de parfums exotiques, nous permet de passer
lentement en revue les autres étapes de la vie du rêveur. Il nous aide
à nous retrouver un peu plus tard avec lui au sein de la cité, au loin
déjà du songe de cette enfance rurale libérée. Un peu plus tard mais
désormais à l’intérieur d’une nouvelle forme d’imaginaire débridé,
quand un jeune indien sans plumes essaie désespérément de remplacer en
lui le berger qui régresse, quand il se retrouve réellement seul dans
la ville et livré à lui-même y cherchant là, en compagnie des autres
déplumés, quelques raisons décisives d’y vivre.
A peine arrivé dans ces lieux survoltés, le farouche mutant y reconnaît
aussitôt la jeune esclave qui sans détour l’attire, afin de l'amarrer
au reste des perdants. Réfléchissant aux miroirs qui aveuglent nos
sens, ne croyant plus à la magie, pas plus qu'à la démarche étrange de
la fille pour les faire participer tous deux à une séance de spiritisme
collective, il ira tout de même avec elle, comme poussé par une
curiosité malsaine et presque maladive. Se joignant sans ambages aux
multiples ados qui piaffent d’impatience au bas de la tribune, ils se
mettront alors à écouter ensemble un homme grisonnant venu pour les
calmer un peu, leur parler des fantômes et des morts qui fréquentaient
avant eux, l’histoire de ces lieux éloignés maintenant désertés.
Comme on l’a vu plus haut, l’Enfant qui nous habite (ou plutôt le jeune
indien qui a grandi en lui) est hanté depuis toujours par ces temps
révolus et déjà son horizon se peuple de tous les ectoplasmes qui y ont
séjourné. Mais avant de partir à son tour les rejoindre, il tient à
faire connaître aux autres sa vérité muette, à dire à tous que malgré
son origine (sa jeunesse), il a lui aussi maintes et maintes fois
côtoyé les dangers qui nous guettent, à répéter sans fin que ce qu'il
pleurait vraiment au fond de sa demeure (de sa mémoire), c'était tout
simplement la vie de son grand-père, le départ des aïeux, la fuite des
absents...
Pour mieux l’amadouer, le tribun étonné par ces propos amers, feint
alors de l’accompagner un peu dans son ancien délire, mais pour rester
crédible aux yeux de son jeune public courroucé, il cherche à lui
montrer aussi où se trouvent aujourd’hui les angoisses réelles, sur le
divan des rois, loin des minorités. Pourtant au-delà de son discours
solennel on ne voit déjà plus rien se profiler à l’horizon, car sans
que personne n’y prenne vraiment garde, le temps a lentement basculé et
tout a disparu.
Le guerrier juvénile troublé par ces fades mensonges sans valeur
esthétique, se rebelle et dit aux spectateurs qui l’entourent que lui
va leur montrer enfin le vrai visage du peuple des vaincus. Défonçant
la lourde porte derrière laquelle se trouvent les fantômes, il y jette
aussitôt sa veste brodée de signes multicolores, la retenant simplement
par une manche. La mort s’y agrippe aussitôt, une mort victorieuse, une
mort avide de victoires. Il leur demande alors en douce, de bien
observer comment cette dernière s’y prend pour berner les humain,
comment elle tire à elle ce à quoi elle tient vraiment le plus : la
jeunesse des hommes. Car la mort est une sorte de caméléon aux couleurs
indécentes. C'est un astre puissant qui est capable de se cacher
derrière des visions historiques définitives; des visions de déserts
magnifiques, des visions de paysages incroyablement beaux, peuplés
d’Incas souriants aux nuages et d’Aztèques guidant parfois nos pas à
travers le « Popol Vuh » des Mayas.
Au terme de ces facéties morbides, lorsqu’aux confins des abois
citadins, aux frontières d’un nouveau monde barbare, l’apprenti soldat
désirera vraiment parler avec l’Inca tant recherché, lorsqu’il voudra
réellement, pour des raisons esthétiques, que ce dernier lui explique
le véritable monde des esprits, cela se fera un jour d’hiver sur les
versants rocailleux de la Cordillère des Andes, là où l’inclinaison des
pentes verglacées est si forte qu’on a du mal à s’y tenir en équilibre.
Près de lui, sur les plaques neigeuses, se trouve avec l’Inca, le
groupe des Indiens, qui eux, telles d’agiles vigognes habituées aux
cimes, se déplacent avec une rapidité naturelle admirable. Se moquant
de lui, ils lui disent tous que ce n’est qu’un manque d’entraînement,
que bientôt lui aussi, arrivera à se déplacer avec la même aisance que
celle qui depuis toujours, leur procure la coca.
Après avoir appris lentement avec eux, après de longs mois d’exercices
en commun, il se retrouvera enfin, dans un rêve sublime, en compagnie
magique de l’Inca sur le sommet d’un « Apuh ». Ils y sont seuls
maintenant, peut être s’y sont-ils isolés. Dans ce cadre grandiose, ils
se mettent tout à coup à pleurer d’une manière incontrôlable,
comprenant soudain leur désespoir mutuel et leur incapacité à faire
quoi que ce soit contre l’Oppression quotidienne, comprenant aussi leur
détresse réciproque. Ils s’approchent un de l’autre et faisant toucher
leurs visages baignés de larmes, ils en mélangent les flots amers,
sachant que de cette manière, ils sont définitivement devenus frères de
larmes et ceci, avec la même force et le même symbolisme que s’ils
avaient un jour mêlé leur sang.
Suite à ces longs spasmes, suite à ce désespoir terrible, ils se
découvrent en terrain conquis, cernés de tous cotés par des chars de
combat et par des militaires qui les obligent à fuir rapidement le rôle
imaginaire qu’ils avaient préparé. Ils se séparent là, au détour fugace
de l’ennui, pour éviter de rester dans la mire de l’ennemi, à
contempler leur propre mort.
Plus tard enfin, comme guidés par le hasard de ses pas, nous
récupèrerons une dernière fois en vie, l’enfant que nous étions (celui
que nous aimions), errant sans but, dans les ruelles sombres d’une cité
obscure. Il est seul désormais, dans le dédale étroit des rues désertes
et noires, à fuir vainement sa nouvelle vie d’adulte qui arrive au
galop, essayant d’éviter aussi, les pièges qu’on lui tend. Toutefois,
la facilité déconcertante avec laquelle il se déplace maintenant et
change de contexte l’ébahit : dans les bras de la mort, en compagnie
des esprits incas, l’adolescent révolté qui rêvait aux indiens, a
appris à voler le temps.
Le voyage qui va suivre commence bien là, au détour de ces peurs (de
ces pleurs), dans l’antichambre de la mort (de l'Histoire). Bien des
années plus tard, quand ce héros mythique reviendra parmi nous, enfin
guéri de ses vaines errances, il racontera tout à sa nouvelle compagne
citadine. Mais ce n’est pas encore vraiment cette dernière qui l'attend
définitivement le long des barbelés de la communication et ce songe
perdu ne retrace en fait qu'une vie déjà vécue mais non imaginée. Il y
manque le sortilège. Et de ce sortilège naîtra enfin la confession.
Car le sortilège est un tout qui lie la fleur à l’abeille, ou à
l’observateur, un observateur lui même le plus souvent prisonnier du
rêve de sa vie.
Suite à cette première ébauche de fuite, suite à tous ces voyages non
dominés, avec lui nous rentrerons un jour irrémédiablement au port et
dans les rues basses bordant la mer, chacun y retrouvera comme toujours
une fille, mère de famille, amère et déçue par la compagnie de ses
enfants et de ses amis.