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  Que faisiez-vous pendant ce temps ?

Epilogue EPILOGUE SITUATIONISTE
EN DIRECTION DES JEUNES GÉNÉRATIONS




Une nouvelle école de survie: « le Sauvagisme »
  

L'écologie est un état d'esprit inspiré, né de l'observation des phénomènes biologiques et de leur pouvoir à former des Systèmes interconnectés viables et reproductibles. C'est une nouvelle voie de développement humain qui mettra au pas les pourfendeurs d'espaces, ces muletiers de l'ennui, en faisant prendre conscience à chacun, du simple fait qu'elle ne milite que pour le bien-être commun (le bien-être intellectuel en l’occurrence). Et si vous pensez le contraire c’est que vous n’avez pas encore été touché par la grâce des écosystèmes.

Dans ce sens, les observations issues de cette attente pourront servir soit à réguler les vices et les excès des bagnards d'aujourd'hui, soit à reproduire à des fins usuelles, le fonctionnement des systèmes observés et ce, à condition de ne pas en détourner la vocation à des fins partisanes...

Mais, comme prévu dans ce bas monde, il y a beaucoup plus de vices que de vertu. Par exemple, on voit bien que chez vous, dans ces villes sursaturées de "Moi", il y a quelque chose qui cloche, mais on ne sait pas quoi. De quoi donc as-tu si peur mon ami ? De t'ennuyer loin des cités modernes ? Viens donc ici chez nous, il y a de l'animation ! Surtout depuis que l'on cherche à nous imposer la loi triomphante du marché.

Mais avant d'intégrer notre combat (cette lutte sans merci contre les prédateurs), voici une lettre d'introduction auprès des responsables des principales associations de défense de l'environnement du PNRHL, une lettre qui facilitera peut-être ton arrivée soudaine en ces lieux d’exaltation cérébrale. Ces associations se sont créées entre autres, face à la hargne de certains élus et de certains gastéropodes, à vouloir nous faire accepter des installations classées pour le danger environnemental qu'elles représentent. Ils cherchent en ce moment précis, au sein de ce périmètre naturel reconnu de tous, sauf de ces salopards qui peuplent nos fonctions, à nous imposer notamment, un CSDU (Centre de Stockage de Déchets Ultimes). Quelle pourriture de l’esprit !

Cependant un bémol, car suite aux explosions sociales régulières qui ont lieu çà et là pour des raisons diverses, nous allons voir débarquer ici en même temps que nos futurs adeptes, tout un tas de personnes qui n'auront rien compris au fonctionnement de l'Histoire: « les dilettantes de l'Ecologie ». Ces personnes-là vont divaguer sans fin sur les pistes que nous aurons auparavant tracées, tout en se retrouvant orphelins de leur ancien modèle. Elles seront donc, complètement désorientées. Dans cette future ode à la nature qui transportera les individus vers on ne sait quelle autre réalité historique, risquent de s'engouffrer dès lors, bien des incertitudes. C'est pour cela, qu'en t'envoyant cette lettre, je cherche avant tout à faire une mise au point pratique afin de t’expliquer les dangers réels que comporte une telle aventure.

"Cher(e) ami(e),

Tout d'abord, je tiens à te dire que de retour du dernier grand « peewo », qui a eu lieu cet été sur le Larzac, je suis, vu l'affluence, suffisamment regonflé pour pouvoir répondre à n’importe quel type d’apport contradictoire concernant le travail d'analyse que j'ai réalisé tout au long ce livre.

Face au pouvoir des décideurs dont tu pourrais croire par exemple qu'il m'impressionne ou qu'il me fait encore peur, je te répondrai qu'il y a belle lurette que pour moi la question de la peur ne se pose plus en ces termes.

Mais à bien y réfléchir, devant ta vindicte ou ton possible émoi, oui j'ai qu'en même bien peur de quelque chose. J'ai peur de savoir à partir de quand et dans quelles circonstances, l’arrivée incessante de nouveaux membres non initiés à la clairvoyance écologique, fera imploser notre structuration associative balbutiante.

Le travail que je te propose est donc avant tout, un nécessaire travail de déminage de ce psychodrame annoncé:

- Comme si au delà des refoulements de chacun et de la vindicte populaire, il n'y avait pas de stratégies individuelles.
- Comme si l'on pouvait intégrer une démarche sans réfléchir à ce qui est en jeu.
- Comme si la manipulation n'existait pas ici comme ailleurs et ceci, même de manière inconsciente.
- Comme si nous avions tous les mêmes représentations de la vie et les mêmes histoires à décrire.
- Comme si à l'intérieur de ce cadre, les choses étaient si simples.

Ainsi, ce n'est pas à moi que ta juvénile contradiction s'adresse, mais bien à toute personne qui n’aura pas pris le temps, comme je l’ai fais auparavant moi-même, de se demander à quel moment le dérapage logique lié à l'intégration de nouveaux venus, va avoir lieu. La seule chose dont je puisse me satisfaire vraiment à cette heure, est que cette analyse te fasse poser ce genre de questions. C'est là son seul objectif, ce livre est fait pour ça.

Pour moi, avec les problèmes environnementaux qui nous occupent (CSDU, OGM, réchauffement climatique, etc.) par exemple, il faut avant tout rester dans l'idée que nous gérons en même temps, un lourd processus de revendications diffuses incontrôlé (et peut-être même incontrôlable ?).

Si on reprend ce que qui est écrit tout au long de ces lignes, il n'est dit nulle part qu'il ne faut pas s'attaquer publiquement aux élus les plus malfaisants. Je dis qu'il ne faut pas s'attaquer qu'à eux et à ce titre, je propose plutôt de les fragiliser en leur enlevant leurs appuis locaux par l’organisation par exemple, d’un soutien extérieur massif. Je ne dis pas qu'il ne faut rien faire ou se satisfaire d'une analyse, je dis qu'il faut construire une stratégie commune et concertée. Cela ne se fait pas en quelques mois de lutte. Nous ne sommes pas les clones de parfaits révolutionnaires sachant par avance ce qui va fonctionner ou non dans cette nouvelle forme de lutte finale. Nous sommes beaucoup plus simplement, des individus à la recherche de causes communes et ce, afin de construire pour demain une réalité différente et mieux adaptée au cadre de nos trop nombreuses utopies.

Donc, restons Zen et observons plutôt le jeu des acteurs locaux. Qui sommes-nous ? Que cherchons-nous ? Que cherchent par exemple les personnes qui tentent de radicaliser les mouvements sociaux auprès des responsables associatifs ? Mystère ! Ont-ils une réelle stratégie à mettre en ½uvre ? Nous verrons bien...

De mon coté je maintiens que nos associations n'ont pas encore de bases assez solides pour contredire ouvertement le pouvoir en place et je maintiens aussi, que nous avons tous le plus souvent, des objectifs non finalisés à faire circuler. De la même manière, je pense aussi que depuis le début de cette affaire, il nous faut élargir le champ de notre réflexion, sinon après cet épisode revendicatif, tout redeviendra comme avant.

- Oui pour évoluer, nos associations ont besoin de se poser des questions et ont besoin avant tout, de poser des questions (d’interpeller l'opinion publique).
- Oui, il ne faut pas hésiter, à stigmatiser en premier lieu le comportement des consommateurs que nous sommes. Cette critique étant seulement à nuancer par les efforts que nous faisons, chacun à notre niveau, pour éviter le pire. Par exemple en cherchant ici, à réduire individuellement notre tas de déchets.
- Oui, pour montrer qu'un Système est opaque, il faut en démontrer avant tout, le fonctionnement (c'est très pédagogique) et ceci à tous les niveaux de la prise de décision.
- Oui, pour être crédibles, il nous faut mettre en cause plusieurs types de responsabilités, car mis à part l'idée d'un front du refus partagé contre la décharge (ou ailleurs, contre tout autre genre de pollution), nous sommes loin pour le moment, d'avoir convaincu tous les adhérents sur d'autres types d'objectifs. Il faut encore prouver à tous que nous avons une stratégie construite et savoir aussi, expliquer nos choix de société.

En attendant, pour un instant, restons les maîtres du jeu et avant d'aller au casse-pipe, amusons-nous un peu à prévoir les conséquences de nos décisions, car la plupart des élus n'attendent qu'un faux pas de notre part, pour nous coincer. Prenons donc le temps et le soin, d'expérimenter une démarche construite.

Nous sommes encore loin de définir de nouvelles bases dialectiques (même si c'est un peu vrai), nous sommes simplement en train de réfléchir aux moyens qui nous sont nécessaires, avant que d'entreprendre une action concertée. Toutefois, avant de passer à l'action, amusons-nous à poser le principe utopique du fonctionnement de la démocratie participative. C'est le moment ! Nous n'aurons jamais plus, une si belle occasion pour le faire.

Mais en parallèle de cette démarche, il faut se méfier des contrats implicites qui semblent nous unir car en fait, nous ne faisons que véhiculer, chacun à notre niveau de conceptualisation, que des représentations issues de notre histoire intime. Prenons donc le temps de les explorer avant de voir si on peut les expérimenter à une plus grande échelle.

Pour moi par exemple, la position d'attente qu'ont pris les salariés et la plupart des habitants du Parc Naturel vis-à-vis de cette affaire de déchets (et qu’ils prennent en général vis-à-vis de la plupart des problèmes environnementaux) est très révélatrice du peu d’opportunisme qui les habitent. Dans mon intimité dialectique, je trouve que cette position est notamment beaucoup plus grave (dangereuse) que la position paternaliste sur laquelle s’arque boutent les élus, des élus dont il ne faut rien attendre de particulier (en général d’ailleurs, pour être moins déçu, il vaut mieux ne rien attendre du Système Politique en place). Oui, cette position à mon avis est très grave car le contre-pouvoir potentiel que pouvait dès lors représenter le cadre de définition social et naturel de nos aspirations communes (en l'occurrence, le Parc Naturel Régional (PNR)), n’est plus finalement qu’une coquille vide, une coquille elle-même noyautée par ces mêmes élus.

A ce niveau de définition, à ce niveau de mise en place et d'expérimentation de nouvelles voies de développement, l'affaire pour nous, est autrement préjudiciable. Oui avant de parler de mes idées, je tiens à savoir aussi, si sur chaque type de projet présenté, il n’y a pas eu au préalable, collusion d'intérêts (c'est-à-dire pré-gestation d'un système mafieux) entre les collectivités, les partis politiques et le secteur privé. Peu m’importe alors, que l'Omerta ait ici pour nom, «Franc Ma Connerie» ou «Escoubilleries», elle n'est en fait et n’a toujours été que la voie logique du pouvoir (de l'accession au pouvoir). Dans ce cadre, il faut alors se dire que les informations éventuelles dont tu disposes à ce sujet, ne seront précieuses qu’à condition qu’elles collaborent à démonter, une bonne fois pour toutes, les rouages de cette organisation opaque. Elles ne seront précieuses que si elles nous servent à exister enfin politiquement (voir ci-après la théorisation de l'approche et les schémas de fonctionnement politiques).

Et, si on veut aller un peu plus loin, ce qu'il nous faut faire c'est à partir d’un existant réellement exploitable, construire un contre pouvoir ayant avant tout, de solides références. Il nous faut aussi réfléchir de manière plus approfondie au système de valeurs que nous défendons (dont nous cherchons à travers les problèmes environnementaux, à faire la promotion). MAIS AVANT TOUT IL FAUT COMMENCER À LE DIRE TOUT HAUT ET À EXPRIMER PUBLIQUEMENT CE QUE L’ON PENSE, C'EST-A-DIRE, COMMENCER A LE REVENDIQUER HAUT ET FORT NOS IDEES.

A partir de là, on tente bien de passer à un autre niveau de conceptualisation de la réalité, dans un Pays où les frayeurs qui nous habiteront ne seront plus jamais les mêmes. A la suite de cette réponse amicale et pour ne pas partir sur de mauvaises bases, je te propose donc dans un premier temps, que l'on réfléchisse ensemble à un embryon de théorisation de l'action politique des associations de défense de l'environnement puis, dans un deuxième temps, de passer à l'élaboration d'un premier manifeste relatif à une critique sérieuse de la « prise de décision » par les responsables politiques et les pouvoirs publics. Car dès lors que l'on cherche à s'attaquer à ce niveau de gestion, l'affaire devient politique et il faut être prêts à se défendre correctement. Jarry-Valarès

I/ THEORISATION POLITIQUE POSSIBLE DES ACTIONS DES DIVERSES ASSOCIATIONS DE DEFENSE DE L'ENVIRONNEMENT.

J'explique en premier lieu, ce qui porte mes actions. Ce qui correspond en fait, à mieux préciser le Système de Valeur Possibles (SVP) qui fonde ma démarche. Exemple: depuis bientôt 30 ans, par rapport à un monde dont je soupçonnais déjà la démesure et dont je subissais par ailleurs les nombreux aléas, j'ai fait le choix d'habiter une région reculée de l'arrière pays méditerranéen, une région dont j'ai reconnu au premier coup d'½il les attraits esthétiques.

Suit une description exhaustive de ces richesses comme par exemple:

- La qualité des paysages, de la flore, de la faune, etc.
- Les ressources en eau, la qualité de l’air, etc.
- L’isolement, l’immensité, etc.
- Etc.

Il se trouve que, placées à l'intérieur d'un possible « Cadre Commun de Définition », ces richesses sont en train de devenir pour nous, des ressources exploitables et ce, à l'aide d'un outil de conceptualisation que nous définirons comme étant celui d'un Développement Durable (Soutenable). Ce cadre commun de définition a un nom bien précis: il s'appelle "Parc Naturel Régional du Haut Languedoc" (PNRHL) et pour moi, il est la seule voie logique et la seule structure existante qui puisse nous permettre d'évaluer à chaque instant, notre position réelle quant à la mise en place de nos propres objectifs de développement durable.

Dans le cadre contradictoire des associations, la première question qui devrait me venir à l'esprit avant que d'intégrer une quelconque structure de ce type, doit être par exemple, de savoir ce qu'il en était auparavant de mon propre comportement social par rapport aux problèmes des déchets (instant T0) et d'une manière plus large au niveau des problèmes environnementaux. C'est à dire de répondre aux questions suivantes. Suit une liste complète et variée de questions que l’on peut se poser, comme par exemple :

- Qu'en était-il auparavant, de mon modèle de consommation ?
- Qu'en était-il de ma perception des problèmes environnementaux ?
- Qu'en était-il de mon approche dialectique des méandres du pouvoir ?
- Est ce que je déléguais ma position à un parti politique ? Etc.

A partir de là, chacun doit pouvoir se convaincre qu’au sein des associations qu’il veut intégrer, la contradiction qu’il apporte contre le Système Dominant Actif (SYDA) est pertinente et qu’elle fonde bien un Nouveau Système de Valeurs (NSV). La cohérence autour de ces différents types de contradictions peut nous permettre alors, de dessiner les contours de ce nouveau Système de Valeurs.

Suit une liste de contradictions construites, comme par exemple :

- Depuis bientôt trente ans, je compostais mes matières organiques dans mon jardin en les mélangeant à de la paille, je recyclais pratiquement la totalité de mes déchets. Je trouve alors injuste d'écoper d'un CSDU.
- Par la création d'un gîte rural, je défendais les objectifs d'un développement touristique Durable et Soutenable de la zone Parc. Je trouve injuste de me trouver confronté à cette situation.
- Par le développement d’une agriculture respectueuse de l’environnement, je cherchais à redynamiser une activité structurante au niveau de l’espace rural. Je trouve indécent qu’on cherche à détruire cette image, une image que j'ai mis si longtemps à élaborer. Etc.

Chacun doit ici décrire son objet (l'objet de sa vindicte ou de son idéal) et pour chacun de nous, l'approche doit lui permettre d’évaluer au fur et à mesure l'évolution (instant T1, T2, T3...) de sa propre vie à l'intérieur d’un Parc Naturel. Il suffit pour cela qu’il tienne compte de son éloignement réel vis-à-vis du modèle en vigueur (pour cela, il suffit de se construire quelques indicateurs).

Dès lors, cette démarche peut nous permettre, (après dépouillement par exemple des enquêtes réalisées à ce sujet), d'identifier les lignes de forces que nous défendons et ces lignes de forces peuvent nous permettre par la suite de structurer une position commune autour de la défense de nos propres méthodes de survie. Dans ce sens, suivant l'activité développée, les réponses seront très variées, mais elles déboucheront toutes sur la question suivante: "Quel modèle et quelle structure dois-je réellement investir pour protéger et ne pas mettre en danger mon propre Système d'Adaptation Historique et Economique Local (SAHEL) ?"

Bingo ! Je tomberai immanquablement sur la structure « Parc ». Sinon, cela voudrait dire que je n'ai pas finalisé mon approche dialectique des évènements et que je remets encore une fois, ma destinée locale entre les mains des promoteurs d’un modèle qui m'a déjà éjecté et fait par ailleurs, subir de nombreux outrages, des outrages dont les plus graves sont encore à venir, tant il est vrai, qu'une fois que l'on nous aura imposé un établissement de classe II, à l'intérieur de ce périmètre, les portes seront alors ouvertes à toutes formes de démesures.

A partir de là, et ceci sans extrapoler énormément, on peut appliquer cette forme de réflexion à tous les aspects du développement actuel, un développement dont les impacts environnementaux globaux sont, il me semble, excessivement plus dangereux que le problème de décharge que nous avons actuellement à traiter localement. Je veux parler ici, des problèmes que j'ai longuement abordés et développés, tant de manière pamphlétaire que de manière symbolique, à l'intérieur de ce livre.

C'est donc bien au sein d'associations comme les nôtres que doivent prendre leur envol ces nouvelles aspirations. La décharge n'étant dans ce cas-là, que le révélateur (le détonateur) de notre volonté locale à vouloir mettre en place les axes harmonieux d'un développement équilibré, un développement enfin redevenu à visage humain. Pour ce faire, l'entité "Parc" reste bien un des lieux possibles et des mieux adaptés aux expérimentations de ces nouvelles méthodes de développement et de survie locale.

Il nous reste donc à structurer une contradiction construite sur des bases légales existantes et si elles n'existent pas, les faire exister (législation autour des établissement de classe II à l'intérieur d'un parc naturel, par exemple). Il faut montrer en même temps que tout ce qui s’y fait actuellement est en totale contradiction avec le modèle théorique d'un développement soutenable.

Dans ce sens, le CSDU que l’on veut nous imposer ici, n'est que la partie visible de l'Iceberg de la démesure du comportement actuel des citoyens par rapport aux problèmes de consommation. Il faut donc jouer le « Parc » contre toutes les tentatives du pouvoir local qui tendraient à écarter les bases même de la mise en place de ce nouveau Système de Survie Economique. Un Système auquel nous sommes déjà tous liés et qui, il me semble, se trouve au carrefour de toutes nos préoccupations, que celles-ci soient sociales, environnementales ou culturelles.

Dans ce sens, ce n'est plus la décharge ou les OGM en tant qu'objet de récriminations qui nous intéressent, mais simplement de continuer à faire la critique de la dérive d'un Système de Consommation (SYCON ou SYTCOM, c’est comme vous voudrez !) qui nous étouffera tous dans ses bras de velours.

Et, pour t’aider un peu plus mon ami, à prendre définitivement position, je te propose ici, sous forme schématique, une aide à la décision politique qui, je l’espère, te montrera la puissance de l'outil de « dénie démocratique » actuellement en ½uvre dans notre pays.

II/ SCHEMATISATION DU FONCTIONNEMENT VERTICAL ACTUEL DE LA PRISE DE DECISION POLITIQUE => LOGIQUE FONCTIONNELLE
Vertical

III/ SCHEMATISATION D'UN EXEMPLE DE CONTRE-PROPOSITION UTOPIQUE REGULANT LES PRISES DE DECISIONS =>LOGIQUE TERRITORIALE

Horizontal

Dans notre modèle de fonctionnement local régulé ():

1/ les entités territoriales logiques sont identifiées à partir des ressources locales et forment un tissus socio-économique interdépendant.
2/ Les idées de développement ou de défense remontent du tissus associatif qui les transmet logiquement aux structures ad hoc (Haddock ?) de gestion du territoire.
3/ Les structures englobantes sont là pour dynamiser et accompagner économiquement ces projets, elles créent de ce fait une intégration des dynamiques.
4/ La pression des logiques de développement extra-territoriales n'influencent pas et ne pervertissent pas les logiques internes existantes.
5/ Le niveau institutionnel est transparent. Il arbitre les conflits ou soutient des axes de développement intégré.
6/ Les décisions sont négociées avec l'ensemble des populations concernées, qui acceptent ou rejettent les propositions de développement.
7/ A vous d’aller plus loin (...)

IV/ AIDE A LA DECISION POLITIQUE: SYNTHESE DES DEUX TYPES D'APPROCHES

Synthèse


Peter


V/ MANIFESTE INDECENT DES ASPIRATIONS UTOPISTES DE CE DEBUT DE XXI ème SIECLE

Nous avons fondé notre réflexion sur les limites historiques des Systèmes de Production relevées au cours des temps et exposées dans ce livre. Pour aller un peu plus loin et pour travailler de manière plus ciblée, nous avons relevé à un niveau local et sur une période qui court de la mise en place du Parc Régional à nos jours les dérives (délires) suivant(e)s:

- Le reboisement en résineux se révèle être un désastre écologique et économique pour la région (incendies, fermeture des paysages, etc.), car au départ, n'ont été pris en compte que des facteurs économiques et scientifiques primaires (le cours du bois est en chute libre et la restructuration et la protection des sols une utopie liée à la peur ancestrale des hommes de manquer d'espace agricole).
- La déprise, concomitante à l'évasion des agriculteurs vers la ville, induit un abandon des pratiques agricoles puis un « enfrichement », et un reboisement naturel de tout le périmètre du Parc. Ce phénomène puissant crée des espaces impénétrables où la continuité des activités humaines est brisée (c'est par là que rentreront les loups).
- L'abandon des terres par les anciens propriétaires se double d'un blocage du foncier de leur part, ce qui ne fait qu'augmenter le phénomène de reboisement. Cette attitude bornée introduit des comportements sociaux vecteurs de futures batailles et de nouvelles incompréhensions.
- Le trafic routier suit un développement exponentiel relatif à l'élargissement des routes et met en péril la protection de nos ressources les plus fragiles, car elles sont livrées aux massacres habituels d'une vision consumériste des visiteurs et des utilisateurs de cet espace protégé.
- Les systèmes de traitement industriel des ordures ménagères en même temps que l'introduction dans ce périmètre d'installations industrielles de classe II, peuvent mettre en danger les activités touristiques artisanales et commerçantes locales situées à l'intérieur de notre territoire en même temps qu'elles créent un impact psychologique majeur sur les représentations qu'ont les habitants de leur espace vital souillé.
- La pression touristique, et cela se dessine déjà en dix ans de développement continu, peut s'avérer terrible en ce qui concerne les ressources en eau disponible et polluer localement les magnifiques espaces naturels qui nous entourent.
- La chasse aux « Cochongliers » qui, soit dit en passant, est un faux problème monté en épingle par des groupes de pressions extérieurs aux dynamiques locales, menace l'équilibre entre les différentes couches qui composent le tissu social actuel.
- La disparition, concomitante à la destruction des milieux, de toute vie animale sauvage réellement dynamique introduit une idée de « Sur dominance » de l’espèce humaine qui ne peut à terme que faciliter la définition d’approches encore plus totalitaires.
- La disparition programmée de tous les systèmes agraires historiques et plus précisément ici, du « Système Agraire de type Cévenol », crée un vide sociétal qui rendra difficile toute tentative de récupération et de redynamisation de l’espace rural. Dans ce cadre, l'agrobiologie ne peut à court terme, se substituer à l'ancien Système.
- La disparition des principales activités rurales liées à l’artisanat est une des conséquences logiques de l’abandon des dernières pratiques agricoles.
- A vous d’aller plus loin (...)

A partir de là, et pour conserver les quelques privilèges qui sont restés les nôtres dans ce cadre de vie appauvri, nous formulons le manifeste suivant:

5.1/ Nous demandons que soient respectés les termes de la loi qui régissent les Parcs Naturel Régionaux et ceci au niveau: De la préservation des espaces naturels sensibles. De la représentation démocratique des populations dans les prises de décisions relatives au développement de nouvelles activités. De l'incidence socio-économique et sociologique des actions de développement entreprises au sein de ce périmètre.

5.2/ nous demandons que les nouvelles voies déjà défrichées par nos soins (par nos saints ?) soient respectées et mises en ½uvre de manière formelle. Celles ci concernent notamment: - le droit de cultiver ce que l'on veut dans son jardin, et même du cannabis ou des opiacés, s'il prenait à quelqu'un le désir de le faire.
- La lutte contre l'asservissement à toutes les formes d’oppressions établies.
- Le respect de nos tendances pacifistes.
- L'inversion des valeurs entre productivité quantitative et productivité qualitative.
- l'inversion des tendances de la société de consommation vers une société de satisfaction.
- La définition d'un statut écologique labellisé à l'intérieur du périmètre du parc naturel.
- La création de maisons de retraites bien adaptées aux anciens combattants de la liberté écologique.
- L'interdiction formelle d'élargir les routes de campagne.
- L'arrêt total des centrales nucléaires et du tout nucléaire à moins de cinq cent kilomètres du périmètre. - Le développement des énergies dites renouvelables, ceci uniquement en vue de satisfaire les besoins locaux.
- Le rachat, par le Parc Régional, des lieux de production des ressources hydroélectriques, à des fins sociales localisées.
- L'accueil des nouveaux venus dans des maisons solaires expérimentales.
- La perte de labellisation pour toute personne se déclarant ouvertement d'extrême droite.
- Le vote direct électronique pour des points de définition, de même que celui des étrangers, même de passage.
- Le droit formel à toutes sortes d'élucubrations.
- Le droit à l'élaboration de théories tangentielles.
- La création d'un institut des fonctions sociales regroupant et analysant ces nouvelles formes de pensées.
- La création d'associations psychédéliques. (...)

Pour plus d'informations, vous trouverez, dans tous les commerces parallèles ou sur Internet, les documents suivants :
- Appel du dix-huit joint.
- Statut des objecteurs de conscience.
- Plate-forme écologique et lois sur l'environnement.
- Loi montagne et Loi sur l'eau.
- (...)

Sachant que tous ces documents et toutes ces actions rassureront les nouveaux adeptes quant à la réalisation possible et historique de toutes les utopies qui les encombrent.

Dessine-moi...

Car dans cette société matérialiste messieurs les ordonnateurs, croyez-vous que ce que vous nous faites faire, est réellement important ? Je plante des sapins à longueur de journée, je vais à la plage entretenir les bistrotiers racistes, je vais à la messe soutenir la vindicte des futurs attardés mentaux, etc. Non, vous nous obligez à vivre tout simplement une relation primaire à l'économie de marché. Mais cette démarche basique ignore, depuis bien trop longtemps, les retombées en terme de nuisance des activités débordantes que vous nous faites accomplir, sous la bannière idéalisée de l’efficacité technologique (vous ne faites jamais par exemple, l'éco/bilan d'une action de développement).

Pour nous alors, ce n'est pas grave de penser que demain vous allez peut-être vous-même, vous retrouver dans certains cas sans emploi, car nous sommes déjà passés par là. Depuis, nous acceptons et même nous promouvons les idées « régulationistes » et les alternatives économiques, mais à condition qu'elles participent toutes d'un idéal commun. A notre avis, tous les gens qui auront soutenu à fond le système productiviste en croyant qu'il était éternel, se feront avoir à la sortie car ils n'auront pas su muter à temps.

Oui messieurs les accumulateurs, votre psychorigidité économique ne sait plus aujourd’hui, nous amener vers un changement réel car dans le fond vous n'êtes tous restés que des productivistes déguisés engrangeant vos richesses. C'est cela qu'il nous faut bien analyser: vous n'avez pas vu d'autres solutions historiques que le quantitatif. D'ailleurs, au niveau de la productivité, chacun savait depuis longtemps qu'il fonçait vers le néant, ce qui vis-à-vis des risques écologiques encourus, une preuve d'absolu non rationnel.

Pour nous, à l'heure actuelle, la notion de « richesse » est à revisiter. Elle est même très certainement à rechercher ailleurs que dans la productivité quantitative. Dans le fond, notre richesse à nous, est plutôt devenue intérieure et le seul décalage réel, nous l'avons créé au niveau de nos têtes, et non par l’accumulation de biens matériels. Dans ce sens, et pour aller au fond de nos pensées, nous ne vivons déjà plus en France ou en Allemagne, mais au Pays de l'Ecologie...

Il faut dire que pour assumer ce choix, nous eûmes des précurseurs visionnaires et notamment les promoteurs des Parcs Régionaux, des promoteurs que nous ne pouvons que remercier chaudement. Nous revendiquons donc, au sein de ces espaces historiquement libérés des pressions économiques et sociales conventionnelles, d'avoir la liberté de structurer notre nouveau Pays et ceci, afin de ne pas refaire les mêmes erreurs qu'ont fait nos prédécesseurs.

Mais ce changement de représentation implique une nouvelle approche de la dépendance et pour nous, la plupart des hommes qui nous entourent ne sont pas encore prêts à en considérer la nécessité vitale. Alors, permettez nous d'en faire l'expérimentation, à travers par exemple la mise en place de nouveaux dispositifs sociaux ou environnementaux. Et, si par bonheur, cette permission nous est accordée, il faut encore que vous vous persuadiez que c'est bien à la mise en place de tels dispositifs que nous nous sommes attelés, pour que plus tard, nous n'ayons pas affaire à des débiles mentaux qui viendront par leurs idioties morbides, gâcher ces dispositifs en les critiquant de manière primaire. Nous ne voulons pas nous retrouver par la suite sans objets et livrés à la vindicte des politiques locaux les plus attardés (ceux qui seront très certainement issus du clan des chasseurs).

Oui, à un certain niveau de conceptualisation, on ne peut qu'abonder mécaniquement vers le type de Projet de Société que nous proposons, tellement aujourd'hui il nous paraît être à nous, logique et inéluctable. Le problème est de savoir comment on y arrive. Que fait-on par exemple, de la notion de propriété privée autour des anciens espaces agricoles abandonnés, une notion qui, comme on l'a vu au début du livre, amène une situation de blocage majeur dans la gestion du territoire ? On fait la guerre aux cons ? On fout tout le monde dehors ? On se fait zigouiller par les tenants les plus amers de ce modèle ? Non, on monte par exemple, une structure supérieure qui gère le problème à un niveau différent (Znieff, Natura 2000, etc.) et surtout, face aux vices des c½urs empoisonnés de lucre, on se donne les moyens d'en faire réellement respecter la substance !

Oui messieurs les zombis de la productivité, à partir de là, on ne peut plus aller que vers une conceptualisation écologique des comportements puisque cette vision a été la seule à être définie en amont de tous vos instincts primaires de prédateurs inassouvis et ceci, bien avant qu'on ne l'exprime dans ces lignes.

Voulez-vous qu'on continue à aller droit vers le vide et le néant des propositions que vous faites ? L'exemple du pillage des ressources en Irak et en Amazonie ou partout ailleurs dans le monde, (un pillage de plus en plus organisé auquel nous participons tous actuellement), n'est-il pas en tout point révélateur de votre impuissance à générer des comportements véritablement rationnels autour de vos propres voies de développement ?

Toutefois, il faut reconnaître, messieurs les imposteurs, qu’à un certain niveau de définition, votre pouvoir est déjà fortement influencé par notre propre idéologie (Théologie ?), alors que l'impossible reste pourtant à faire (la réduction de son niveau de vie matériel, de son pouvoir d'achat, etc.). C'est pour cela que nous avons tous cru un moment qu'il pouvait y avoir une voie médiane entre socialisme et capitalisme (une utopie de plus à notre actif !). Mais on voit bien qu'actuellement ce rêve est impossible à réaliser, puisque mutuellement un modèle social structure cyniquement l'autre pour le confort de la race. Pourquoi est-on allé si vite ? Pourquoi s'est-on précipité à ce point vers le désastre qui s'annonce ?

Reconnaissez enfin, messieurs les carnassiers, que face à la notion de travail productif, il nous a fallu dès lors, être bigrement solide pour proposer d'autres concepts de vie ! Toutefois, si on cherche par exemple, à faire la comparaison entre ce que vivaient réellement les gens avant la réalité de leur échec matérialiste et ce qu'ils vivent vraiment dans les nouvelles conditions de survie écologique, il vous faudra messieurs, intégrer qu’ici les problèmes sociaux ne sont plus du tout les mêmes (ils ont changé de nature et dimension). A priori, cette comparaison est donc impossible à réaliser !!!

A ce titre, il vaudrait mieux et ceci sans arrière-pensée, mettre en place une régulation de la sortie du système productiviste qui permette à chaque individu concerné de ne pas perdre totalement les pédales dans ce nouveau concert, des régulations qui soient non seulement économiques comme peuvent l’être dans certains cas, le RMI ou les ASSEDIC, mais aussi sociales. Reste à inventer un nouveau type de relations sociales.

Il faut dire que, sociologiquement parlant, cela peut être dangereux pour chacun de nous tous. C'est pour cela que l'on ne vous dit pas d'y aller vous-même, on vous demande simplement de considérer positivement ce que nous expérimentons depuis maintenant plus de trente ans. Pour nous, la seule vraie réalité est la notion d'Eco Valeur Ajoutée (EVA) parce qu'elle contraint et parce que nous considérons depuis bien longtemps déjà, qu'à un certain niveau de performance, votre Système devient de plus en plus dangereux et ceci, même pour les promoteurs les plus acharnés qui actuellement en retirent le plus grand des bénéfices (Les lobbyistes de tout poil).

Ce ne serait tout de même pas si difficile que cela, messieurs les charognards que, tant au niveau de la bouffe par exemple ou que de la culture, etc., vous nous proposiez qu'on se satisfasse sans excès, tels de petits papillons volages, d'un peu de tout ce qui nous entoure, plutôt que de nous assommer continuellement avec vos discours sur le chômage ou sur vos courbes de croissance. Y’en a marre à la fin que vous nous conduisiez sans arrêt vers vos nouvelles guerres de religion débiles, des guerres qui nous emmerdent sérieusement depuis la nuit des temps !

Ce que nous voulons par ce manifeste, c'est définir et proposer une esthétique non-violente, plus puissante que les anciennes croyances. Dans le secret de nos laboratoires campagnards, nous cherchons à élaborer un Embryon de Système de Pensée Ecologique Rurale (ESPER), qui puisera son sens dans une démarche utopique de gestion de l'espace à des fins récréatives et ses ressources dans tout ce que vous avez oublié de nous dire.

Projection

Cet espace deviendra le lieu de référendums modernes et interactifs, un lieu où la seule question pertinente sera de savoir par exemple, si l'on n'y marche plus qu'à pied ou si l’on y invite les indiens Chihuahuas, les derniers des Guaranis ou les derniers Huichols. Si on doit y protéger les anciennes lucarnes ou si cela doit devenir un lieu où s'invente le monde dans l'entrain des dernières farandoles de nos lutins sauvages (de nos sauvageons). Un lieu d'éparpillement de nos joies. Un lieu de renouveau des exils de ce monde. Une terre des nouvelles raisons d'être, un asile pour les chômeurs de tous poils où ils auraient le droit de tester toutes leurs utopies. Un territoire pertinent, enveloppe protectrice des derniers sauveteurs d'espaces naturels, des sauveteurs logés à l'enseigne du rejet et fuyants leurs innommables carcans. Un lieu où l'on peut faire venir du monde sans qu'il n’y ait d'excès, autre que la rencontre. Un « modèle Larzac » en somme...

Chers amis Gardons nos attitudes fières et élégantes
Osons la mise en scène qui fait de nous des êtres indomptables.
Disons nos intérieurs.
Faisons sentir le souffle de notre rébellion.
Faisons naître des sens,
créons des oripeaux.
Inventons notre vie !



Et un seul mot de plus: "Résistance"

Fin du Manifeste.

Votre Signatures:

























Fin de l'épreuve. Voilà, afin de vérifier la cohérence de votre « Parcours » humain, il ne vous reste plus qu'à produire votre propre analyse des événements de tous les jours et ceci bien sûr, tout en essayant de leur donner un sens ou tout en en symbolisant les actes. A Chao ! Et Bon Courage !!!


Annexe gratuite : Exemple d’actualité globale autour des différents sujets traités : La crise climatique fait irruption sur la scène apocalyptique du monde. Londres, le 27 octobre 2006. Réchauffement climatique de la planète : le rapport Stern. Un coût de 7 milliards de milliards de dollars, des déplacements massifs de population, multiplication du désordre politique et des conflits de survivance, etc. On nomme le document “le rapport Stern”. Il semble bien qu’il pourrait être appelé à apparaître comme un événement important dans l’histoire qu’on fera plus tard, s’il reste encore des historiens, de l’évolution de la crise climatique. Il s’agit du rapport que Sir Nicholas Stern, un ancien économiste de la Banque Mondiale, vient de donner au cabinet britannique. C’est Gordon Brown, le futur Premier ministre, qui avait demandé ce rapport à Sir Nicholas. The Independent, le quotidien britannique qui a fait de la crise climatique un des thèmes centraux de sa politique éditoriale, présente ce matin le rapport Stern et les effets que sa diffusion a provoqués et provoque dans le monde politique britannique. La particularité du rapport Stern est qu’il envisage la crise climatique essentiellement dans ses conséquences économiques, sociales et politiques. Il renverse complètement la pensée admise sur cette question. Ce n’est plus “si nous faisons quelque chose contre le réchauffement climatique, notre économie en souffrira” ; c’est au contraire : “si nous ne faisons rien contre le réchauffement climatique, notre économie s’effondrera”. Ses conclusions sont effrayantes : • Si l’on ne fait rien, la crise climatique entraînera une dépression auprès de laquelle la Grande Dépression paraîtra bien maigrelette. En fait, un effondrement de 20% de la production économique. • Des déplacements massifs de populations entraînant des troubles ethniques et sociaux de très grande ampleur. • La multiplication du désordre politique et des conflits de survivance, la forme la plus sauvage des conflits qu’on puisse imaginer. Quelques extraits de l’article de The Independent : «Global warming could cost the world's economies up to 20 per cent of their gross domestic product (GDP) if urgent action is not taken to stop floods, storms and natural catastrophes. »That stark warning was given to Tony Blair and his cabinet yesterday by Sir Nicholas Stern, a former World Bank economist, and is said to have left cabinet ministers chastened by the magnitude of the threat posed by climate change. »In a preview of a report he is to deliver next Monday, Sir Nicholas told the Cabinet the world would have to pay 1 per cent of its annual GDP to avert catastrophe. But doing nothing could cost 5 to 20 times that amount. He told them: “Business- as-usual will derail growth.” »The massive 700-page report — commissioned by the Chancellor, Gordon Brown — was described as “hard-headed” and “frighteningly convincing”. It focused on the economic peril now confronting the world, unless action was taken to combat harmful CO2 emissions that contribute to global warming. »“He left no one in any doubt that doing nothing is not an option,” said one Whitehall source. “And he stressed that the need for action was urgent.” »His review could be a watershed in overcoming scepticism about the existence of global warming. “It was hard-headed,” said another source. “It didn't deal in sandals and brown rice. It stuck to the economics.” »Mr Brown believes it could force the oil-dominated White House of George Bush to concede the importance of action to curb climate change. One minister who was present said it destroyed the US government's well known argument that cutting carbon emissions was bad for business. »His report, covering the period up to 2100, warns that climate change could cause the biggest recession since the Wall Street Crash and the Great Depression. A downturn of that magnitude would have “catastrophic consequences” around the globe, with the poorest countries hit first and hardest, Sir Nicholas told the Cabinet. Insurance analysts, who submitted their evidence for his report, said they feared insurance claims could exceed the world's GDP. »One witness said: “The entire pitch of the report is that there is nothing in it about the need to be green, or about caring for the environment, it's all hard-headed economic reality,” he said. »The Treasury believes that publication of the Stern report could be a turning point in public opinion in America, to force the Bush administration to accept the scientific evidence that global warming is happening. »“It is huge, a desk-breaker. It could be as important for climate change as the Africa Commission was for poverty in Africa. Its biggest impact could be on public opinion in America, which is like turning around a tanker,” said one official. It is expected to dominate the UN international climate talks scheduled to start in Nairobi, Kenya, next week.» La perspective d’une “contre-révolution copernicienne” Puisque Sir Nicholas a développé sa prévision du point de vue économique et politique, considérons ses effets du point de vue politique le plus immédiat. Nous avons pensé depuis longtemps que la crise climatique est un facteur fondamental de l’évolution de la crise de civilisation, que sa réalité est d’ores et déjà perceptible, que ses effets seront immenses. Le rapport Stern apporte un outil d’analyse qui va précipiter la perception de cette crise et de ses conséquences et, sans doute, qui va amener des effets immédiats. Cinq points (dont une annexe) au moins méritent notre attention : • Le monde politique du Royaume-Uni, et notamment le gouvernement actuel, acceptent aisément de faire de la crise climatique un facteur important de leur communication politique, puis de leur politique. Une telle “tactique” donne aux Britanniques un moyen de sortir de l’épouvantable situation où ils se trouvent à cause de l’Irak, si l’on veut “sortir par le haut” en évacuant la crise irakienne par une autre crise, d’une importance singulièrement plus importante. Elle permet au Royaume-Uni d’espérer retrouver un certain lustre, un certain poids international en pleine déroute irakienne. • C’est Gordon Brown, futur PM britannique, qui a commandé le rapport Stern. Brown est en pointe sur ces sujets, surtout s’ils sont abordés du point de vue économique. Cela réconcilie le reste anémique d’idéal internationaliste du Labour et la préoccupation économiste du New Labour. Comme les autres partis britanniques (dont le nouveau leader conservateur Cameron) sont également préoccupés par la question, cela signifie que l’orientation britannique comme leader de la mobilisation contre la crise climatique ne fait guère de doute. • Mais le cas oppose frontalement Londres et Washington, pour toutes les raisons du monde. Washington a l’orientation qu’on sait, avec une administration totalement dans les mains des pétroliers. Washington est obsédé par l’Irak, avec toute la vanité et l’hubris du simili-Empire engagés dans cette affaire ; il sera difficile de lui donner une orientation différente. Washington est politiquement un point de désordre sans précédent, avec une absence d’unité, de pouvoir et de légitimité. On ne mobilise pas aisément un tel chaos. Avec une crise climatique à laquelle l’inculture US ne comprend rien et qui heurte divers intérêts à courte vue, cela sera encore plus difficile. • Point annexe du précédent : si les conditions de la crise climatique se précisent vite et si Washington est incapable d’agir, on va assister à un renforcement dramatique du mouvement centrifuge aux USA sur ce sujet. De nombreux Etats et villes ont déjà choisi de suivre les normes de Kyoto. Cette opposition intérieure contre Washington risque de devenir dramatique si l’on ajoute les tensions dues à l’Irak et à la catastrophe washingtonienne actuelle, et aux tensions de la question de l’immigration. C’est pour le compte que des hypothèses qui semblent aujourd’hui loufoques de sécession peuvent devenir très sérieuses. • Plus encore, pour le petit moyen terme : la lutte contre la crise climatique et les conséquences de la crise climatique impliquent nécessairement une révision radicale, voire l’abandon de la doctrine du libre échange, du marché libre, du “laisser-faire” général qui caractérisent la pensée dominante. Le choc est terrible pour Washington, mais aussi pour Londres, pour les penseurs type-Barroso de la Commission européenne, pour la pensée dominante, pour les élites du monde telles qu’on les connaît, pour le système et notre soi-disant “civilisation”. Si l’orientation envisagée par le rapport Stern se confirme — et tout porte à le croire — on se trouve réellement devant des perspectives apocalyptiques. Encore le rapport n’envisage-t-il pas, puisque ce n’est pas son propos, les conséquences psychologiques d’une telle évolution. Il s’agit de la mise en cause radicale du système de la modernité par le système de la modernité lui-même (le réchauffement climatique est essentiellement dû, pour sa rapidité, aux déchets et à l’activité de l’économie du système de la modernité). Une conclusion par l'absurde est que si nous avions un autre système économique, nous pourrions sans doute mieux résister au choc dont notre système économique présent est responsable... Toute la pensée moderniste occidentale est impliquée, avec la perspective d’une “révolution copernicienne” à l’envers (une “contre-révolution copernicienne” ?). C’est le système de développement économique machiniste lancé au XVIIème siècle, selon les premières conceptions du modernisme qui triomphe aujourd’hui, qui va engendrer une catastrophe planétaire dont l’un des effets est de mettre totalement en cause tous les aspects de ce système, notamment ses fondements économiques — puisque ce système s’est donné comme sens rien d’autre qu’une finalité économique. Tous les aspects de la pensée moderniste, basée sur le machinisme et la science, fondée sur le Progrès, sont confrontés à des révisions radicales. L’équilibre de la psychologie humaine et la cohérence de la culture dont elle est abreuvée sont directement mis en cause et menacés. On peut toujours s’en sortir, pour quelques semaines d’optimisme supplémentaires, par le sempiternel : “mais le génie humain parviendra bien à résoudre également ce problème, comme il en a tant résolu déjà”. Avec GW à la Maison-Blanche et Barroso à la Commission, la formule recèle la substantifique moelle d’une mortelle ironie qui n’a pas fini de faire rire le Diable. Daniel Faugeron dfaugeron@attac.org
Ecrire, rectifier, donner son avis