L'écologie
est un état d'esprit inspiré, né de l'observation des phénomènes
biologiques et de leur pouvoir à former des Systèmes interconnectés
viables et reproductibles. C'est une nouvelle voie de développement
humain qui mettra au pas les pourfendeurs d'espaces, ces muletiers de
l'ennui, en faisant prendre conscience à chacun, du simple fait qu'elle
ne milite que pour le bien-être commun (le bien-être intellectuel en
l’occurrence). Et si vous pensez le contraire c’est que vous n’avez pas
encore été touché par la grâce des écosystèmes.
Dans ce sens, les observations issues de cette attente pourront servir
soit à réguler les vices et les excès des bagnards d'aujourd'hui, soit
à reproduire à des fins usuelles, le fonctionnement des systèmes
observés et ce, à condition de ne pas en détourner la vocation à des
fins partisanes...
Mais, comme prévu dans ce bas monde, il y a beaucoup plus de vices que
de vertu. Par exemple, on voit bien que chez vous, dans ces villes
sursaturées de "Moi", il y a quelque chose qui cloche, mais on ne sait
pas quoi. De quoi donc as-tu si peur mon ami ? De t'ennuyer loin des
cités modernes ? Viens donc ici chez nous, il y a de l'animation !
Surtout depuis que l'on cherche à nous imposer la loi triomphante du
marché.
Mais avant d'intégrer notre combat (cette lutte sans merci
contre les prédateurs), voici une lettre d'introduction auprès des
responsables des principales associations de défense de l'environnement
du PNRHL, une lettre qui facilitera peut-être ton arrivée soudaine en
ces lieux d’exaltation cérébrale. Ces associations se sont créées entre
autres, face à la hargne de certains élus et de certains gastéropodes,
à vouloir nous faire accepter des installations classées pour le danger
environnemental qu'elles représentent. Ils cherchent en ce moment
précis, au sein de ce périmètre naturel reconnu de tous, sauf de ces
salopards qui peuplent nos fonctions, à nous imposer notamment, un CSDU
(Centre de Stockage de Déchets Ultimes). Quelle pourriture de l’esprit
!
Cependant un bémol, car suite aux explosions sociales régulières qui
ont lieu çà et là pour des raisons diverses, nous allons voir débarquer
ici en même temps que nos futurs adeptes, tout un tas de personnes qui
n'auront rien compris au fonctionnement de l'Histoire: « les
dilettantes de l'Ecologie ». Ces personnes-là vont divaguer sans fin
sur les pistes que nous aurons auparavant tracées, tout en se
retrouvant orphelins de leur ancien modèle. Elles seront donc,
complètement désorientées. Dans cette future ode à la nature qui
transportera les individus vers on ne sait quelle autre réalité
historique, risquent de s'engouffrer dès lors, bien des incertitudes.
C'est pour cela, qu'en t'envoyant cette lettre, je cherche avant tout à
faire une mise au point pratique afin de t’expliquer les dangers réels
que comporte une telle aventure.
"Cher(e) ami(e),
Tout d'abord, je tiens à te dire que de retour du dernier grand « peewo
», qui a eu lieu cet été sur le Larzac, je suis, vu l'affluence,
suffisamment regonflé pour pouvoir répondre à n’importe quel type
d’apport contradictoire concernant le travail d'analyse que j'ai
réalisé tout au long ce livre.
Face au pouvoir des décideurs dont tu
pourrais croire par exemple qu'il m'impressionne ou qu'il me fait
encore peur, je te répondrai qu'il y a belle lurette que pour moi la
question de la peur ne se pose plus en ces termes.
Mais à bien y
réfléchir, devant ta vindicte ou ton possible émoi, oui j'ai qu'en même
bien peur de quelque chose.
J'ai peur de savoir à partir de quand et dans quelles circonstances,
l’arrivée incessante de nouveaux membres non initiés à la clairvoyance
écologique, fera imploser notre structuration associative balbutiante.
Le travail que je te propose est donc avant tout, un nécessaire travail
de déminage de ce psychodrame annoncé:
- Comme si au delà des refoulements de
chacun et de la vindicte
populaire, il n'y avait pas de stratégies individuelles.
- Comme si l'on pouvait intégrer une démarche sans réfléchir à ce qui
est en jeu.
- Comme si la manipulation n'existait pas ici comme ailleurs et ceci,
même de manière inconsciente.
- Comme si nous avions tous les mêmes représentations de la vie et les
mêmes histoires à décrire.
- Comme si à l'intérieur de ce cadre, les choses étaient si simples.
Ainsi, ce n'est pas à moi que ta juvénile contradiction s'adresse, mais
bien à toute personne qui n’aura pas pris le temps, comme je l’ai fais
auparavant moi-même, de se demander à quel moment le dérapage logique
lié à l'intégration de nouveaux venus, va avoir lieu. La seule chose
dont je puisse me satisfaire vraiment à cette heure, est que cette
analyse te fasse poser ce genre de questions. C'est là son seul
objectif, ce livre est fait pour ça.
Pour moi, avec les problèmes
environnementaux qui nous occupent (CSDU, OGM, réchauffement
climatique, etc.) par exemple, il faut avant tout rester dans l'idée
que nous gérons en même temps, un lourd processus de revendications
diffuses incontrôlé (et peut-être même incontrôlable ?).
Si on reprend ce que qui est écrit tout au long de ces lignes, il n'est
dit nulle part qu'il ne faut pas s'attaquer publiquement aux élus les
plus malfaisants. Je dis qu'il ne faut pas s'attaquer qu'à eux et à ce
titre, je propose plutôt de les fragiliser en leur enlevant leurs
appuis locaux par l’organisation par exemple, d’un soutien extérieur
massif. Je ne dis pas qu'il ne faut rien faire ou se satisfaire d'une
analyse, je dis qu'il faut construire une stratégie commune et
concertée. Cela ne se fait pas en quelques mois de lutte. Nous ne
sommes pas les clones de parfaits révolutionnaires sachant par avance
ce qui va fonctionner ou non dans cette nouvelle forme de lutte finale.
Nous sommes beaucoup plus simplement, des individus à la recherche de
causes communes et ce, afin de construire pour demain une réalité
différente et mieux adaptée au cadre de nos trop nombreuses utopies.
Donc, restons Zen et observons plutôt le jeu des acteurs locaux. Qui
sommes-nous ? Que cherchons-nous ? Que cherchent par exemple les
personnes qui tentent de radicaliser les mouvements sociaux auprès des
responsables associatifs ? Mystère ! Ont-ils une réelle stratégie à
mettre en ½uvre ? Nous verrons bien...
De mon coté je maintiens que nos associations n'ont pas encore de bases
assez solides pour contredire ouvertement le pouvoir en place et je
maintiens aussi, que nous avons tous le plus souvent, des objectifs non
finalisés à faire circuler. De la même manière, je pense aussi que
depuis le début de cette affaire, il nous faut élargir le champ de
notre réflexion, sinon après cet épisode revendicatif, tout redeviendra
comme avant.
- Oui pour évoluer, nos associations
ont besoin de se poser des questions
et ont besoin avant tout, de poser des questions (d’interpeller
l'opinion publique).
- Oui, il ne faut pas hésiter, à stigmatiser en premier lieu le
comportement des consommateurs que nous sommes. Cette critique étant
seulement à nuancer par les efforts que nous faisons, chacun à notre
niveau, pour éviter le pire. Par exemple en cherchant ici, à réduire
individuellement notre tas de déchets.
- Oui, pour montrer qu'un Système est opaque, il faut en démontrer
avant
tout, le fonctionnement (c'est très pédagogique) et ceci à tous les
niveaux de la prise de décision.
- Oui, pour être crédibles, il nous faut mettre en cause plusieurs
types
de responsabilités, car mis à part l'idée d'un front du refus partagé
contre la décharge (ou ailleurs, contre tout autre genre de pollution),
nous sommes loin pour le moment, d'avoir convaincu tous les adhérents
sur d'autres types d'objectifs. Il faut encore prouver à tous que nous
avons une stratégie construite et savoir aussi, expliquer nos choix de
société.
En attendant, pour un instant, restons les maîtres du jeu et avant
d'aller au casse-pipe, amusons-nous un peu à prévoir les conséquences
de nos décisions, car la plupart des élus n'attendent qu'un faux pas de
notre part, pour nous coincer. Prenons donc le temps et le soin,
d'expérimenter une démarche construite.
Nous sommes encore loin de
définir de nouvelles bases dialectiques (même si c'est un peu vrai),
nous sommes simplement en train
de réfléchir aux moyens qui nous sont nécessaires, avant que
d'entreprendre une action concertée.
Toutefois, avant de passer à l'action, amusons-nous à poser le principe
utopique du fonctionnement de la démocratie participative. C'est le
moment ! Nous n'aurons jamais plus, une si belle occasion pour le
faire.
Mais en parallèle de cette démarche, il faut se méfier des
contrats implicites qui semblent nous unir car en fait, nous ne faisons
que véhiculer, chacun à notre niveau de conceptualisation, que des
représentations issues de notre histoire intime. Prenons donc le temps
de les explorer avant de voir si on peut les expérimenter à une plus
grande échelle.
Pour moi par exemple, la position d'attente qu'ont pris les salariés et
la plupart des habitants du Parc Naturel vis-à-vis de cette affaire de
déchets (et qu’ils prennent en général vis-à-vis de la plupart des
problèmes environnementaux) est très révélatrice du peu d’opportunisme
qui les habitent. Dans mon intimité dialectique, je trouve que cette
position est notamment beaucoup plus grave (dangereuse) que la position
paternaliste sur laquelle s’arque boutent les élus, des élus dont il ne
faut rien attendre de particulier (en général d’ailleurs, pour être
moins déçu, il vaut mieux ne rien attendre du Système Politique en
place). Oui, cette position à mon avis est très grave car le
contre-pouvoir potentiel que pouvait dès lors représenter le cadre de
définition social et naturel de nos aspirations communes (en
l'occurrence, le Parc Naturel Régional (PNR)), n’est plus finalement
qu’une coquille vide, une coquille elle-même noyautée par ces mêmes
élus.
A ce niveau de définition, à ce niveau de mise en place et
d'expérimentation de nouvelles voies de développement, l'affaire pour
nous, est autrement préjudiciable. Oui avant de parler de mes idées, je
tiens à savoir aussi, si sur chaque type de projet présenté, il n’y a
pas eu au préalable, collusion d'intérêts (c'est-à-dire pré-gestation
d'un système mafieux) entre les collectivités, les partis politiques et
le secteur privé. Peu m’importe alors, que l'Omerta ait ici pour nom,
«Franc Ma Connerie» ou «Escoubilleries», elle n'est en fait et n’a
toujours été que la voie logique du pouvoir (de l'accession au
pouvoir). Dans ce cadre, il faut alors se dire que les informations
éventuelles dont tu disposes à ce sujet, ne seront précieuses qu’à
condition qu’elles collaborent à démonter, une bonne fois pour toutes,
les rouages de cette organisation opaque. Elles ne seront précieuses
que si elles nous servent à exister enfin politiquement (voir ci-après
la théorisation de l'approche et les schémas de fonctionnement
politiques).
Et, si on veut aller un peu plus loin, ce qu'il nous faut faire c'est à
partir d’un existant réellement exploitable, construire un contre
pouvoir ayant avant tout, de solides références. Il nous faut aussi
réfléchir de manière plus approfondie au système de valeurs que nous
défendons (dont nous cherchons à travers les problèmes
environnementaux, à faire la promotion). MAIS AVANT TOUT IL FAUT
COMMENCER À LE DIRE TOUT HAUT ET À EXPRIMER PUBLIQUEMENT CE QUE L’ON
PENSE, C'EST-A-DIRE, COMMENCER A LE REVENDIQUER HAUT ET FORT NOS IDEES.
A partir de là, on tente bien de passer à un autre niveau de
conceptualisation de la réalité, dans un Pays où les frayeurs qui nous
habiteront ne seront plus jamais les mêmes.
A la suite de cette réponse amicale et pour ne pas partir sur de
mauvaises bases, je te propose donc dans un premier temps, que l'on
réfléchisse ensemble à un embryon de théorisation de l'action politique
des associations de défense de l'environnement puis, dans un deuxième
temps, de passer à l'élaboration d'un premier manifeste relatif à une
critique sérieuse de la « prise de décision » par les responsables
politiques et les pouvoirs publics. Car dès lors que l'on cherche à
s'attaquer à ce niveau de gestion, l'affaire devient politique et il
faut être prêts à se défendre correctement.
Jarry-Valarès
I/ THEORISATION POLITIQUE POSSIBLE DES ACTIONS DES DIVERSES
ASSOCIATIONS DE DEFENSE DE L'ENVIRONNEMENT.
J'explique en premier lieu, ce qui porte mes actions. Ce qui
correspond en fait, à mieux préciser le Système de Valeur Possibles
(SVP) qui fonde ma démarche. Exemple: depuis bientôt 30 ans, par
rapport à un monde dont je soupçonnais déjà la démesure et dont je
subissais par ailleurs les nombreux aléas, j'ai fait le choix d'habiter
une région reculée de l'arrière pays méditerranéen, une région dont
j'ai reconnu au premier coup d'½il les attraits esthétiques.
Suit une
description exhaustive de ces richesses comme par exemple:
- La qualité des paysages, de la flore,
de la faune, etc.
- Les ressources en eau, la qualité de l’air, etc.
- L’isolement, l’immensité, etc.
- Etc.
Il se trouve que, placées à l'intérieur d'un possible « Cadre Commun de
Définition », ces richesses sont en train de devenir pour nous, des
ressources exploitables et ce, à l'aide d'un outil de conceptualisation
que nous définirons comme étant celui d'un Développement Durable
(Soutenable). Ce cadre commun de définition a un nom bien précis: il
s'appelle "Parc Naturel Régional du Haut Languedoc" (PNRHL) et pour
moi, il est la seule voie logique et la seule structure existante qui
puisse nous permettre d'évaluer à chaque instant, notre position réelle
quant à la mise en place de nos propres objectifs de développement
durable.
Dans le cadre contradictoire des associations, la première question qui
devrait me venir à l'esprit avant que d'intégrer une quelconque
structure de ce type, doit être par exemple, de savoir ce qu'il en
était auparavant de mon propre comportement social par rapport aux
problèmes des déchets (instant T0) et d'une manière plus large au
niveau des problèmes environnementaux. C'est à dire de répondre aux
questions suivantes. Suit une liste complète et variée de questions que
l’on peut se poser, comme par exemple :
- Qu'en était-il auparavant, de mon
modèle de consommation ?
- Qu'en était-il de ma perception des problèmes environnementaux ?
- Qu'en était-il de mon approche dialectique des méandres du pouvoir ?
- Est ce que je déléguais ma position à un parti politique ? Etc.
A partir de là, chacun doit pouvoir se convaincre qu’au sein des
associations qu’il veut intégrer, la contradiction qu’il apporte contre
le Système Dominant Actif (SYDA) est pertinente et qu’elle fonde bien
un Nouveau Système de Valeurs (NSV). La cohérence autour de ces
différents types de contradictions peut nous permettre alors, de
dessiner les contours de ce nouveau Système de Valeurs.
Suit une liste
de contradictions construites, comme par exemple :
- Depuis bientôt trente ans, je
compostais mes matières organiques dans
mon jardin en les mélangeant à de la paille, je recyclais pratiquement
la totalité de mes déchets. Je trouve alors injuste d'écoper d'un CSDU.
- Par la création d'un gîte rural, je défendais les objectifs d'un
développement touristique Durable et Soutenable de la zone Parc. Je
trouve injuste de me trouver confronté à cette situation.
- Par le développement d’une agriculture respectueuse de
l’environnement, je cherchais à redynamiser une activité structurante
au niveau de l’espace rural. Je trouve indécent qu’on cherche à
détruire cette image, une image que j'ai mis si longtemps à élaborer.
Etc.
Chacun doit ici décrire son objet (l'objet de sa vindicte ou de son
idéal) et pour chacun de nous, l'approche doit lui permettre d’évaluer
au fur et à mesure l'évolution (instant T1, T2, T3...) de sa propre vie
à l'intérieur d’un Parc Naturel. Il suffit pour cela qu’il tienne
compte de son éloignement réel vis-à-vis du modèle en vigueur (pour
cela, il suffit de se construire quelques indicateurs).
Dès lors, cette
démarche peut nous permettre, (après dépouillement par exemple des
enquêtes réalisées à ce sujet), d'identifier les lignes de forces que
nous défendons et ces lignes de forces peuvent nous permettre par la
suite de structurer une position commune autour de la défense de nos
propres méthodes de survie. Dans ce sens, suivant l'activité
développée, les réponses seront très variées, mais elles déboucheront
toutes sur la question suivante: "Quel modèle et quelle
structure dois-je réellement investir pour protéger et ne pas mettre en
danger mon propre Système d'Adaptation Historique et Economique Local
(SAHEL) ?"
Bingo ! Je tomberai immanquablement sur la structure « Parc ». Sinon,
cela voudrait dire que je n'ai pas finalisé mon approche dialectique
des évènements et que je remets encore une fois, ma destinée locale
entre les mains des promoteurs d’un modèle qui m'a déjà éjecté et fait
par ailleurs, subir de nombreux outrages, des outrages dont les plus
graves sont encore à venir, tant il est vrai, qu'une fois que l'on nous
aura imposé un établissement de classe II, à l'intérieur de ce
périmètre, les portes seront alors ouvertes à toutes formes de
démesures.
A partir de là, et ceci sans extrapoler énormément, on peut appliquer
cette forme de réflexion à tous les aspects du développement actuel, un
développement dont les impacts environnementaux globaux sont, il me
semble, excessivement plus dangereux que le problème de décharge que
nous avons actuellement à traiter localement. Je veux parler ici, des
problèmes que j'ai longuement abordés et développés, tant de manière
pamphlétaire que de manière symbolique, à l'intérieur de ce livre.
C'est donc bien au sein d'associations comme les nôtres que doivent
prendre leur envol ces nouvelles aspirations. La décharge n'étant dans
ce cas-là, que le révélateur (le détonateur) de notre volonté locale à
vouloir mettre en place les axes harmonieux d'un développement
équilibré, un développement enfin redevenu à visage humain. Pour ce
faire, l'entité "Parc" reste bien un des lieux possibles et des mieux
adaptés aux expérimentations de ces nouvelles méthodes de développement
et de survie locale.
Il nous reste donc à structurer une contradiction construite sur des
bases légales existantes et si elles n'existent pas, les faire exister
(législation autour des établissement de classe II à l'intérieur d'un
parc naturel, par exemple). Il faut montrer en même temps que tout ce
qui s’y fait actuellement est en totale contradiction avec le modèle
théorique d'un développement soutenable.
Dans ce sens, le CSDU que l’on
veut nous imposer ici, n'est que la partie visible de l'Iceberg de la
démesure du comportement actuel des citoyens par rapport aux problèmes
de consommation. Il faut donc jouer le « Parc » contre toutes les
tentatives du pouvoir local qui tendraient à écarter les bases même de
la mise en place de ce nouveau Système de Survie Economique. Un Système
auquel nous sommes déjà tous liés et qui, il me semble, se trouve au
carrefour de toutes nos préoccupations, que celles-ci soient sociales,
environnementales ou culturelles.
Dans ce sens, ce n'est plus la décharge ou les OGM en tant qu'objet de
récriminations qui nous intéressent, mais simplement de continuer à
faire la critique de la dérive d'un Système de Consommation (SYCON ou
SYTCOM, c’est comme vous voudrez !) qui nous étouffera tous dans ses
bras de velours.
Et, pour t’aider un peu plus mon ami, à prendre
définitivement position, je te propose ici, sous forme schématique, une
aide à la décision politique qui, je l’espère, te montrera la puissance
de l'outil de « dénie démocratique » actuellement en ½uvre dans notre
pays.
II/ SCHEMATISATION DU FONCTIONNEMENT VERTICAL ACTUEL DE LA PRISE DE
DECISION POLITIQUE => LOGIQUE FONCTIONNELLE
III/ SCHEMATISATION D'UN EXEMPLE
DE CONTRE-PROPOSITION UTOPIQUE REGULANT LES PRISES DE DECISIONS
=>LOGIQUE TERRITORIALE
Dans notre modèle de fonctionnement local régulé ():
1/ les entités territoriales logiques
sont identifiées à partir des
ressources locales et forment un tissus socio-économique
interdépendant.
2/ Les idées de développement ou de défense remontent du tissus
associatif qui les transmet logiquement aux structures ad hoc (Haddock
?) de gestion du territoire.
3/ Les structures englobantes sont là pour dynamiser et accompagner
économiquement ces projets, elles créent de ce fait une intégration des
dynamiques.
4/ La pression des logiques de développement extra-territoriales
n'influencent pas et ne pervertissent pas les logiques internes
existantes.
5/ Le niveau institutionnel est transparent. Il arbitre les conflits ou
soutient des axes de développement intégré.
6/ Les décisions sont négociées avec l'ensemble des populations
concernées, qui acceptent ou rejettent les propositions de
développement.
7/ A vous d’aller plus loin (...)
IV/ AIDE A LA DECISION
POLITIQUE: SYNTHESE DES DEUX TYPES D'APPROCHES
V/ MANIFESTE INDECENT DES ASPIRATIONS
UTOPISTES DE CE DEBUT DE XXI ème SIECLE
Nous avons fondé notre réflexion sur les limites historiques des
Systèmes de Production relevées au cours des temps et exposées dans ce
livre. Pour aller un peu plus loin et pour travailler de manière plus
ciblée, nous avons relevé à un niveau local et sur une période qui
court de la mise en place du Parc Régional à nos jours les dérives
(délires) suivant(e)s:
- Le reboisement en résineux se révèle
être un désastre écologique et
économique pour la région (incendies, fermeture des paysages, etc.),
car au départ, n'ont été pris en compte que des facteurs économiques et
scientifiques primaires (le cours du bois est en chute libre et la
restructuration et la protection des sols une utopie liée à la peur
ancestrale des hommes de manquer d'espace agricole).
- La déprise, concomitante à l'évasion des agriculteurs vers la ville,
induit un abandon des pratiques agricoles puis un « enfrichement », et
un reboisement naturel de tout le périmètre du Parc. Ce phénomène
puissant crée des espaces impénétrables où la continuité des activités
humaines est brisée (c'est par là que rentreront les loups).
- L'abandon des terres par les anciens propriétaires se double d'un
blocage du foncier de leur part, ce qui ne fait qu'augmenter le
phénomène de reboisement. Cette attitude bornée introduit des
comportements sociaux vecteurs de futures batailles et de nouvelles
incompréhensions.
- Le trafic routier suit un développement exponentiel relatif à
l'élargissement des routes et met en péril la protection de nos
ressources les plus fragiles, car elles sont livrées aux massacres
habituels d'une vision consumériste des visiteurs et des utilisateurs
de cet espace protégé.
- Les systèmes de traitement industriel des ordures ménagères en même
temps que l'introduction dans ce périmètre d'installations
industrielles de classe II, peuvent mettre en danger les activités
touristiques artisanales et commerçantes locales situées à l'intérieur
de notre territoire en même temps qu'elles créent un impact
psychologique majeur sur les représentations qu'ont les habitants de
leur espace vital souillé.
- La pression touristique, et cela se dessine déjà en dix ans de
développement continu, peut s'avérer terrible en ce qui concerne les
ressources en eau disponible et polluer localement les magnifiques
espaces naturels qui nous entourent.
- La chasse aux « Cochongliers » qui, soit dit en passant, est un faux
problème monté en épingle par des groupes de pressions extérieurs aux
dynamiques locales, menace l'équilibre entre les différentes couches
qui composent le tissu social actuel.
- La disparition, concomitante à la destruction des milieux, de toute
vie
animale sauvage réellement dynamique introduit une idée de « Sur
dominance » de l’espèce humaine qui ne peut à terme que faciliter la
définition d’approches encore plus totalitaires.
- La disparition programmée de tous les systèmes agraires historiques
et
plus précisément ici, du « Système Agraire de type Cévenol », crée un
vide sociétal qui rendra difficile toute tentative de récupération et
de redynamisation de l’espace
rural. Dans ce cadre, l'agrobiologie ne peut à court terme, se
substituer à l'ancien Système.
- La disparition des principales activités rurales liées à l’artisanat
est une des conséquences logiques de l’abandon des dernières pratiques
agricoles.
- A vous d’aller plus loin (...)
A partir de là, et pour conserver les
quelques privilèges qui sont restés les nôtres dans ce cadre de vie
appauvri, nous formulons le manifeste suivant:
5.1/ Nous demandons que soient respectés les termes de la loi qui
régissent les Parcs Naturel Régionaux et ceci au niveau: De la
préservation des espaces naturels sensibles.
De la représentation démocratique des populations dans les prises de
décisions relatives au développement de nouvelles activités.
De l'incidence socio-économique et sociologique des actions de
développement entreprises au sein de ce périmètre.
5.2/ nous demandons que les nouvelles voies déjà défrichées par nos
soins (par nos saints ?) soient respectées et mises en ½uvre de manière
formelle. Celles ci concernent notamment:
- le droit de cultiver ce que l'on veut dans son jardin, et même du
cannabis ou des opiacés, s'il prenait à quelqu'un le désir de le faire.
- La lutte contre l'asservissement à
toutes les formes d’oppressions
établies.
- Le respect de nos tendances pacifistes.
- L'inversion des valeurs entre productivité quantitative et
productivité qualitative.
- l'inversion des tendances de la société de consommation vers une
société de satisfaction.
- La définition d'un statut écologique labellisé à l'intérieur du
périmètre du parc naturel.
- La création de maisons de retraites bien adaptées aux anciens
combattants de la liberté écologique.
- L'interdiction formelle d'élargir les routes de campagne.
- L'arrêt total des centrales nucléaires et du tout nucléaire à moins
de cinq cent kilomètres du périmètre.
- Le développement des énergies dites renouvelables, ceci uniquement en
vue de satisfaire les besoins locaux.
- Le rachat, par le Parc Régional, des lieux de production des
ressources hydroélectriques, à des fins sociales localisées.
- L'accueil des nouveaux venus dans des maisons solaires
expérimentales.
- La perte de labellisation pour toute personne se déclarant
ouvertement d'extrême droite.
- Le vote direct électronique pour des points de définition, de même
que celui des étrangers, même de passage.
- Le droit formel à toutes sortes d'élucubrations.
- Le droit à l'élaboration de théories tangentielles.
- La création d'un institut des fonctions sociales regroupant et
analysant ces nouvelles formes de pensées.
- La création d'associations psychédéliques.
(...)
Pour plus d'informations, vous trouverez, dans tous les commerces
parallèles ou sur Internet, les documents suivants :
- Appel du dix-huit joint.
- Statut des objecteurs de conscience.
- Plate-forme écologique et lois sur l'environnement.
- Loi montagne et Loi sur l'eau.
- (...)
Sachant que tous ces documents et toutes ces actions rassureront les
nouveaux adeptes quant à la réalisation possible et historique de
toutes les utopies qui les encombrent.
Car dans cette société matérialiste messieurs les ordonnateurs,
croyez-vous que ce que vous nous faites faire, est réellement important
? Je plante des sapins à longueur de journée, je vais à la plage
entretenir les bistrotiers racistes, je vais à la messe soutenir la
vindicte des futurs attardés mentaux, etc. Non, vous nous obligez à
vivre tout simplement une relation primaire à l'économie de marché.
Mais cette démarche basique ignore, depuis bien trop longtemps, les
retombées en terme de nuisance des activités débordantes que vous nous
faites accomplir, sous la bannière idéalisée de l’efficacité
technologique (vous ne faites jamais par exemple, l'éco/bilan d'une
action de développement).
Pour nous alors, ce n'est pas grave de penser
que demain vous allez peut-être vous-même, vous retrouver dans certains
cas sans emploi, car nous sommes déjà passés par là. Depuis, nous
acceptons et même nous promouvons les idées « régulationistes » et les
alternatives économiques, mais
à condition qu'elles participent toutes d'un idéal commun. A notre
avis, tous les gens qui auront soutenu à fond le système productiviste
en croyant qu'il était éternel, se feront avoir à la sortie car ils
n'auront pas su muter à temps.
Oui messieurs les accumulateurs, votre psychorigidité économique ne
sait plus aujourd’hui, nous amener vers un changement réel car dans le
fond vous n'êtes tous restés que des productivistes déguisés
engrangeant vos richesses. C'est cela qu'il nous faut bien analyser:
vous n'avez pas vu d'autres solutions historiques que le quantitatif.
D'ailleurs, au niveau de la productivité, chacun savait depuis
longtemps qu'il fonçait vers le néant, ce qui vis-à-vis des risques
écologiques encourus, une preuve d'absolu non rationnel.
Pour nous, à
l'heure actuelle, la notion de « richesse » est à revisiter. Elle est
même très certainement à rechercher ailleurs que dans la productivité
quantitative. Dans le fond, notre richesse à nous, est plutôt devenue
intérieure et le seul décalage réel, nous l'avons créé au niveau de nos
têtes, et non par l’accumulation de biens matériels. Dans ce sens, et
pour aller au fond de nos pensées, nous ne vivons déjà plus en France
ou en Allemagne, mais au Pays de l'Ecologie...
Il faut dire que pour
assumer ce choix, nous eûmes des précurseurs visionnaires et notamment
les promoteurs des Parcs Régionaux, des promoteurs que nous ne pouvons
que remercier chaudement.
Nous revendiquons donc, au sein de ces espaces historiquement libérés
des pressions économiques et sociales conventionnelles, d'avoir la
liberté de structurer notre nouveau Pays et ceci, afin de ne pas
refaire les mêmes erreurs qu'ont fait nos prédécesseurs.
Mais ce
changement de représentation implique une nouvelle approche de la
dépendance et pour nous, la plupart des hommes qui nous entourent ne
sont pas encore prêts à en considérer la nécessité vitale. Alors,
permettez nous d'en faire l'expérimentation, à travers par exemple la
mise en place de nouveaux dispositifs sociaux ou environnementaux. Et,
si par bonheur, cette permission nous est accordée, il faut encore que
vous vous persuadiez que c'est bien à la mise en place de tels
dispositifs que nous nous sommes attelés, pour que plus tard, nous
n'ayons pas affaire à des débiles mentaux qui viendront par leurs
idioties morbides, gâcher ces dispositifs en les critiquant de manière
primaire. Nous ne voulons pas nous retrouver par la suite sans objets
et livrés à la vindicte des politiques locaux les plus attardés (ceux
qui seront très certainement issus du clan des chasseurs).
Oui, à un certain niveau de conceptualisation, on ne peut qu'abonder
mécaniquement vers le type de Projet de Société que nous proposons,
tellement aujourd'hui il nous paraît être à nous, logique et
inéluctable. Le problème est de savoir comment on y arrive. Que fait-on
par exemple, de la notion de propriété privée autour des anciens
espaces agricoles abandonnés, une notion qui, comme on l'a vu au début
du livre, amène une situation de blocage majeur dans la gestion du
territoire ? On fait la guerre aux cons ? On fout tout le monde dehors
? On se fait zigouiller par les tenants les plus amers de ce modèle ?
Non, on monte par exemple, une structure supérieure qui gère le
problème à un niveau différent (Znieff, Natura 2000, etc.) et surtout,
face aux vices des c½urs empoisonnés de lucre, on se donne les moyens
d'en faire réellement respecter la substance !
Oui messieurs les zombis de la productivité, à partir de là, on ne peut
plus aller que vers une conceptualisation écologique des comportements
puisque cette vision a été la seule à être définie en amont de tous vos
instincts primaires de prédateurs inassouvis et ceci, bien avant qu'on
ne l'exprime dans ces lignes.
Voulez-vous qu'on continue à aller droit
vers le vide et le néant des propositions que vous faites ? L'exemple
du pillage des ressources en Irak et en Amazonie ou partout ailleurs
dans le monde, (un pillage de plus en plus organisé auquel nous
participons tous actuellement), n'est-il pas en tout point révélateur
de votre impuissance
à générer des comportements véritablement rationnels autour de vos
propres voies de développement ?
Toutefois, il faut reconnaître, messieurs les imposteurs, qu’à un
certain niveau de définition, votre pouvoir est déjà fortement
influencé par notre propre idéologie (Théologie ?), alors que
l'impossible reste pourtant à faire (la réduction de son niveau de vie
matériel, de son pouvoir d'achat, etc.). C'est pour cela que nous avons
tous cru un moment qu'il pouvait y avoir une voie médiane entre
socialisme et capitalisme (une utopie de plus à notre actif !). Mais on
voit bien qu'actuellement ce rêve est impossible à réaliser, puisque
mutuellement un modèle social structure cyniquement l'autre pour le
confort de la race. Pourquoi est-on allé si vite ? Pourquoi s'est-on
précipité à ce point vers le désastre qui s'annonce ?
Reconnaissez enfin, messieurs les carnassiers, que face à la notion de
travail productif, il nous a fallu dès lors, être bigrement solide pour
proposer d'autres concepts de vie ! Toutefois, si on cherche par
exemple, à faire la comparaison entre ce que vivaient réellement les
gens avant la réalité de leur échec matérialiste et ce qu'ils vivent
vraiment dans les nouvelles conditions de survie écologique, il vous
faudra messieurs, intégrer qu’ici les problèmes sociaux ne sont plus du
tout les mêmes (ils ont changé de nature et dimension). A priori, cette
comparaison est donc impossible à réaliser !!!
A ce titre, il vaudrait
mieux et ceci sans arrière-pensée, mettre en place une régulation de la
sortie du système productiviste qui permette à chaque individu concerné
de ne pas perdre totalement les pédales dans ce nouveau concert, des
régulations qui soient non seulement économiques comme peuvent l’être
dans certains cas, le RMI ou les ASSEDIC, mais aussi sociales. Reste à
inventer un nouveau type de relations sociales.
Il faut dire que,
sociologiquement parlant, cela peut être dangereux pour chacun de nous
tous. C'est pour cela que l'on ne vous dit pas d'y aller vous-même, on
vous demande simplement de considérer positivement ce que nous
expérimentons depuis maintenant plus de trente ans. Pour nous, la seule
vraie réalité est la notion d'Eco Valeur Ajoutée (EVA) parce qu'elle
contraint et parce que nous considérons depuis bien longtemps déjà,
qu'à un certain niveau de performance, votre Système devient de plus en
plus dangereux et ceci, même pour les promoteurs les plus acharnés qui
actuellement en retirent le plus grand des bénéfices (Les lobbyistes de
tout poil).
Ce ne serait tout de même pas si difficile que cela, messieurs les
charognards que, tant au niveau de la bouffe par exemple ou que de la
culture, etc., vous nous proposiez qu'on se satisfasse sans excès, tels
de petits papillons volages, d'un peu de tout ce qui nous entoure,
plutôt que de nous assommer continuellement avec vos discours sur le
chômage ou sur vos courbes de croissance. Y’en a marre à la fin que
vous nous conduisiez sans arrêt vers vos nouvelles guerres de religion
débiles, des guerres qui nous emmerdent sérieusement depuis la nuit des
temps !
Ce que nous voulons par ce manifeste, c'est définir et proposer une
esthétique non-violente, plus puissante que les anciennes croyances.
Dans le secret de nos laboratoires campagnards, nous cherchons à
élaborer un Embryon de Système de Pensée Ecologique Rurale (ESPER), qui
puisera son sens dans une démarche utopique de gestion de l'espace à
des fins récréatives et ses ressources dans tout ce que vous avez
oublié de nous dire.
Cet espace deviendra le lieu de référendums modernes et interactifs, un
lieu où la seule question pertinente sera de savoir par exemple, si
l'on n'y marche plus qu'à pied ou si l’on y invite les indiens
Chihuahuas, les derniers des Guaranis ou les derniers Huichols. Si on
doit y protéger les anciennes lucarnes ou si cela doit devenir un lieu
où s'invente le monde dans l'entrain des dernières farandoles de nos
lutins sauvages (de nos sauvageons). Un lieu d'éparpillement de nos
joies. Un lieu de renouveau des exils de ce monde. Une terre des
nouvelles raisons d'être,
un asile pour les chômeurs de tous poils où ils auraient le droit de
tester toutes leurs utopies. Un territoire pertinent, enveloppe
protectrice des derniers sauveteurs d'espaces naturels, des sauveteurs
logés à l'enseigne du rejet et fuyants leurs innommables carcans. Un
lieu où l'on peut faire venir du monde sans qu'il n’y ait d'excès,
autre que la rencontre. Un « modèle Larzac » en somme...
Chers amis
Gardons nos attitudes fières et élégantes
Osons la mise en scène
qui fait de nous des êtres indomptables.
Disons nos intérieurs.
Faisons sentir le souffle de notre rébellion.
Faisons naître des sens,
créons des oripeaux.
Inventons notre vie !
Et un seul mot de plus: "Résistance"
Fin du Manifeste.
Votre Signatures:
Fin de l'épreuve.
Voilà, afin de vérifier la cohérence de votre « Parcours » humain, il
ne vous reste plus qu'à produire votre propre analyse des événements de
tous les jours et ceci bien sûr, tout en essayant de leur donner un
sens ou tout en en symbolisant les actes. A Chao ! Et Bon Courage !!!
Annexe gratuite : Exemple d’actualité globale autour des différents
sujets traités :
La crise climatique fait irruption sur la scène apocalyptique du monde.
Londres, le 27 octobre 2006.
Réchauffement climatique de la planète : le rapport Stern.
Un coût de 7 milliards de milliards de dollars, des déplacements
massifs de population, multiplication du désordre politique et des
conflits de survivance, etc.
On nomme le document “le rapport Stern”. Il semble bien qu’il pourrait
être appelé à apparaître comme un événement important dans l’histoire
qu’on fera plus tard, s’il reste encore des historiens, de l’évolution
de la crise climatique. Il s’agit du rapport que Sir Nicholas Stern, un
ancien économiste de la Banque Mondiale, vient de donner au cabinet
britannique. C’est Gordon Brown, le futur Premier ministre, qui avait
demandé ce rapport à Sir Nicholas. The Independent, le quotidien
britannique qui a fait de la crise climatique un des thèmes centraux de
sa politique éditoriale, présente ce matin le rapport Stern et les
effets que sa diffusion a provoqués et provoque dans le monde politique
britannique. La particularité du rapport Stern est qu’il envisage la
crise climatique essentiellement dans ses conséquences économiques,
sociales et politiques. Il renverse complètement la pensée admise sur
cette question. Ce n’est plus “si nous faisons quelque chose contre le
réchauffement climatique, notre économie en souffrira” ; c’est au
contraire : “si nous ne faisons rien contre le réchauffement
climatique, notre économie s’effondrera”.
Ses conclusions sont effrayantes : • Si l’on ne fait rien, la crise
climatique entraînera une dépression auprès de laquelle la Grande
Dépression paraîtra bien maigrelette. En fait, un effondrement de 20%
de la production économique.
• Des déplacements massifs de populations entraînant des troubles
ethniques et sociaux de très grande ampleur.
• La multiplication du désordre politique et des conflits de
survivance, la forme la plus sauvage des conflits qu’on puisse
imaginer.
Quelques extraits de l’article de The Independent : «Global warming
could cost the world's economies up to 20 per cent of their gross
domestic product (GDP) if urgent action is not taken to stop floods,
storms and natural catastrophes. »That stark warning was given to Tony
Blair and his cabinet yesterday by Sir Nicholas Stern, a former World
Bank economist, and is said to have left cabinet ministers chastened by
the magnitude of the threat posed by climate change. »In a preview of a
report he is to deliver next Monday, Sir Nicholas told the Cabinet the
world would have to pay 1 per cent of its annual GDP to avert
catastrophe. But doing nothing could cost 5 to 20 times that amount. He
told them: “Business- as-usual will derail growth.” »The massive
700-page report — commissioned by the Chancellor, Gordon Brown — was
described as “hard-headed” and “frighteningly convincing”. It focused
on the economic peril now confronting the world, unless action was
taken to combat harmful CO2 emissions that contribute
to global warming. »“He left no one in any doubt that doing nothing is
not an option,” said one Whitehall source. “And he stressed that the
need for action was urgent.” »His review could be a watershed in
overcoming scepticism about the existence of global warming. “It was
hard-headed,” said another source. “It didn't deal in sandals and brown
rice. It stuck to the economics.” »Mr Brown believes it could force the
oil-dominated White House of George Bush to concede the importance of
action to curb climate change. One minister who was present said it
destroyed the US government's well known argument that cutting carbon
emissions was bad for business. »His report, covering the period up to
2100, warns that climate change could cause the biggest recession since
the Wall Street Crash and the Great Depression. A downturn of that
magnitude would have “catastrophic consequences” around the globe, with
the poorest countries hit first and hardest, Sir Nicholas told the
Cabinet. Insurance analysts, who submitted their evidence for his
report, said they feared insurance claims could exceed the world's GDP.
»One witness said: “The entire pitch of the report is that there is
nothing in it about the need to be green, or about caring for the
environment, it's all hard-headed economic reality,” he said. »The
Treasury believes that publication of the Stern report could be a
turning point in public opinion in America, to force the Bush
administration to accept the scientific evidence that global warming is
happening. »“It is huge, a desk-breaker. It could be as important for
climate change as the Africa Commission was for poverty in Africa. Its
biggest impact could be on public opinion in America, which is like
turning around a tanker,” said one official. It is expected to dominate
the UN international climate talks scheduled to start in Nairobi,
Kenya, next week.» La perspective d’une “contre-révolution
copernicienne”
Puisque Sir Nicholas a développé sa prévision du point de vue
économique et politique, considérons ses effets du point de vue
politique le plus immédiat. Nous avons pensé depuis longtemps que la
crise climatique est un facteur fondamental de l’évolution de la crise
de civilisation, que sa réalité est d’ores et déjà perceptible, que ses
effets seront immenses. Le rapport Stern apporte un outil d’analyse qui
va précipiter la perception de cette crise et de ses conséquences et,
sans doute, qui va amener des effets immédiats. Cinq points (dont une
annexe) au moins méritent notre attention : • Le monde politique du
Royaume-Uni, et notamment le gouvernement actuel, acceptent aisément de
faire de la crise climatique un facteur important de leur communication
politique, puis de leur politique. Une telle “tactique” donne aux
Britanniques un moyen de sortir de l’épouvantable situation où ils se
trouvent à cause de l’Irak, si l’on veut “sortir par le haut” en
évacuant la crise irakienne par une autre crise, d’une importance
singulièrement plus importante. Elle permet au Royaume-Uni d’espérer
retrouver un certain lustre, un certain poids international en pleine
déroute irakienne. • C’est Gordon Brown, futur PM britannique, qui a
commandé le rapport Stern. Brown est en pointe sur ces sujets, surtout
s’ils sont abordés du point de vue économique. Cela réconcilie le reste
anémique d’idéal internationaliste du Labour et la préoccupation
économiste du New Labour. Comme les autres partis britanniques (dont le
nouveau leader conservateur Cameron) sont également préoccupés par la
question, cela signifie que l’orientation britannique comme leader de
la mobilisation contre la crise climatique ne fait guère de doute. •
Mais le cas oppose frontalement Londres et Washington, pour toutes les
raisons du monde. Washington a l’orientation qu’on sait, avec une
administration totalement dans les mains des pétroliers. Washington est
obsédé par l’Irak, avec toute la vanité et l’hubris du simili-Empire
engagés dans cette affaire ; il sera difficile de lui donner une
orientation différente. Washington est politiquement un point de
désordre sans précédent,
avec une absence d’unité, de pouvoir et de légitimité. On ne mobilise
pas aisément un tel chaos. Avec une crise climatique à laquelle
l’inculture US ne comprend rien et qui heurte divers intérêts à courte
vue, cela sera encore plus difficile. • Point annexe du précédent : si
les conditions de la crise climatique se précisent vite et si
Washington est incapable d’agir, on va assister à un renforcement
dramatique du mouvement centrifuge aux USA sur ce sujet. De nombreux
Etats et villes ont déjà choisi de suivre les normes de Kyoto. Cette
opposition intérieure contre Washington risque de devenir dramatique si
l’on ajoute les tensions dues à l’Irak et à la catastrophe
washingtonienne actuelle, et aux tensions de la question de
l’immigration. C’est pour le compte que des hypothèses qui semblent
aujourd’hui loufoques de sécession peuvent devenir très sérieuses. •
Plus encore, pour le petit moyen terme : la lutte contre la crise
climatique et les conséquences de la crise climatique impliquent
nécessairement une révision radicale, voire l’abandon de la doctrine du
libre échange, du marché libre, du “laisser-faire” général qui
caractérisent la pensée dominante. Le choc est terrible pour
Washington, mais aussi pour Londres, pour les penseurs type-Barroso de
la Commission européenne, pour la pensée dominante, pour les élites du
monde telles qu’on les connaît, pour le système et notre soi-disant
“civilisation”. Si l’orientation envisagée par le rapport Stern se
confirme — et tout porte à le croire — on se trouve réellement devant
des perspectives apocalyptiques. Encore le rapport n’envisage-t-il pas,
puisque ce n’est pas son propos, les conséquences psychologiques d’une
telle évolution. Il s’agit de la mise en cause radicale du système de
la modernité par le système de la modernité lui-même (le réchauffement
climatique est essentiellement dû, pour sa rapidité, aux déchets et à
l’activité de l’économie du système de la modernité). Une conclusion
par l'absurde est que si nous avions un autre système économique, nous
pourrions sans doute mieux résister au choc dont notre système
économique présent est responsable... Toute la pensée moderniste
occidentale est impliquée, avec la perspective d’une “révolution
copernicienne” à l’envers (une “contre-révolution copernicienne” ?).
C’est le système de développement économique machiniste lancé au
XVIIème siècle, selon les premières conceptions du modernisme qui
triomphe aujourd’hui, qui va engendrer une catastrophe planétaire dont
l’un des effets est de mettre totalement en cause tous les aspects de
ce système, notamment ses fondements économiques — puisque ce système
s’est donné comme sens rien d’autre qu’une finalité économique. Tous
les aspects de la pensée moderniste, basée sur le machinisme et la
science, fondée sur le Progrès, sont confrontés à des révisions
radicales. L’équilibre de la psychologie humaine et la cohérence de la
culture dont elle est abreuvée sont directement mis en cause et
menacés. On peut toujours s’en sortir, pour quelques semaines
d’optimisme supplémentaires, par le sempiternel : “mais le génie humain
parviendra bien à résoudre également ce problème, comme il en a tant
résolu déjà”. Avec GW à la Maison-Blanche et Barroso à la Commission,
la formule recèle la substantifique moelle d’une mortelle ironie qui
n’a pas fini de faire rire le Diable.
Daniel Faugeron dfaugeron@attac.org