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  Que faisiez-vous pendant ce temps ?

Chapitre XVIII
CHAPITRE XVIII
Quand nous sommes arrivés ici, nous sortions d'un combat social qui durait depuis plus de quinze ans. Quinze ans donnés au patronat et à la production de masse. Quinze ans au service des idéaux prolétaires. Il fallait donc qu'on nous fiche la paix. Nous avons tout fait pour, ceci est vrai, mais après nous être fait tabasser de tous les cotés pour la défense d'une société nouvelle, c'était là notre dernier refuge. Nous étions en colère et alors ! Cela ne valait il pas mieux que toutes les armes qui sont désormais cachées sous vos gros oreillers.
  

Le minimum que l'on puisse demander et même revendiquer de la part de ses voisins, quand ils sont les adeptes des évangélistes du 45ème sous-sol, c'est qu’afin de nous convertir à leur foi, ces derniers fassent de temps à autre quelques véritables miracles. Nous les mîmes au pied du mur, un jour de grande discussion, en leur enjoignant de disparaître le plus rapidement possible. Ils en restèrent bouche bée.

Le litige, une fois de plus, venait du fait que nos animaux domestiques profitaient de tous les pacages et autres pâturages présents autour du site (on se répète souvent à la campagne...) et que ces derniers « destroyaient » trop fréquemment le toit de leur vieille maison; les chevreaux il est vrai, ayant la désastreuse habitude d'escalader et de se servir, à des fins ludiques, de tout ce qui peut ressembler à un tremplin. Bien que n'ayant pas l'intention de réparer leur propre toit en ruine, ceci pour de sombres histoires d'indivision et faute de savoir par ailleurs, à qui s'adresser vraiment, pour faire constater les outrages du temps, ils se plaisaient à nous faire régulièrement constater les dégâts que leurs occasionnaient nos petits animaux. De plus, bien que mangeant de la viande à tous les repas que leur permettait le bon dieu, ils avaient une peur panique de tout ce qui allaient et venaient à quatre pattes. Ils avaient pareillement peur de certains volatiles (deux pattes, deux ailes, deux queues) que nous entretenions pour l’exemple, des drôles d’oiseaux qui parfois il faut le reconnaître, étaient assez belliqueux. Mais le coq n'est-il pas depuis bien longtemps déjà, l'emblème de la Gaule et à ce titre, ne devrait-on pas le protéger des malédictions évangélistes ? Ces derniers afin de se défendre des puissants coups de bec du volatile, réussirent à porter plainte auprès de certains juges, pour coups et blessures de la part du gallinacé (les tribunaux sont compréhensifs pour ce genre d'affaire qui les fait fonctionner). Cet animal eu momentanément la vie sauve mais finit toutefois lamentablement sa vie de manière brutale, proprement « escané » par un chien de chasse trop jeune encore, pour faire la différence entre un poulet de grain et une bécasse. Mais revenons à nos moutons.

Pour plus de précision, il faut dire que les relations quasi sacerdotales que voulaient nous imposer les élus de service, supposait un approfondissements intellectuels de la situation qui allait bien au delà de nos propres capacités cérébrales. Pour nous montrer le b-a-ba en matière d’hygiène, ils nous disaient par exemple, qu'afin de ne pas laisser de traces visibles de leur passage, les hébreux, lors de leur fuite d'Egypte, avaient fait leurs besoins naturels pendant plus de quarante ans consécutifs, en creusant de petits trous dans le sable du désert qu'ils traversaient. Façon habile de nous dire que nous laissions traîner derrière nous, de trop nombreux morceaux de papier hygiénique colorés. Il est vrai que quelques papiers roses emportés par le vent, ça fait un peu désordre au sein de nos sociétés hyper pasteurisées. Toutefois, ils n’allèrent pas ce jour-là, jusqu’à nous dire si les hébreux de l'époque utilisaient du « Pampers » ou bien du « Lotus » pour se nettoyer, lors de leurs ablutions intimes.

Situés bien trop loin des tout-à-l'égout citadins qui ailleurs, évitent ce genre de diatribe, nous fûmes définitivement confondus par nos traces. Mais faute de mieux, les bonnes répliques du genre: « Et vous, comment faites-vous donc pour satisfaire vos besoins naturels puisque par ici, il n'y a que du rocher et plus aucune vigne à l’horizon ? », fusaient alors de toutes parts et à partir de là, la discussion devenait de plus en plus pénible à suivre pour quelques visiteurs inattendus.

Malgré tout, cette discussion sommes toutes basique, s'élevait parfois à des niveaux beaucoup plus intéressants et, une fois que nous avions dépassé les notions primaires de Chiotte, de Dieu et de Diable (leur CDD cosmique) que portaient en eux nos vénérables témoins, les véritables motivations qui régissaient ces fils du ciel, parvenaient parfois à nous faire frémir (à cette époque-là, nous aimions frémir).

Partant de l’idée que toute une partie de leur famille avait été massacrée par les rouges au lendemain de la révolution russe (paroles que, sur le moment, nous ne remîmes pas en doute) ils pensaient pour cette raison même et en tant qu’exilés du système antérieur, avoir le droit de défendre devant nous, les thèses les plus banales de l'extrême droite. Vaste programme et thèmes de discussion porteurs, me direz vous ! Sans l’avoir voulu, nous nous retrouvions de fait, face à l'une des formes les plus conditionnées et les plus extrêmes d'anticommunisme primaire et, bien que n'étant pas nous-mêmes pour l’essentiel que des Marxistes inébranlables, nous fûmes pourtant momentanément ébranlés dans notre foi dans l'autre.

Afin de sortir de ce véritable guêpier historique, nous leur répondions derechef qu’il y a fort longtemps déjà, toute notre famille avait été elle-même, exterminée par les inquisiteurs - Ceci au nom de je ne sais plus qu'elle autre type de sanglante utopie– Nous leurs répétions sans cesse que malgré toutes ces barbaries passées, rien ne nous avaient jamais empêché depuis lors, de nous insurger contre les principales thèses racistes et/ou antisémites, des thèses qui on ne sait pourquoi, prenaient régulièrement corps autour de nous.

Pour les calmer, nous leur parlions aussi, le plus souvent possible, des existentialistes et de cette forme de pensée moderne dont ils n’avaient jamais rien su, ni que faire, mais que dans le fond, ils haïssaient si fort…

Ainsi, nous trouvions-nous dans une situation surréaliste au cours de laquelle, un ex-prêcheur polonais converti au protestantisme américain, défendait des thèses d'extrême droite auprès de potentiels bio-marxistes. Suivez-vous l'itinéraire culturel de nos amis les hommes et y comprenez-vous réellement quelque chose ? Peut être me répondrez-vous ici que dans le fond l'Histoire se trompe souvent de côté et qu'elle n'en est pas par ailleurs, à un quiproquo de plus ou de moins afin de satisfaire ses exigences momentanées, faisant régulièrement endosser aux uns ou aux autres, les lourds fardeaux de destins ambigus aux finalités étranges.

Ainsi, nous qui à cette époque-là, n'aurions jamais fait de mal à une mouche, de peur de créer une injustice sociale, devenions-nous (peut être à cause de cela), les détenteurs potentiels de secrets équivoques pouvant changer la face du monde, par des voies maléfiques et malfamées (notamment par les voies de la non-violence !). Eux-mêmes, de leur côté et avec toute la bonne foi qui les transportait, auraient-ils détruit s'ils l'avaient pu, la moitié de la planète à coup d'anathèmes viscéraux et poussiéreux. Ça fait beaucoup de monde à abattre, me direz vous ?! Mais après avoir longuement analysé leur folie ambiante, je peux vous certifier ici, que dans leur inconscient, caché depuis on ne sait combien de temps, aurait pu resurgir une vieille folie vengeresse, une folie au nom de laquelle ils auraient alors tenté de nettoyer toute la moitié du globe de tous ces vulgaires incroyants qui la peuplait et dont nous faisions occasionnellement partie. Dans ce sens, leur (sainte ?) colère sortie d'on ne sait où, restait bien le moteur inébranlable de leur foi en jésus. Cependant, tout le monde le sait maintenant, « Jésus cri, la caravane passe... »

Leur ambition suprême nous l’avons découvert, était qu'ils voulaient dominer le monde au nom de «Géo va» (et vient). Folie extrêmement dangereuse on a pu le constater tout au long de l'Histoire. Vous me direz qu'il en faut quelques uns pour ne pas trop s'ennuyer sur terre, mais nous qui avions été formés au sein des plus purs idéaux libertaires, cela nous laissait tout de même légèrement songeurs... Modifiant au fur et à mesure leurs manières d'être, jusqu'à en devenir inutiles, ils entretenaient régulièrement envers nous, une sorte de guéguerre débile, mais surtout, on le voyait un peu plus chaque jour, ils conditionnaient leurs enfants à la perspective de cette nouvelle guerre sainte. Ils les conditionnaient jusqu'à les rendre schizophrènes, impropres à la vie, quitte à les faire enfermer plus tard dans des asiles d’aliénés. On voit mal la logique, ou peut-être celle-ci est-elle trop limpide pour qu'on l'accepte telle quelle, tant il est vrai qu'elle peut paraître débile et intolérable (intolérante). Nous leur savons tout de même gré de nous avoir maintenus dans la position primitive qui nous avait fait entrevoir, dès le départ de cette aventure, qu'aucune guérison à la connerie humaine n'était réellement possible.

Sujets intéressants à analyser en ces temps de luxure. D’ailleurs, avant de poursuivre plus avant cette vaste considération sociologique, je vous y laisse penser un court instant en solo. Mis à part, les différents existentiels, voici à peu près ce qu'ils avaient localement à nous reprocher:

- d'être des adeptes des libres penseurs ce qui pour eux, entraîne la disgrâce.

- de semer des orties dans leurs jardins ou ailleurs devant leur porte, ce que les gendarmes n’ont jamais pu prouver.

- de nous promener à poil, les jours de grand soleil.

- de recevoir des gens de toutes parts et de tous horizons (rasta, babas, bobos, bibis, bibus, babis, bilbos, etc.).

- de ne pas être les adeptes de la secte des adventistes du 45ième sous-sol.

- de dégrader tous les sites par notre seule présence.

- de manger leurs noix à leur insu.

- de ne pas leur signer de chèques en blanc, quand ils étaient fauchés.

- de ne faire et de n’écouter que de la musique de barbares.

- d'attirer avec nos petits animaux, toutes les mouches de la création.

- de les gêner avec nos tas de sable.

- de les empêcher de passer avec nos véhicules décatis...

- etc.

Alors que finalement, nous ne leur demandions que la reconnaissance de la genèse de notre pensée alternative et ceci tout simplement, afin que les thèmes existentiels que nous leur proposions régulièrement leurs deviennent enfin, un peu plus familiers... (...)

Implications idéologiques de chacun dans la vie de tous les jours

Décisions individuelles et collectives

Intérêt des découvertes ou de l'inconnu

Interdépendance des idéaux

Choix humains

Dépendance sexuelle

Instinct de mort

Dépassement du moi

Survie et Survivances

Moyens de survies

Intérêt d'une chronologie

Recherche de ses racines

Création d'un univers idéal

Rencontres

Univers de l'homme

Univers de la femme

Défense des acquis par rapport à toute nouvelle idéologie

Création du sectarisme

Recherche des structures (...)

Mais tous ces thèmes de réflexion, ne faisaient alors malheureusement partie pour eux que de l'illusion et que de la magie ambiante.

Finalement, on le voit ci-dessus, la nouvelle école « antisociale » que nous projetions de fonder n'avait pourtant de dangereuses que ses propres utopies existentielles, des utopies qui ne s’opposaient pas uniquement à la folie des religions en cours, mais qui s’opposaient historiquement aussi à nos anciens horizons marxistes. Les propos qui vont suivre, vous en convaincront aisément. Oui camarades ! Le temps est venu de vous dire ici, toute la vérité.

Car dans le cycle éternel des idéologies nouvelles, nous nous sommes promenés.

Tels de petits écureuils discrets, nous nous sommes amusés çà et là,

dans toute cette Europe industrieuse et même ailleurs,

à déjouer continuellement les pièges de la vie.

Nous avons participé de tout c½ur à toutes les visions et ce n'est pas peu dire !

Travailleurs acharnés et compagnons de lutte, nous avons donné le meilleur de nous-même,

d'abord à nos patrons, ensuite à vos idées.

Mais notre fantaisie a fait de nous des êtres sans attaches,

compagnons attardés de tous les combats voués à l'échec.

Nous avons pourtant été de tous.

Nous avons participé à toutes vos beuveries joyeuses,

nous avons dilapidé notre temps à vous aimer (et surtout à vous attendre !).

Mais l'attirance était autre, plus lointaine, autre part, dans d'autres ports,

sous d'autres cieux ou sous des cieux différents.

Pourtant, les horizons politiques auxquels nous avions auparavant participés, n'étaient faits que d'idéaux antifascistes. Mais était-ce bien là, un véritable idéal de vie ou le rejet perpétuel d'une hydre intériorisée et sans cesse renaissante ? Le bien comme exutoire du mal ou bien l'inverse ?

Oui, l'appel sans cesse nous attirait ailleurs. Nous vous accompagnions par déférence presque, parfois par politesse. Car ce qui nous attirait finalement le plus c'était la mer jaune, c'était le désert bleu, c'était le vent dans la forêt ou dans les herbes folles. C'était la liberté.

Et, dans cette chronique plus ou moins absurde de la lutte sociale, nous aurons pourtant été sur tous les fronts. Sautant des mois de mai parisiens, aux rues de Barcelone empestées par l'odeur de cadavre des fascistes en train d'agoniser. Nous bousculant aux portes des boulevards Athéniens pour sauver tout un peuple des dangers de l'armée. Faisant battre sur le Larzac, les c½urs d'une gauche en marge du destin. Claudiquant sur un pied après les charges immondes de mains gantées de fer. Atterrés par les assassinats perpétrés auprès des tourelles des poubelles nucléaires. Revenant à Paris enfin pour vous surprendre une dernière fois. Nous essoufflant sans cesse à poursuivre le temps. Vous connaissez le reste.

Il faut dire, en exergue de cette relation complexe à l'autre, que ce n'est pas si facile que de s'intégrer dans une lutte sociale, ce n’est pas si facile que de nier les évidences si évidentes pour tous, d'anticiper les étapes à venir, de participer le moment venu aux évènements importants, de ne pas se tromper de combat, etc., tout en sachant qu'au bout de cette ligne existe la misère des processus de récupération... ou le rejet social.

Car depuis la nuit des temps, c'est de sentir la peur qui monte en vous qui nous hante vraiment, cette peur des ténèbres noires qui peuple les angoisses de l'Histoire, peur de ces espace troubles ceints d'incendies volontaires, peur du vide des sens. Vous subissez la vie, opprimant vos désirs, jusqu'à en devenir les piètres importuns; jusqu'à ce que l'ordre règne; jusqu'à ce que l'onde vous noie sous les lames sans fond d'une mer sociale assoiffée de dégâts. Pourtant nous avons depuis toujours, aiguillonnés l’espace de nos rêves, sans trêve ni repos. Ô ! Monde taciturne, qu'as-tu fait de nos joies ?

Oui, nous avons été les vecteurs de la gauche bavarde, de cette nouvelle foi sociale engloutie dans les marigots d'un capitalisme triomphant. Toutefois, pour ne pas tomber de trop haut en redescendant de l'estrade (en fait, pour ne pas nous casser la gueule), nous avons en même temps déplacé la ligne de la dialectique. Et, nous sommes toujours là, ailleurs, improvisant des scènes où les nouveaux attributs (les nouveaux décors) sont faits de plumes d'oie. Car pour nous, la liberté se gagne avant tout sur le front des intempéries.

Usant de nos valises pour confondre l'espace, au sein des traquenards que nous tendaient des hommes claquemurés jusques aux dents dans leurs idoles de béton armé, nous avons cherché à donner un nouveau sens à la vie, autre que cette guéguerre infâme que vous nous procuriez.

Au loin des temps immondes que vous passiez continuellement à gagner cet argent, médium de vos pouvoirs, le long de firmaments plus rouges que le sang, nous avons essaimés.

Terres des équivoques, labours incandescents, ravages d'autrefois, trains de la mort blindés de certitudes, angoisse des perdants, vieilles lunes atrophiées de rayures, espoir des ventricules, rondes des assassins, monde des orphelins, rage immense perdue à pousser devant soi une boule de merde. Voyez la cohorte des non mutants, ces non-voyants des idéologies orphelines. Et tous ces gens ont encore pour la plupart des croix cachées dans les placards de leur mémoire collective ! Mais ça leur sert à quoi ? A vaincre les ténèbres ?

Après enquête nous pouvons statistiquement affirmer que depuis très longtemps déjà, cela ne leur sert plus à rien...

Ô ! Gardiens de la nuit fécondant nos encens, peuples de moribonds entremêlant l'Histoire de vils états de nuire, mon enveloppe craque, cette enveloppe me gène. A moi, Monsieur Hulk ! Oui, c’était bien là une quête de l’absolu que nous vous proposions, mais avec un peu de réflexion et j'ai vécu tout cela comme d'autres vécurent les tranchées en 14/18. Il y a eu des morts sur ce champ de bataille, afin que ces utopies minables, vous montrent le chemin.
Ecrire, rectifier, donner son avis