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  Que faisiez-vous pendant ce temps ?

Chapitre XV
CHAPITRE XV



Un objet d'art, est la représentation, à un moment précis de l’Histoire, de la synthèse des connaissances de l'individu qui l'a créé.
  

Comme tu le vois, ma chère poétesse citadine, cette maison qui fleurait si bon le passé, correspondait bien à l'asile parfait de nos recherches.

Mais reprenons au plus vite sa construction. Tel le forgeant devenu forgeron, le marginal devint maçon, charpentier, couvreur, carreleur, plombier, électricien, architecte, mécanicien, agriculteur, éleveur, bûcheron (c'est en bûchant qu'on devient bûcheron), écrivain (c’est en lisant qu’on devient liseron), etc. Une polyvalence extraordinaire dont les connaissances se limitait, là où commençait vraiment la spécialisation de chacun des corps de métiers. C'était cependant une manière assez intéressante pour se valoriser et les connaisseurs, tout en mesurant les limites du savoir, étaient bien obligés de nous reconnaître une certaine envie de faire. Et puis, entre nous, il faut bien passer son temps à faire quelque chose.

Petit à petit, la baraque se transforma de fond en comble. Les chapes vinrent remplacer les planchers défaillants, les parquets neufs remplacèrent les vieilles planches de bateaux, les carrelages remplacèrent le gris des chapes, les murs ventrus et penchés se redressèrent. Nous nous arrêterons un petit moment sur le toit d'ardoises bleues, et, pour la hardiesse de sa réalisation, nous compterons une canette de bière par ardoise posée. Ainsi, les ethnologues futurs recherchant dans deux cent ans ou plus, la trace du génie de l'homo-marginalicus (ex-marginalocalibus), et découvrant au hasard des fouilles un nombre incalculable de canettes de « Kronenbourg » enfouies sous les décombres d'un ancien toit de lauses, se feront-ils une idée plus exacte des m½urs de ceux qu'ils considéreront peut être à juste titre, comme les néandertaliens de l'écologie appliquée. Nous-mêmes, nous avons retrouvé de vieux tessons de bouteille et dans certains crépis, d'anciennes pièces de monnaie datant du XVI e siècle. Jeu de hasard induit par les maçons ou présence historique avérée ? Posons-nous la question ? Nous répondrons qu’ici la présence humaine est attestée depuis le Haut Moyen Age, par la cession de terrain de la part des « saigneurs » du crû Minervois. De plus, nos propres sources historiques font remonter dans la région la présence humaine bien avant 1062. Cela ne veut pas dire que la maison fut construite à cette époque-là, ni d’ailleurs que ce lieu-dit ait été déjà habité.

Toutefois, on doit pouvoir faire remonter sa construction à cinq ou six cent ans. Ce qui dans le fond, n'est déjà pas si mal pour un abri de fortune et de la même manière que dans un site historique, l'archéologue joue sur la superposition des cultures pour savoir combien il y a eu d'erreurs successives, nous pouvons nous aussi de notre côté, nous amuser à remonter le temps et découvrir dans la maison, d'après l'emploi des matériaux, le type de construction ou la reprise des murs, les différents âges de la bâtisse, de même que sa forme primitive. Ainsi certains murs sont cimentés à l'argile et à la terre crue et d'autres, plus récents, à la chaux et au sable pailleté. Tel type de linteau correspond à une époque précise ainsi que la manière de construire la cheminée. Si l'évier de marbre est taillé à la boucharde, nous saurons qu'il n'a pas été posé avant la moitié du 19ème siècle, sinon s'il est creusé de manière brute dans une lauze rouge il peut être, dans ce cas-là, très antérieur. Le pavement des rues doit nous parler d'une époque différente, la manière dont est construit le four aussi; les pierres en ont été choisies dans des lieux très précis. Ce sont des pierres réfractaires dont certains anciens connaissaient encore il y a peu, l'emplacement des gisements.

Nous retrouverons d'ailleurs, sur la commune, les traces de carrières où la pierre était taillée sur place puis charroyée à travers toute la commune, à l'aide de b½ufs attelés ou de chevaux harnachés. Pour les étapes ultérieures de la construction, nous trouverons à proximité du hameau des fours à chaux. La vie en ces temps reculés devait être tout de même intéressante à définir. Nous trouverons aussi, pas très loin de là, un moulin à eau avec les vestiges de ses anciennes meules de pierre, taillées un peu plus loin dans une carrière affectée à ce rôle. Il y a dans ce moulin un mécanisme d'utilisation de la pression d'eau stockée dans des bassins surélevés. Même par ici, la technique arrivait... L'interdépendance devait être, à tout les instant, terriblement présente et, dans cette quasi autarcie, les rapports humains étaient certainement très forts.

Pendant qu’ils se fatiguaient les reins à construire leurs propres cathédrales, ces murettes grises grimpant le long des pentes abruptes, jusqu'en haut des bannières ventées, des murettes jetées là, comme d'inamovibles drapeaux de pierres à la face de dieu, vers des cieux devenant chaque jour plus inaccessibles et plus silencieux; dans cette soumission désespérante à l’effort, dans cette création de futurs enchantements inanimés, que pensaient donc les hommes de la (leur) vie ? Comment ont-ils créé leur "Pays", leur « Réel » ? De quelles informations ont-ils disposé pour produire leurs propres représentations. Quels ont été les critères objectifs qui leur ont permis de mettre en place leur propre Système de cohabitation et leur propre Système de pensée ? En un mot, à quoi ressemblait par rapport à aujourd’hui, leur communication et leur vie de groupe ?

La richesse de notre imagination peut, si on porte son regard sur ce qui caractérise les activités humaines dans différents types de systèmes, (ici, l’ancienne activité agraire d’une part et l’activité agricole actuelle d’autre part), nous permettre de commencer à donner une réponse ambiguë à cette problématique complexe qu’est l’approche systémique. Pour nous, les nouveaux annalistes, il y a tout d'abord, une correspondance historique étroite entre l'importance (la taille) des supports productifs et les dynamiques sociétales autour d'un Système de Production donné.

Pour argumenter ce débat, c'est à dire pour expliquer les réalités locales et les mutations qui ont eu lieu au sein de cet espace rural aujourd’hui en voie d’abandon, notre recherche des correspondances s'appuiera donc, sur la démonstration du rôle du parcellaire dans les échanges au sein et entre deux Systèmes de production :

- Le Système de type Agro/Pastoral ((le SAP), le SIII, page41) qui eut son apogée à l’époque Médiévale et que l’on peut voir tout au long de sa durée de vie comme une sorte de « Nouvel Espace de Liberté Locale Intégré » (NELLI), un espace que découvraient les hommes et qu’ils mettaient quotidiennement en valeur. C’est un Système dont le modèle a perduré très tard dans certaines zones géographiques et qui a rempli partout les campagnes d'une vie incroyable. Une espèce de matrice générationnelle en quelque sorte, vouée à l’acclimatation locale des espèces végétales cultivées et animales. Dans ce cadre, la survie de ce Système dépendait avant tout de la réussite de l’activité agricole. C’est cette forme d’adaptation qui a donné petit à petit les caractéristiques des différents terroirs, une extraordinaire diversité de terroirs que nous identifierons d’une manière plus large comme étant plutôt des « Sous-Systèmes Agraires » de l’ancien Système Agro/Pastoral global. Ces Sous-Systèmes sont eux-mêmes localement identifiables à partir d’un certain nombre de variables. Par exemple dans tout le Piémont méditerranéen existait le Sous-système Agraire de type « Cévenol ».

- Le Sous-système Agricole (SSA) actuel qui sera vu comme un espace de contraintes (un espace de production) et dont l’évolution est fortement liée à la réussite du Système Industriel Minier (Le SIM, (Le SIV de la page 41)) global. Ici, la survie de l’espèce se joue ailleurs que dans le pré. Cette survie se joue plutôt, dans le parcellaire très étroit des zones industrielles et dans le péri urbain (le rurbain). Mais même si ce type de Système ne s’est jamais vraiment imposé dans notre petit coin de nature et ceci, pour des raisons que nous n’exposerons pas plus longuement ici, on peut dire qu’il a vidé un peu partout les zones rurales de leur véritable sens historique (Voir la carte et les statistiques, pages 89-90). Pour nous, depuis le début de la Révolution Industrielle, la mise en ½uvre de la matrice cadastrale autour de l’ancien parcellaire équivaut de fait à une privatisation constante de l’espace. Pour nous aussi, cette privatisation borne définitivement, à l’aube du 19ème siècle, le sens historique du projet rural (voir dans le SIII de la page 41 la zone d’incertitude relative d’un système englobé).

Pour poursuivre cet exposé, nous dirons qu’avant le début effectif de l'exode rural, la taille des parcelles était en général très petite car les gens n’y vivaient que d’une activité agraire pratiquement non mécanisée. De fait, l'espace vital était distribué entre deux types de territoires distincts : « le Saltus » que se partageaient de manière extensive l’homme, les animaux domestiques et les animaux sauvages et « l’Ager » que cultivaient entre eux les hommes.

De nombreux habitants s’éreintaient donc, de nuit comme de jour, à mettre en valeur une partie de cet ensemble naturel, un ensemble depuis toujours resté relativement « sauvage » (voir le modèle dynamique de la page 89). Dans le parcellaire médiéval regroupé où l'homme avait encore peu mécanisé son action envers la nature, on peut imaginer dès lors qu'il y avait localement sur cet « Ager », beaucoup plus de communication directe entre les gens qu'aujourd'hui (plus d'interdépendance réelle) car la taille des parcelles et des « supports d’exploitations » était nécessairement à la mesure de ceux qui quotidiennement les exploitaient à la main. Dans ces lieux, isolés, les gens étaient donc physiquement très proches les uns des autres.

On peut penser aussi que, décalée d'un ailleurs rapidement vérifiable, cette promiscuité créait inévitablement des points de rencontres et des frottements perpétuels, des tensions, des dynamiques de développement, etc., vecteurs de sens et de réel bien adaptés aux situations locales (créant cette adaptation, la générant même (races locales, variétés de plantes cultivées, produits du terroir, etc.). Si on suit cette idée, on peut même concevoir que les principales décisions du « Sujet Local » et les choix sociétaux qui s’en suivaient, dépendaient avant tout du nombre d'individus capables de se mettre d'accord sur un thème de réflexion donné ou sur la perspicacité d'une information qui leur arrivait d‘ailleurs. De plus, peu de médias permettaient alors une diffusion large et rapide des nouveautés, ce qui avait pour effet d'en limiter la portée (de retarder l'Histoire), tout en laissant aux gens le temps d'en adapter les usages. Dans le cadre étroit de ces différentes formes de déterminismes, il est intéressant tout d'abord de se poser une question sur la validité de l'information transmise (colportée) lors de ces processus d’élaboration identitaires et par delà, la question essentielle de la valeur historique d'un point de vue construit.

A partir de cette interrogation lourde de sens : « Suis-je vraiment fou de vouloir me construire une identité à partir des ressources locales ? » et malgré (ou à cause de ?) la présence de nombreux Facteurs Limitants (comme par exemple : la rigueur du climat, la nature plus ou moins accidentée des terrains, etc.), on peut dire que cette volonté d’adaptation locale des individus à un environnement donné, a généré (a différencié ?) au fil du temps et dans toute zone géographiquement distincte, un système de production (de survie) nettement identifiable. Par exemple dans les Cévennes, « le Système Agraire de type Cévenol » (le SAC). Un Système lui-même basé sur l’intensification de quelques productions bien adaptées comme le Châtaignier, la Chèvre, etc., productions auxquelles il faut ajouter celles plus ou moins bien adaptées du système agraire global (une polyculture et un polyélevage extraordinairement diversifié qui permettaient en toutes circonstances la survie primaire des populations présentes mais aussi, leur développement différencié).

Aujourd'hui par contre, là où l'évolution historique des méthodes culturales a pu s'exprimer grâce à la mécanisation (grâce à l’industrialisation), la taille des parcelles et des exploitations est devenue beaucoup plus grande qu’auparavant. Mais parallèlement, l’ancienne communication de groupe qui existait dans le système antérieur, est maintenant devenue quasi-nulle. Elle s’est déplacée ailleurs vers les usines, les bureaux et par delà vers les villes. De fait, on peut même dire que l’agriculture est devenue, là où elle a pu muter, un simple Sous-Système de Production Intégré (SPI) au Système Industriel Dominant Actif (SIDA).

Mais, dans cet univers rural en train de se vider ou de se désertifier à tel point que par endroit seuls n’y survivent plus que quelques tristes rescapés du système antérieur, l'individu se retrouve maintenant très isolé et même solitaire car il occupe, sans trop de frictions, un espace beaucoup plus important qu'antérieurement.

On peut dès lors supposer que pour dépasser les nouveaux types de contraintes psychiques que suppose un tel isolement, le producteur « lambda » se sert des nouvelles formes de communications artificielles que le Système de Production Actif (SPA) met à sa disposition, on veut parler ici par exemple, de la radio, de la télé, de l’Internet, etc., (des mass média en général). Toutefois, dans son ultime tentative d’adaptation agraire, la vérification de l'information globale lui reste tout aussi impossible à réaliser qu’elle ne l’était pour son prédécesseur… Pire ! On en arrive même à penser ici, qu'à l'inverse de l'homme médiéval qui lui par le passé, adaptait à long terme son comportement en fonctions des aléas, c'est aujourd’hui une sorte d'abstraction du réel qui guide notre agro vers une forme insensée de développement intemporel idéalisé. Une forme globale de développement qui cherche à s’imposer un peu partout de la même manière et qui est elle-même créatrice d'un réel décalé du local, puisque incapable de s'adapter à la (bio)diversité de toutes les situations géophysiques (Et encore moins très certainement, à celles de notre arrière pays).

Dans cette situation ambiguë (une situation qui hélas, nous montre trop rapidement les limites historiques de chacun des systèmes ou sous systèmes que l’Homme met en place au fil du temps) et pour mieux situer les limites réelles de ces deux types de Systèmes (pour mieux les identifier complètement), on se demandera ici :

- d'une part, si la communication directe dans l'ancienne formule agraire, entre les différents acteurs locaux, manipulait plus l'opinion que ne la manipulent actuellement les mass médias modernes.

- d'autre part, vers quel type de folie (de déterminisme) peut aller un individu isolé dans un groupe social médiatisé à l'extrême ? (ceci sans vouloir réengager ici, un débat stérile sur la validité du traitement des informations et de l’impact de ces dernières, quant à la prise de décision créatrice de réel).

Sachant que la vie n’a été le plus souvent, que le produit d'une forme de déterminisme local (et de la qualité de ce déterminisme), on peut dès lors dans un deuxième temps, chercher à savoir, comment dans les différents cas de figures, se réalise historiquement l'équilibre mental des sociétés ainsi que la mise en ½uvre des décisions quotidiennes, entre une information locale douteuse et une information globale abstraite (peut'ête ben que c'est ça qui amène la guerre !). L'information n’est-elle que le vecteur de la foi où forge-t-elle la croyance en l'adaptant à un contexte ? Dans ce sens, peut-on aller jusqu'à penser que l'Histoire des lieux ("le Pays") n'est faite que d'erreurs ou de malentendus successifs (de connivences sur des malentendus ?) ou encore qu'elle ne se construit qu’à partir de croyances diffuses invérifiables ou plus ou moins bien (mal) interprétées (digérées) ?

A partir de cette idée folle d’une l'Histoire qui ne serait en fait que le produit réel des incertitudes passées et des erreurs successive, imaginons donc ce paysage médiéval dans le contexte agraire concret de l'arrière-pays languedocien (la Société Cévenole). Les villages et les hameaux plus nombreux qu'à l'heure actuelle y sont reliés par un tissu de communication (de relations) différent et beaucoup plus dense. L'habitat peut y être groupé ou disséminé suivant les régions, mais la vie rurale y est présente dans le moindre fond de vallée et sur le moindre coteau ce qui, par rapport au paysage actuel, donne une image disons, plus civilisée (plus cultivée). Nulle partie de cet arrière-pays n'est en friche. Le moindre recoin y est travaillé ou pâturé et là où ne va pas le cheval ou le mulet attaché à son araire, l'homme s'y rend à pied avec son "bigos" à la main, pour arracher à la terre le peu de subsistance qu’elle va lui donner. C'est un pays aux maigres ressources, du moins sur le flanc des montagnes. C'est un pays balayé par les vents qui sèchent rapidement la terre. Le labeur y est dur, le rendement dérisoire par rapport à l'effort. Nulle mécanisation ou presque aucune, ne vient soulager l'Homme...

C'est dans ce contexte précis que vont se forger de nouvelles croyances déphasées de l'ailleurs et c'est dans cet arrière pays que vont s'élaborer de nouvelles mystiques. Sont-elles nées de l'isolement local ou sont-elles le fruit de mouvances diffuses déjà plus largement interconnectées: Romans, Cathares, Templiers, Occitanie en marche, etc. ? De quelles nécessités vitales sont issues ces croyances ? Ne sont-elles en fait que le produit d'un rejet social instantané (instinctif) de l’ailleurs ou sont-elles déjà l'expression d'autres types de valeurs ? Quels nouveaux besoins ont donc poussé les hommes de cette région à élaborer momentanément une gnose si différente des croyances en place ? A-t-on le droit de mettre en perspective ce qui est arrivé et ce qui aurait pu arriver ou ce qui pourrait arriver ? De choisir un scénario ? De prévoir son « Système » ? Pour aller au bout de cette idée ; a-t-on le droit de faire un parallèle avec ce qui se passe actuellement entre les mouvements écologistes et le développement de la société dite industrielle ?

Sans reprendre en détail ni l'étude de Montaillou, ni d’ailleurs les très nombreux apports de l’équipe à Duby, (ce qui n’aurait ici que peu d’intérêt dans notre problématique systémique), on retrouve bien l'itinéraire et la forme des concepts qui guident désormais notre démarche hasardeuse. Il nous est même facile, ne serait ce que par transposition ou par simple connaissance des dernières visions de ce monde ancien, d'imaginer un peu la vie de nos ancêtres, dans ces maisons obscures et sur ces vastes étendues champêtres devenues aujourd'hui désertiques de sens.

Mais plutôt que d’essayer d’en décrire l’objet en vue d’explications formelles, nous en retirerons de préférence une considération esthétique ou plutôt culturelle dont le premier point sera de nature anthropomorphologique: l'Homme des temps jadis était plus petit qu'à l'heure actuelle, car vu la hauteur des plafonds, des portes et des placards, on ne peut que s'en apercevoir.

A partir de là, Il n’est pas inintéressant, de se demander ici, si le rehaussement entier des villages vers la moitié du 19ème siècle, correspond à une anticipation de l'augmentation future de la taille de ses habitants, ou bien s’il correspond à un secret espoir de voir perdurer tout au long du siècle suivant les anciennes dynamiques sociétales encore en ½uvre sur cette portion de territoire. Dans ce cas, nous pourrions dire et cette fois ci avec sécurité, que ces derniers, se seraient lourdement trompés sur leur proche avenir. (!)(!)(!) (!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(!)(.)

Pourquoi Cévenol s’est-il alors entêté à vouloir rehausser ses maisons d’un étage ? Pensait-il grandir encore un peu ou le faisait-il plutôt pour une cause démographique ? Pour ce qui est de la taille c’est peu probable, sauf à penser qu’il en avait vraiment marre d’avoir un plafond aussi bas ! Pour ce qui est du nombre c’est plus problématique car dès 1830, la courbe des populations commence déjà à fléchir assez rapidement. A notre avis, il a simplement adapté à contretemps (à contresens) les nouvelles techniques disponibles autour de la maçonnerie en croyant bêtement que son ancien système était éternel et qu’il le protégerait encore pendant très longtemps d’un ailleurs incertain. Rien cependant à partir de cette époque-là n’empêchera plus le mouvement enclenché lors de la Révolution Française de se réaliser. Et cet exode massif, un exode que l'on peut qualifier dès lors de sociologique, s'accentuera encore un peu plus, lorsqu’au début du 20ème siècle, notre rat des champs entre apercevra véritablement son erreur historique. Dès lors, tout ira beaucoup plus vite que prévu (Est-on dans le basculement montré sur le schéma de la page 41, entre le Système n° III et le Système n°IV (le SIII et le SIV), au niveau du point d’indéterminisme maximal d’un système ?)

Nous tenons là, le début de nos trains de fantômes futurs, le début de cette extraordinaire hébétude historique qui aura poussé les hommes vers la ville (qui les aura poussé à changer de Système). Ces hommes qui auront abandonné les nids d'hirondelles pour aller se vautrer dans la boue des porcheries industrielles, pour finalement aller bouffer ailleurs des aliments qui sentent de plus en plus la merde. Mais si ! Vous voyez bien que tout ceci recommence à avoir un arrière-goût de merde !

Le deuxième point de cette considération est d'ordre plus mystique. Ces hommes-là (et ces femmes par la même occasion), une fois à l'intérieur de leurs maisons, craignaient soit la lumière, soit le froid. On est frappé en effet, par l'obscurité des pièces et par l'étroitesse des ouvertures (l'étroiture des ouvertesses). Vous me direz qu'à cette époque-là, bien à l'abri de toute contagion citadine, ce n'est pas très étonnant car on ne connaissait pas vraiment l’utilisation du verre pour se préserver des courants d’air ! Je vous répondrai, c'est tout à fait exact ! Et le froid pourrait bien être un facteur décisif, car les fenêtres n'existaient pas vraiment. D’ailleurs, il ne faut pas remonter très loin dans l’histoire pour ne trouver que des volets en guise de paravent (de pare vent). Toutefois, si l'on considère les coins, les recoins, les placards, les alcôves, les séparations des pièces dont certaines étaient borgnes, ainsi que le manque de moyen d'éclairage qui ne favorisaient qu’une maigre clarté, on est troublé disais-je, par l’ambiance obscure (par la notion d’obscurité) qui régnait dans ces maisons. Alors, que de notre côté, nous sommes nous-même en général plutôt avides de lumière de type californien, (grandes baies, vitres aux portes, etc.), le Cévenol avait lui voté, depuis le Moyen-Âge et jusque très tard dans l'Histoire, pour l'obscurité. On peut même dire que sa maison le préparait peut-être à la noirceur de sa future tombe.

C'est un point qui pourrait soulever bien des contradictions aux alentours, mais à l’heure qu’il est, c’est la seule explication rationnelle que j’ai pu produire. A l’intérieur de ce concept de vie, nous sommes tout de même là, au c½ur d’une réelle problématique existentielle : « Peut-on vivre quelque part, sans tenter d’y définir une esthétique et/ou une croyance historique équilibrante ? Sans opposer par exemple et au-delà du système de survie ambiant, une « Esthétique de l’Obscurité » à une « Esthétique de la Lumière » ? ». Non, on ne peut pas tenir plus d’un quart d’heure ! Dans ce sens, il vaudrait peut-être mieux qu’on se mette dès aujourd’hui à définir une esthétique et des croyances vraiment dignes de ce nom plutôt que de continuer à travestir l’Histoire à travers une ancienne religion de gueux puant le sacrifice.

C’est ainsi qu’avant de vous proposer une nouvelle religion qui soit vraiment digne de foi (un nouveau syncrétisme), je voudrais tout d’abord soutenir, mon point de vue sur les processus de différenciation locale. J'avancerai donc très rapidement ici, la thèse suivante: "Dans les vieilles bâtisses (qui un jour ont été neuves) entrelacées des hameaux retirés du Haut Languedoc, nous sommes là avant tout, à l'intérieur d'un périmètre représentatif où se sont transmises et où ont perduré les croyances cathares".

Pour moi, le rapport à l'obscurité est d'ordre rituel en même temps qu’il est d’ordre métaphysique. En effet, rien de mieux que l'idée du noir ne prépare l'homme à son éparpillement et à son anéantissement final. Cet homme qui n'a pas la télé, qui n'a pas la radio, vit à cette époque-là dans les limbes d'une histoire qui lui semble éternelle. Depuis le temps qu'il anticipe son avenir, il n'a d'information qu'orale. Il bâti sa maison bien sûr pour protéger les siens du climat, des dangers, mais il les prépare aussi depuis toujours, au passage final. A l'exil de ce monde. Pour lui, ces lieux où la clarté nous isole de dieu, sont l'½uvre du Malin. Il en tire les conséquences logiques et se mure dans l'obscurité de la maison. Est-ce vraiment pour se confondre à jamais dans la nuit ou est-ce un coup de canif dans la pensée du diable ?

Ces êtres qui se sont crus un jour de quelque part, ont pourtant débarqués ici, déplacés lors d'une fuite hagarde. Je les vois arriver lugubres, terrorisés par le chant des loups, et enfermés dans la tombe de leurs sentiments (et de leurs ressentiments). Je les vois cloisonnés dans les temples de leurs propres croyances, visionnant à travers leur foi cathare des possibilités nouvelles d'évasion. Je les vois pleurnichant plus tard, sur le corps du destin des pendus agglutinés aux branches ; J’en vois même certains se sacrifier sur des bûchers de haine attisés par le vent purulent de la Bêtise « Umhaine ». Oui, pour eux (et pour moi) cette terre fut bien la terre sacrée d'un exode posthume, la terre de ceux qui n’ont pas négocié dans le feu, la fureur de leur dieu.

Et pour comprendre encore un peu mieux cet extraordinaire itinéraire de marginaux de l’Histoire, je ne peux résister à l'envie de faire parler les gens qui sont nés et morts dans cette maison qui maintenant est devenue la notre. Je ne peux m’empêcher de marquer sur ma peau la manière dont ils ont vécu et accepté leur propre martyre terrestre, je ne peux m’empêcher d'accompagner leurs sentiments afin d'essayer de comprendre ce qui, en dehors des aspects strictement reproductifs, les poussaient à survivre dans des lieux si ingrats. Pour moi, à cette époque là, Templiers, Romanciers et Cathares se sont longuement côtoyés sur cette terre, les uns ensemençant les idées (les idéaux) des autres et vice versa (tout comme aujourd'hui on pourrait dire que se fécondent mutuellement les idéaux socialistes, capitaliste et écologiques).

A partir de là, on peut se demander alors, comment "l'homo-catharicus" percevait-il lui-même, le monde en train de se construire à l’orée de sa porte ? Comment a-il perçu, cet extraordinaire élan de foi qui montait de l'Eglise, cette puissante connivence autour de nefs irisées de vitraux. Comment a t-il perçu la gestation (la gestion) de cette nouvelle incompréhension divine ? Croit-on vraiment ce que l'on croit ? Est-on manipulés à ce point par des cerveaux malades ? A t’on une totale confiance en l’avenir, ou la défiance de l'autre est-elle si vive qu'elle nous condamne à capituler devant cette forme de violence et de déterminisme, qu’est le plus souvent la religion dominante ? Qu'est-ce qui poussait l'homme du coin à vouloir transmettre des lois si différentes ? Pourquoi essayait-il de tester le hasard de nouvelles certitudes en tentant de vaincre les postures des horizons malsains ? En courbant la cambrure, en s'éreintant à croire à autre chose, en domptant ces lieux-dits, il faisait une Histoire, il faisait un "Pays", un pays qui plus tard, s'enlisera dans les sables mouvants de sa caricature.

Oui, nous étions bien là, à l'intérieur des morsures du diable, un diable qui s'est fait loup des steppes, qui s'est fait chevalier pour opprimer les âges à la lueur du glaive. Je comprends ce hiatus, ce schisme désespéré, cette voie des miracles, ces miradors éteints, ces volutes de nacre qui enseignaient aux autres une nouvelle manière d'aimer (la vie). Il ne faut tout de même pas oublier que cette maison était auparavant hantée de châteaux forts cathares, des châteaux pointant vers les cieux silencieux, des nouvelles citadelles de spasmes imprenables... ... Citadelles dressées face à un nord raciste poussant un sud fasciste, quand le culte des uns fécondait le culte des autres aux fins fonds de cauchemars historiques sans nom. C'est bien à ce moment là que fut introduit ce déterminisme dément qui aboutit plus tard au génocide des indiens d'Amérique et à l'esclavagisme ? Qu'en pensaient donc ces hommes ? A t’on le droit de dire rétrospectivement, pour expliquer leur renoncement historique qu'il n'y a pas plus con dans la vie, que de singer les prêtres au nom d'un quelconque idéal ?

Devant ces « aurispices » et pour ne pas nous ennuyer plus longtemps ici-bas, nous revendiquons « ici et maintenant », le plaisir du néant et les délices d'un passé qui n'a pas encore eu lieu. Ici, dans ce lieu maudit par les barbares, nous étions en attente de nouvelles espérances et notre inspiration reste bien le produit instantané de notre être rationnel (). Les intuitions que nous avons eu, sont bien la traduction de notre culture lumineuse et ancestrale (Ader et Ada furent cathares).

Drapeau Occitan
Proposition d'un nouveau drapeau occitan construit à partir de son histoire réelle.

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Est-on à ce point-là, en marge du progrès social (en marge du destin ?) ou cherche t’on à le devancer, en s'adaptant pour des raisons obscures à d'autres circonstances ? That’s the question ?

Afin de répondre le plus correctement possible à cette nouvelle question essentielle (existentielle ?), nous avons tenu nous-mêmes, à vérifier physiquement et psychiquement ce processus de détermination et pour cela, nous sommes restés sept ans sans électricité. De ce fait, et ceci bien avant que le maire pour des raisons encore plus obscures que les nôtres, ait eu la bonté de nous amener le jus, nous avions pu largement constater, que les jours de brouillard en hiver ressemblaient à des nuits.

Comment avez-vous fait pour supporter un tel inconfort me demanderez-vous ? D'où venait un tel quiproquo historique ?

- Saturation des grandes villes ou saturation de la consommation ? - Saturation des contacts surfaits avec des hommes fades ?

- Trop plein d'idéologies nouvelles ou marre de la défonce ?

- Besoin d'un refuge en se faisant oublier ou recherche de création d'un monde nouveau et différent ?

- Redécouverte d'un univers oblitéré qui nous faisait renaître par la beauté de son spectacle si riche en ce lieu ? Cela a du être un des points forts de notre attachement à cet endroit, car après plus de vingt cinq ans de balades quotidiennes, nous découvrons encore des zones d'intérêt et de charme.

- Refus de tout ce qui ne viendrait pas de notre décision, après avoir été trop conditionnés ?

- Refus de tout compromis, ou de toute compromission, dans cet univers hystérique et violent ?

-Liberté d'avoir un espace suffisant pour pouvoir vivre sans contraintes ce que nous désirions ?

- Recherches de contacts différents et d'une vie simple, ou simplifiée, où l'on n'était plus à la merci d'un matérialisme exagéré ?

Pourtant, nous le verrons un peu plus loin, notre vie antérieure fut assez épique et courageuse. Mais pour nous, à cet instant précis, l'intérêt de cette situation, c'est à dire de la vie dans ces conditions-là, n’avait d’autre but que de nous permettre de retrouver ou d'approcher au plus près, l'époque la plus éloignée de nous, celle où toute la gestation d'une mystique étrange s'effectua. Tout ceci, afin de nous aider à comprendre le geste primitif que nous avions accompli en nous installant ici, celui qui vous expliquerai aussi le mieux, notre envie si soudaine de changer de Pays (de changer de Système). Nous cherchions donc ici, à mettre tout simplement en perspective, nos propres illusions.

De fait, dans cette maisonnette vétuste et mal éclairée, nous restâmes sept ans sans électricité. La première année nous vécûmes à la bougie, c'est à dire qu'il faut sept à huit bougies pour éclairer convenablement une pièce, le reste de la maison demeurant dans l'obscurité la plus totale. L'effet ainsi créé, est assez dantesque certains soirs de débauche, mais assez poétique à d'autres moments de l'existence où la lecture remplace la télévision.

Nous nous raccrochons encore à ces états lointains, certains jours de déprime quand les chasseurs de primes nous guettent du fond de leur carcan. Je ne vous parlerai pas plus en détail, des jours de vent violent et de pluie battante où là, sous le souffle des courants d'air et sous la douche des gouttières, il nous était quasiment impossible d'avoir le moindre éclairage. Mais passons, Zola en aurait donné une description naturaliste autrement plus saisissante. Il est toutefois, une vision que j'ai toujours en tête: il y avait sans arrêt un pied qui traînait ça et là et qui, immanquablement, renversait le verre de vin rouge que nous placions toujours à portée de main, sur le plancher près de notre "salon automobile".

En ces temps éloignés, nous vivions à six dans la maison (sans parler des innombrables visites) dont quatre adultes et deux enfants assez espiègles, enfants que nous avons choyés le plus possible suivant nos maigres ressources: 170E par mois d'un coté et 60E d'aide publique de l'autre. C'était dans les années 70 à une époque où le pouvoir d'achat des Septimaniens voisins, correspondait déjà à un train de vie de romains saturés, chez nos romains modernes.

Outre que nous levions nous-même pas mal le coude, le copain était un alcoolique invétéré, qui s'enfilait ses cinq litres de pif par jour et une cafetière de café pur chaque nuit et ceci, tout en lisant Bukowsky dans le texte, c'est vous dire son état en général, navrant. Afin de se désintoxiquer, il a ensuite donné avec sa compagne pour les «Oranges People». Mais un peu d'amertume réfrénée n'engage à rien. Continuons plutôt la modernisation de notre cadre de vie et de notre demeure.

La deuxième année fut l'année du gaz. Nous avions découvert, au hasard d'une discussion passionnée, l'existence d'un mode d'éclairage qui n'était pas du type camping gaz, avec ses petits réservoirs à changer tous les quarts d’heure. Ici, nous avions un système qui fonctionnait avec de grandes bouteilles, ce qui nous laissait une autonomie d'à peu près deux mois pour le prix modique d'une bouteille de butane. Le seul inconvénient était l'obligation que nous avions de changer de résille assez souvent car, soit elle se détruisait d'elle même au bout de quelques semaines d'utilisation et la lampe dans ce cas servait de chalumeau, soit qu'on la touchât par inadvertance avec un objet quelconque ou en l'allumant et là, elle tombait en poussière. Dans ce cas il fallait, là aussi la changer. Le problème devint plus épineux quand l'usine de fabrication de résilles ferma ses portes après avoir fait faillite, cela disons-le après guère plus de trois ans d'utilisation de l'objet. Nous nous repliâmes vers une solution bâtarde, qui consistait à acheter des résilles de camping gaz, d'en défaire la fine cordelette qui ferme l'un des deux orifices, de passer un mince fil de cuivre à la place de la dite cordelette et de l'adapter au bec de gaz de notre lampe à huile (Qu’est-ce qu'il ne faut pas faire pour baiser dans le noir ! Tout en gardant bien sur, le secret espoir de ne pas faire d'enfant...). C'était moins efficace que l'ancien modèle de résille, qui lui était vendu avec une douille qui s'adaptait au bec de gaz (comme celui d’une ampoule électrique) et qui n'était pas troué à l'autre extrémité, mais cela satisfaisait notre curiosité. On le voit tout de même, c'était là un système d'éclairage assez précaire mais d'un érotisme puissant et il était vendu publicité à l’appui, pour avoir la puissance de 200 bougies (de 200 candelas ?). Vous voyez le progrès !

Cela dit, ce qu'il y a d'étonnant dans les techniques modernes, c'est le point de perfection à laquelle elles sont parvenues en si peu de temps et il m'est arrivé souvent de méditer sur ce type de matériau, tissé avec des fils résistant à une telle température et ayant la vertu de se rétracter autant. Que deviennent donc les hommes qui ont fait de telles découvertes ? Face à cette complexité technologique croissante, ne devrait-on pas plutôt croire, comme nos voisins, à la magie ambiante ? Tout en nous posant ce type de questions hautement existentielles, nous utilisâmes ce système pendant environ six ans et, si on y regarde bien, six ans, c'est tout de même une bonne tranche de vie.

Six ans, plus un à la bougie, ça fait bien sept. Bien sûr, l'addiction électrique fut un progrès essentiel dans l'éclairage de notre comportementalisme si excessif et, bien que réfractaires par essence à une marche forcée du progrès vers des lendemains féroces, nous découvrîmes le plaisir de nous servir d'une perceuse à la place d'une vrille, d'un vieux mixeur à la place d'un presse purée et d'une scie sauteuse à la place d'une égoïne. Toutefois, ce fut au niveau de l'éclairage que la situation se transforma radicalement. Mais j'ai oublié de vous dire que nous avions déjà le téléphone depuis plus d'un an et qu’à cette époque là ça « espantait » encore tout le monde, de savoir qu'on pouvait avoir le téléphone sans avoir l'électricité. Heu !

Ainsi, au fur et à mesure de notre reconditionnement social, nous prenions petit à petit connaissance de notre dépendance, de même que nous découvrions les chemins du progrès et ce, disons-le, depuis, l'aube du vingtième siècle. Nous nous évertuerons cependant à en refuser les côtés les plus aliénants, ce qui pour nous, demeure une bonne synthèse de l'utilisation des nouvelles techniques. En effet, sans être les fervents d'un progressisme trop poussé, nous avions tout de même participé à son élaboration dans une vie antérieure à celle décrite ci dessus. Il ne fallait donc pas voir le refus de certains côtés aliénants de la société, comme une négation totale de l'optique sociale en place, mais plutôt comme une recherche et une hiérarchisation des nécessités les plus élémentaires nous permettant une survie décente. Ce que nous critiquions, ce n’était pas la notion d’évolution en elle même, c’était tout simplement notre non participation à l’élaboration et à la mise en place d’un changement possible.

Ceci dit, sans occulter le coté de négation cathare qui nous habitait depuis toujours, à cause peut être de facteurs génétiques précis, nous n'en opérions pas moins dans nos consciences, l'élaboration de visions futures. Mais surtout, chemin faisant, nous nous préparions parallèlement aussi à la grande chute vers le néant et vers l'oubli...

Ce point de vue fut structuré et rationalisé à l'extrême dans la mesure ou nos êtres en prenaient chaque jour conscience d'une manière de plus en plus aiguë et que le «Concept de l'angoisse» venait remplacer petit à petit notre optimisme incontinent. Les vertus du cadre de vie adéquat, ou en adéquation avec nos aspirations muettes, devinrent donc la mesure et la réalité concrète de notre clairvoyance. Vous me répondrez : « mais n'en est-il pas de même pour tout le monde ? » Je vous répondrai : « bien sûr, et je suis avec vous ». Car nous n'avions pas refusé la lumière. Elle n'y était pas, c'est tout !

Ainsi, nous avons préféré vivre à l'intérieur d'une grotte sombre, dans cette catacombe des premiers défenseurs de la nature en mal d'erreurs et contre toutes les aspirations sordides d'une société de vaches ruminantes, plutôt que d'avoir à subir quotidiennement le « concentrationnisme » d’une vision si étriquée de la réalité historique, une réalité qui nous imposait de force, le point de vue guerrier des nouveaux chevaliers de l'apocalypse nucléaire. Pour nous, quelques longues années après nos premiers émois écologistes, l'analyse nous dit que monsieur l’ancien Maire (notre maire était alors Président Départemental du Syndicat d’Electrification !) fit deux types d’erreurs :

- Sa première erreur, fut de croire que son modèle de pensée, modèle dont il s'était persuadé en être le garant, lui survivrait parce qu'il était bon et qu'il avait apporté le progrès à de nombreux humains. Pourtant de notre coté, nous ne cherchions qu'à retarder l'Histoire en nous mettant tout simplement à la recherche d'autres types de bonheurs. Pour nous, retarder le temps, vivre dans le besoin, se cacher des autres, c'était nous donner le pouvoir de mieux apprécier tous les aspects de la vie, c'était aussi nous donner la possibilité de conserver notre autonomie et nos formes de pensée. Je vous le demande ici : "A quoi cela sert-il de mettre toute son énergie dans un même processus de production ? A quoi cela sert-il de libérer toutes les énergies dans cet unique but ?"

- La deuxième erreur qu'il fit, fut de ne pas avoir voulu nous écouter quand nous lui demandions de nous subventionner une petite éolienne familiale. C'est ainsi, monsieur, qu'après qu'on vous ait proposé notre rêve, vous nous riâtes au nez en disant qu'il était utopique. Aujourd'hui que voyons nous, bordel de dieu ? Des milliers d'éoliennes géantes en train de couvrir et de polluer nos plus beaux paysages. Damnation de l'enfer ! Y'en a marre de tous ces cons qui perturbent l'espace de leurs débordements et tout ceci maintenant, au nom de leur incontinence dénucléarisée.

Pour vous éclairer un peu plus et en attendant le futur TTGV, (un TTGV auquel il faudra la puissance instantanée d'une centrale nucléaire par ligne d’exploitation), voici l'état des lieux actuels et les projections des délires futurs d'EDF.

Années
Conso/Brute
Conso/Nette
Pertes
1950
33,4
28,9
4,5
1970
140
130,1
9,9
1980
248,7
231,5
17,2
1989
341
315
26
1997
410,5
380,7
29,8

France: consommation en TW/h d’électricité brute totale (y compris pertes dans le réseau) et, entre parenthèses, nette En 1997, les pertes sur le réseau sont de même niveau (29,8) que la consommation totale d’électricité en France en 1950 (28,9) !!!

Ces pertes sont actuellement supérieures à la production mondiale d’électricité éolienne et photovoltaïque cumulée. A noter aussi qu’une grande quantité de cette électricité est produite pour soutenir les réseaux électriques défaillants des pays voisins : Belgique, Allemagne, Suisse, Italie, Espagne, Angleterre….

48435 Km de lignes HT et THT (le tour de la terre)  10 Km de lignes THT enterrées (le tour du pâté de maison)
THT
Lignes enterrées
+37% de lignes en 400 kW depuis 1977!!! Commentaire: pour EDF, la vie est belle!

Depuis, j’ai appris par l’association « Sortir du nucléaire » que la production instantanée d’électricité potentielle était en fait de 1000 TeraWatts/h et non pas de 400, comme indiqué ci-dessus. Je vais donc de ce pas, aller me suicider définitivement.

Eolien
Les 2000 éoliennes que l'on voit arriver sur notre panorama à 700 m d'altitude. Et on aurait tort de s'inquiéter!!

Le pire dans cette histoire, c'est qu'il n'y avait pas que monsieur le maire qui dès le départ, avait eu tort. A partir de l’idée folle d'un tout nucléaire lié à la force de frappe, se développa dans les hautes sphères du pouvoir, la non moins folle idée que la France pourrait devenir à terme, le système nerveux de l'Europe (son cerveau tant qu’on y est !) tout ceci, en disposant sur son territoire un nombre de plus en plus important de centrales nucléaires... Je vous remercie, messieurs les ingénieurs de l’école des mines et du CEA, ce sont vos propres limites qui me montrent le chemin ! Car plus nous serons allé loin dans la structuration matérialiste de notre quotidien et plus il nous sera difficile de revenir en arrière. (Outre le problème de surconsommation énergétique, on pourrait aborder ici, tous les autres problèmes liés à la surexploitation des ressources, problèmes qui se traduisent par un phénomène global d’entropie. (Pour plus d’informations, je vous renvoie donc, à la seule annexe de ce livre).

D'ailleurs, à l’intérieur de ce petit cercle de décision démentiel, les députés aussi, les Conseillers Généraux, les dirigeants des Parcs, tous étaient dépassés par les incessantes cohortes du progrès (les incessantes colères du progrès), ces éternelles ribambelles de camions, ces épaisses fumées, ces hauts fourneaux pantelants de fulmine, etc. Alors qu’en fait, assis au fond de leurs bureaux, il aurait tout simplement suffit à ces messieurs de repenser la société de manière globale et de nous proposer enfin un véritable CDI (Contrat de Décroissance infini)... Ils avaient eu toute leur vie de bureaucrates pour réfléchir à cet état des lieux (à l'Etat de ces Lieux) et malgré cela, ils n’avaient jamais arrêté de prêcher ce désastre annoncé.

Il est vrai qu'ailleurs ils avaient fort à faire, à ripailler loin des bûchers modernes (OGM, sans papiers, sans terre, sans logis, « No Vox », etc.), continuellement attablés qu'ils étaient aux banquets des réformes, dans les nouveaux labyrinthes des couloirs de la régionalisation et de l'Etat, dans les soupentes de la gloire. Ces nouveaux réducteurs de têtes arrivaient même de temps à autres, par des trappes aménagées à l'intérieur de circuits de refroidissement des tourelles nucléaires afin de nous proposer leurs éoliennes.

Comme vous le voyez, nous arrivons bien nous aussi, petit à petit, à nous resituer politiquement dans une mouvance de la résistance face au pouvoir libéral néo-nazi montant des oppresseurs et des technostructures. Merci Milan de nous avoir montré le premier, les nouveaux chemins de cette abstraction sociale. Savez-vous qu'à chaque charge de CRS qui s'empêtre dans la violence pour nous empêcher d’avancer un petit peu sur le chemin du doute, nous approchons chaque fois un peu plus de cette réalité. Les nazis n'ont pas toujours perdu la face. Où sont donc passés aujourd'hui, les intellectuels révoltés ? Ils sont partis en vacances, c'est sûr ? C’est comme si l'engagement des écrivains contestataires, avait définitivement sonné le glas d'une certaine idée de la littérature.

A ce sujet, quelle supercherie tout de même que la littérature (les gens pensent de plus en plus que le contenu de leur vie est devenu un roman !) ! Heureusement et une fois encore pour notre génération que quelqu'un a bien voulu vendre la mèche. Merci mille fois Milan d'avoir démonté pour nous cet "Art du roman" avec tant de méthode. A l’opposé, contre cette transparence éclairée de tous les instants historiques, Umberto restera bien pour nous, le dernier stratège de cet équivoque qu’ont les sociétés judéo-chrétiennes à générer cyniquement leur propre de mort (et à récupérer au fur et à mesure cette histoire morbide !). Une histoire devenue pourtant sans objet, puisque sans métaphysique nouvelle. Mais en même temps, on rejoint tout de même ici par nos écrits et par nos points de vue rafraîchissants, les propres émois d’Ecco ainsi que sa crainte, de voir révéler au grand jour un document à l'humour potentiellement trop dévastateur pour être connu de tous.

C'est comme si l'erreur historique des intellectuels contestataires vis à vis des ex-régimes totalitaires, avait à jamais inhibé leur rôle futur dans les grands choix de société à venir. Pourtant, Camarade, ce n'est pas Staline ou Mao que tu as défendu avec tant de courage, mais bien le passage d'une société archaïque, vers d'autres horizons. Rassure-toi ! C'est bien à plus de quatre cents ans d'hégémonie coloniale à laquelle tu mettais enfin un terme ! Mais nous pendant ce temps, nous avons fait par clairvoyance, un grand pas de coté. Aujourd’hui, dans votre réalité, notre exil (notre goulag) est devenu intérieur car nous avons fui le matérialisme d'une évolution sociale idéalisée, vers les horizons de la mélancolie. Et parallèlement, chemin faisant, pour nous détendre un peu et essayer de mieux comprendre ce qui nous entourait, nous avons, à partir du passé, découvert les chemins de l'espoir écologique.

Tout le reste, du coup, n'est plus pour nous que passe temps intellectuel et écrits vains. Ce sont d’anciens lieux communs, faits pour vanter un monde virtuel où s'opposent encore les bons et les méchants. Mais tout ceci n'aura qu'un temps...

Car une force sombre s'oppose désormais à vos futurs projets de lucre. Quand l'Europe aura éclaté sous les coups de boutoirs d'une Amérique devenue folle de puissance, nous serons enfin prêts à vivre tous les dérapages issus des folies romantiques que l'écologie portera alors en elle. La France et l'Allemagne en seront peut-être les moteurs. Dès lors, pour ne pas sombrer dans le déclin d’un consumérisme décadent, pour substituer quelques raisons épiques à ce manque d'idéal chronique qui quotidiennement vous habite, je vous propose ici une aventure sans stéréotype, l'aventure de l'Europe Catharo-Incaïco-Bouddhistico-Libertaro-Ecologique (la CIBLE), celle qui bâtira le monde de demain, car une fois que l'idéal productiviste sera mort, que vous restera-t-il à faire ? Plus rien ! Le monde sera enfin à nous (dans 1100 ans à peu près).

Et, puisque nous avons prédit qu'un jour la vie n'aurait plus de sens (matériellement parlant), nous allons donc dès aujourd'hui nous attacher à créer les croyances futures. Oui, contre votre foi limitée nous sommes prêts dès maintenant à jouer le rôle des anciens hérétiques car pour nous, le Catharisme a autant fécondé l'Histoire du sens de ses négations que l'Ecologie aura dans quelques années fécondé le monde de sa vision anti-productiviste. Ici, dans ce monde cévenol que nous avons instruit et égayé de notre propre présence, nous avons montré ci-dessus que se sont perpétuées dans ces contrées reculées et sauvages des formes identifiables de convergences et de luttes (cathares, protestants, résistants, écolos, alters, etc.).

Nous en ferons donc une première constante en certifiant à tous que: "l'inaccessibilité et l'inhospitalité des sites géographiques font des Cévennes un lieu privilégié de contestation qui véhicule et perpétue un modèle fondé (un modèle dans lequel l'élevage de la chèvre joue depuis toujours un grand rôle)". C'est tout d'abord parce que je suis capable de vivre dans cet univers difficile, que j'y reste. Ce faisant je commence à y produire du sens. Ce sens y est historiquement entretenu par la venue et par la présence d'étrangers de tous bords fuyant leurs anciennes certitudes (servitudes, turpitudes, etc.): bretons, allemands, néerlandais, anglais, espagnols, etc., des « estrangers » eux-mêmes en rupture de ban. Un grand nombre de français en ayant visiblement soupé de leur propre passé, nous tenons là, une deuxième constante qui nous met face à une évidence multiethnique dans laquelle les européens du nord jouent depuis longtemps, un grand rôle. Nous tenons là aussi et par delà cette mixture, une forme de convergence entre l'Allemagne (les germons) et la France (les francons). Deux pays que nous avons repérés comme formant déjà un possible axe de contradiction, face au modèle américain tout puissant qui s'annonce (nous sommes désormais les seuls à pouvoir manipuler l’extraordinaire ego qui fonde leur Système).

Dans ce sens, l'arrivée dans ce pays, aux confins des Cévennes, de toute une flopée de « renonçants » étrangers, est révélatrice du fait que nous devons tous croire dès maintenant, à des logiques historiques objectives et incontournables. Nous devons nous apercevoir par la même occasion que ces dernières sont en train de se mettre en place sous nos yeux. A partir de là, tout devient beaucoup plus simple et beaucoup plus aisé à comprendre et à construire. Il nous devient notamment beaucoup plus facile de construire, en marge des cités, le nouveau "Pays des écologistes", un pays que nous nommerons dorénavant "Utopicland" ou encore "Jardin des Utopies" et ceci, en mémoire à ses anciens adeptes.

Cette érection qui aura lieu dans le PNRHL (ou en Corse), génèrera et véhiculera en même temps, de nouvelles croyances infondées (un nouveau type de religion), vecteurs comme nous l’avons déjà dit, d'un futur romantisme dément. Ce pays ancrera ses convictions dans le refus du tout nucléaire et dans la conservation des ressources naturelles à des fins éco-dynamiques comme par exemple, l'élaboration d'une nouvelle structuration de l'espace par les voies d'une agriculture dite agrobiologique. Nous pourrons aussi ailleurs, redevenir bateleurs et remplir les canaux de milliers de péniches sans que personne n'y voit plus d’inconvénients, renaître en cosaques mais maintenant sans objectifs guerriers, refaire surgir les cendres des ancêtres pour qu'enfin on comprenne ce qui a usé les gens, garder nos étangs d'or afin d'imaginer la vie de nos aïeux dans les cités lacustres et construire des hordes d'avenir capables de s'affranchir des distances cosmiques.

Se développeront dès lors des mystiques étranges, faites de nouvelles incohérences mystérieuses, car nous avons vu que les horizons culturels des adeptes sont très (trop ?) variés donc impossible à fédérer pour en faire un outil de développement et de croyance rationnel. Nous regrettons déjà cette dérive locale, car pour nous au départ, c'est bien la science qui aurait du servir de catalyseur et devenir notre prochaine étape de développement compréhension d'un nouveau monde enfin dé déifié. Il fallait savoir avant tout, comment tuer nos anciens dieux, avant d’arriver à vaincre les ténèbres. Mais il faut bien reconnaître ici, que certains scientifiques sont devenus depuis peu nos ennemis mortels en ce qu'ils véhiculent déjà un comportement irrationnel auprès de certaines voies de développement (Mr Seed et le clonage reproductif, les OGM, les cellules souche, etc.).

Pour nous, comme nous l'avons montré plus haut dans le chapitre VI, le monde scientifique à venir sera tout aussi barbare et intolérant que l'ancienne morale. Mais désormais, ce monde hyper rationnel et statistique se heurtera continuellement à de futurs actes incompris, des actes accomplis par des hommes lucides, des hommes logiquement à la recherche de nouvelles incompréhensions métaphysiques. C’est ainsi que dorénavant, de plus en plus d’humains, vont s’opposer à la formule plus que banale d'une recherche scientifique uniquement basée sur une satisfaction spontanée des besoins matériels. Seront-ils alors perçus comme de réels opportunistes façonnant de nouveaux horizons ou comme les cathares modernes de la science infuse ?

C'est pourquoi, avant que tout cela ne dérape une nouvelle fois, ceci à cause peut-être de vos humeurs devenues entre-temps massacrantes, je veux créer ici, par cet acte de foi, le cadre d'un nouveau féodalisme dans lequel vous serez devenus, avant tout, les vassaux (les vaisseaux) de la nature. Par ce travail, je fonde « l'Ordre Des Ecologistes Convaincu du Contraire » (l’ODECC), un « Ordre Religieux » dans lequel toutes les nouvelles idioties autour de l'environnement, pourront se diffuser et ceci, bien à l'abri du retard atterrant des scientifiques de renom. Par la présente, je tiens à créer aussi - avant que le pape, dans sa candeur sénile, porté par ses lacunes, aux tendres amertumes, ne me précède et n'émette lui-même une nouvelle bulle à ce sujet – « la secte des baleineaux orphelins » et je vous supplie d'intercéder dès aujourd'hui auprès de son dieu, pour sauvegarder ce qui nous reste encore à observer de leur chant si lointain.

La prise de conscience globale autour de cette forme de « Shoah quantique » qu’aura été le massacre historique de tous les grands mammifères, l’exploitation génétique sans borne des animaux domestiques à des fins carnivores et la destruction totale de toutes les espèces végétales précieuses, forgera le début d’une nouvelle religion où les martyrs ne seront plus directement les hommes, mais bien les centaines de millions d’animaux abattus au nom de la survie ou de l’amusement décadent de l’espèce des vainqueurs. Cette conscientisation métaphysique autour des espèces animales et végétales en voie de disparition sera aussi le point de départ d’un nouveau système de valeurs que l’on nommera : «Ere de l’Alter Sur Mondialisation Ecologique» (ERASME) et ceci, en référence à la volonté des anciens, des anciens qui comme on le sait, auront passé leur vie à défendre cette thèse ou qui auront fait le début de cet inventaire macabre (par décence envers eux, nous ne ferons pas ici le point sur ce nouvel holocauste). C’est ainsi que dans ce mode de vie post-industriel, la raison du plus fort ne sera plus enfin donnée comme dans l’ancienne bible, aux agriculteurs menaçant de leur bêtise primaire le retour du loup ou des oursons sous nos latitudes barbares, mais à ceux qui auront montré que la coexistence pacifique des Etres autour d’une symbolique animale « retotémisée » est tout aussi importante pour l’équilibre mental de l’Homme que la compagnie malthusienne de congénères si féconds.

Vous les nouveaux réducteurs de têtes ! Comment avez-vous pu considérer les indiens sans leurs plumes ? Comme des utopistes ? Pourtant vous vous servez encore de leurs fioles, des fioles qui avaient bien mille ans ou peut-être dix mille. On copie la nature et ce n'est pas peu dire, on se remet à encenser l'histoire des vaincus, pour oublier que nous avons déjà détruit la plupart de leurs pas (et que nous continuons à le faire), pour oublier que nous avons souillé leurs traces vagabondes, faites de libations sur le pourtour des tombes, que nous avons déjà massacré leur hasard fugitif, cette épopée sans nom aux confins de l'oubli et, aux frontières des mondes, cadenassé leur route de nomades.

Appels des au-delà certifiant la rancune d'une ténacité faite d'acier trempé dans le sang chaud des tigres. Ô ! musées des horreurs, auberge des maudits, ta craquelure hante le fond de ces puits insondables, aux eaux troubles amenées par le vent et entretenues de manière incessantes des pleurs de notre temps, des pleurs pleins de colibacilles empoisonnant la merde de vos étrons dorés auréolés de flammes ! Bouse permettant de garnir vos trônes, d'excréments ! Vergogne des mystères, vestiges d'autrefois, faits pour entretenir le rêve des mollusques ! Ici nous avons dépassé tout ce qui est certain, tout ce qui nous a forcé à vivre en orphelin de nos frères anciens. Et pour nous, une des plus grandes erreurs historiques, serait de voir encore perdurer cette mythomanie qui un jour prochain, va tous nous rendre fous (s’il vous plait, dites chiche !).

Après ce déluge de mots et afin de devenir enfin réellement intelligent, il vous suffit maintenant d'accompagner les nouvelles dynamiques. Vous vous êtes trompé d'espace, vous vous êtes trompé d'histoire. On ne peut plus revenir en arrière, recommencer le monde. La Révolution Verte aura lieu. Elle aménagera une nouvelle terre d'où vous serez absents. C'est tant pis ou plutôt c’est tant mieux, car vos « oripailles » et vos épouvantails avaient déjà sabordé le Globe bien avant que ne s'annonce la lueur des Lumières.

Alors, je vous en prie, messieurs les mandarins, ne remettez pas en selle d'anciennes turpitudes, faites de croix gammées aux horizons damnés. Oui ! Face à ces deux mondes possibles: le monde des prédateurs et le monde qui limite l'action de ces derniers, nous faisons bien partie du second monde. Non ! Nous ne sommes pas non plus, comme nous le serinent certains alter mondialistes qui dérivent déjà, pour le partage des richesses, nous sommes avant tout, pour la protection des ressources génétiques et minérales disponibles. Oui, messieurs les nantis, devant vos actions prédatrices ce n’est plus le principe de précaution que nous invoquons, mais bien une idée de Schisme qui nous anime. A partir d’ici, notre propre système écologique de survie a définitivement divergé.

Et en attendant le pire, ce que je peux vous dire de plus à ce sujet, c'est que je vous méprise, car actuellement, vous n'avez plus aucune autre ambition, que celle de trouver les moyens les plus abominables de vous remplir les poches. Jamais il n'y a eu autant d'argent qui circule. Cet argent qui vous permet de continuer à circuler librement dans ce monde hébété. L'épaisseur de la couche de billets sur laquelle vous êtes affalés, est simplement relative à votre propre opportunisme par rapport au fonctionnement du Système en place. Alors que de notre coté, réfutant par avance tout compromis avec l'histoire de vos peurs, nous refusons nous-même, d'abonder à vos fonds de pensions, sachant par là que nous nous mettons peut-être économiquement en danger pour le proche futur. Pourtant, croyez-moi, il était assez facile de se hisser à votre niveau de définition et à votre niveau d'opportunisme !

Ce que je veux vous dire de plus, messieurs les cannibales, et ce avant que vous ne salissiez définitivement, de vos ventres avides, les restes de nos rêves, c'est que, notre espace fonctionnel est avant tout esthétique et que nous voulons garder encore un peu nos arbres, nos rochers, nos ruisseaux, nos animaux sauvages et enfin nos idées. Nous voulons garder aussi nos maisons délabrées, des maisons qui tiendront bien debout, encore trois ou quatre cent ans de plus, bien plus longtemps certainement que les tours géantes de vos modèles de béton armé, bien plus longtemps aussi que vos milliers d’éoliennes industrielles et tout ceci, afin de témoigner de ce qui s’est réellement passé au début de «l’Ere Ecologique»:

- Quand nous tentions de nous coltiner la sordide réalité politique de tous les jours.

- Quand appliquer sur le terrain les thèses écologiques, revenait à découvrir les logiques fonctionnelles d'une société en plein désarroi consumériste.

- Quand aller au contact des prédateurs, révélait notre faiblesse numérique.

- Quand l'appel au combat se heurtait aux murs de l'incompréhension et de l'indifférence.

Mais pendant que nous manifestions sans fin nos émois contre les débordements incessants de votre putain de Système de production, partout ailleurs les gens, tête baissée, la gardaient sur le guidon. Ici de plus, au sein du PNRHL, l'organisation des loisirs autour de nos nouvelles cathédrales naturelles, butait aussi sur des limites structurelles et sociologiques. C’est pour cela que nous pensions que la défense de notre territoire devait tout d'abord passer par une intégration à une seule idée forte: « l'entretien continuel de notre esthétique volage (volatil) », une esthétique qui pour l'instant ne prévoyait que de simples possibilités d’évasion. Et je vous parle ici d’une certaine relation au monde et à la vie que vous n'avez pas encore les moyens intellectuels de mettre en ½uvre.

Dans cette optique, avant de concevoir une nouvelle architecture religieuse autour de ces mêmes cathédrales, il nous fallait savoir momentanément faire le deuil de nos trop nombreuses utopies et tourner le dos à la réalité rêveuse que nous cherchions désormais à mettre en route, puis au jour le jour, assumer nos choix afin qu'un jour peut être, cette réalité existe pour de vrai.
Ecrire, rectifier, donner son avis