Depuis
lors, nous nagions là, dans des systèmes atropiques, créant autour de
nous des barrières passives afin d’organiser des espaces
invisibles,
nous berçant de hasards et passant désormais notre temps, à défricher
les lieux d’une génétique opaque. D’un côté nous cherchions à vivre
hors des âges, redécouvrant l’enfant que portait notre c½ur, d'un autre
côté nous ne vivions que de mirages.
Pourtant, chez nous, loin de vos yeux de citadins hagards, l’aubépine
naissait d’une débâcle précoce, mille fleurs la suivaient. Sur un épais
tapis d’encens, les parfums s’enivraient. Pinocchio, cet illustre
orphelin de nos senteurs sauvages, s’en servit pour remplir vos
flacons. Ici, en même temps que l’aube, le lavandin naissait de la
fuite du temps en embaumant l'espace.
Genévriers suintants une encre insecticide, vertueuse potion pour
éloigner les vaches. Bruyères incandescentes, câlines à nos yeux. Ces
fleurs habitent aussi tout notre territoire, créant des esthétiques,
assouvissant l’ennui, colportant le long des précipices, des artistes
aux palettes de rêves. Accrochées au destin de leurs piètres défenses,
colorées pour mûrir un soir d’indifférence, libérant des enfants aux
sourires de nacre, dans ces univers las de tempêtes.
Ces fleurs font
aussi partie d’un patrimoine génétique, qui se borne à créer des
tableaux, posant les éléments de chacune des nuances que vous
reproduisez sur cette croûte infâme, une croûte d’une indigence folle
qui pourtant nous enchante. Sainte Victoire de nos c½urs éblouis par
tant d’évanescence.
Oiseaux de vos terroirs discréditant l’espace d’un archaïque chant.
Piverts de nos fenêtres, petits pinsons des bois, antique relique de
nos élans de foi, lorsque les surveillants consolidaient leurs comptes
au débours de tableaux encore inexplorés.
Perfidie de vos c½urs entrelacés de larmes, cette rosée amère assoiffée
de nectars. Dur labeur de chevaux de bataille faits pour tromper
l’abeille, dans sa besogne immense à cueillir des pollens de camomille
aux yeux éparpillés de jaune.
Pinèdes obscures, occupant désormais tout l’espace au nom de la
droiture, envenimées de larves, de cocons de duvets, donnant l’ordre
d’attendre d’être désavoués par des hélicoptères remplis de défoliant.
Ici ce sont les pins et les sapins qui ensevelissent maintenant le
passé (notre jeunesse), anticipant de nouveaux modèles napoléoniens
encore plus déments. On peut donc qualifier, avec un brin de recul, de
désastre écologique, le travail de L'ONF poursuivant un seul but: celui
de submerger avec des résineux, l'océan de verdure que géraient les
anciens. Et au bout de 30 ans de droiture cachée, nous faisons le
diagnostic suivant : les sapins nous encerclent. C'est exactement le
temps qu'il aura fallu à un organisme d’état pour combler son retard
sur les agricultures. Ce sont ces arbres monotones qui structurent
maintenant le silence des paysages forestiers avant que de nous
emprisonner entre quatre planches rapidement putrescibles.
Pourtant vous n’aviez pas le droit de toucher aux essences, de faire de
la terre un jardin d’agrément où des pas vagabonds encercleraient les
restes, des hasards de la vie. Alors dès aujourd’hui, arrêtons donc
avec vos misérables visions de citadins déçus et construisons un
univers réellement peuplé de sens. Oui, mieux que de croquemorts, ce
dont nous avons vraiment besoin, ce sont des jardiniers pour cultiver
nos espaces secrets, nos jardins intérieurs.
D'ailleurs, ici, dans cet
espace où nous faisons les clowns, notre fonction esthétique génère en
même temps un tourisme de qualité et donc potentiellement de nouvelles
ressources.
Cette ocre qui colonise l’espace, c'est le temps des genêts, c'est le
temps des baguenaudiers, c'est le temps des millepertuis. Il nous sert
à vanter l'exégèse d’un autre monde rempli de papillons, des papillons
discrets butinant ça et là aux confins de l'oubli, ce qu'il reste de
fleurs.
Ces oiseaux qui jouent pour rien, qui ne vivent pour rien, c'est une
réponse précieuse à l'
aube du silence qui s'avance noyant dans son
venin des vestiges de cendres. Petits oiseaux du ciel, chambres
d’enchantements acoustiques, je vous remercie d’avoir encore le courage
de chanter pour tous ces pauvres cons.
Ici, pour vivre de délices, pour créer ce nouveau Pays des utopies, il
nous a fallu avant tout vaincre nos propres peurs ancestrales. En
dépassant mon instinct de prédation, j'infantilise le
dormeur du val,
je continue à apprivoiser et à domestiquer la bête qui m'habite. Je
dépasse la vision, les ardeurs et les émois de mon psychanalyste tout
encore noyé dans le chagrin des larmes de vos c½urs embués.
Chaque jour
qui s'annonce, je me dis que j'ai la chance de voir le soleil se lever,
de voir toutes les nuances qui habillent la terre, d'apprécier l'air
frais. C'est mon laboratoire. La poésie que l'on exprime ou non, a
aussi construit occasionnellement l'inconscient des gens: je vois le
même lever de soleil que mon voisin et pourtant, j'arrive à partir de
mon vécu antérieur, à en exprimer les détails d'une manière différente.
Oui, notre thermodynamique est bien basée sur l'observation des
phénomènes naturels et ceci, uniquement à des fins éco/dynamiques.
Imaginez un peu l'effet que produit la nature sur quelqu'un qui en
découvre réellement l'impact sur son inconscient (le silence,
l'immensité, la solitude, la splendeur, l’immatérialité, etc.
(
Heisenberg)). Dans ce nouvel univers des utopies possibles, c'est
avant tout celui qui n'a plus peur de lui qui s'installe auprès d'elle.
En effet, ce n'est pas à la portée de tous les citadins que de se
rebâtir ailleurs qu'au fond des mines, une métaphysique, un dieu, une
structuration mentale, une structuration sociale, etc., et tout ceci,
en fonction d'objectifs tout aussi incertains que le sont par exemple,
l'arrêt de la prédation totale des ressources, cette Utopie des utopies
ou bien
la modification de la vitesse d’avancement des aiguilles d’une
montre (cosmique).
Sans désagrégation sociale préalable, sans issue de secours, ce n'est
pas si facile que de se reconstruire ailleurs, une réalité tangible
porteuse d'avenir. Dans ce sens, l'
écologie ne doit certainement pas
être vue comme un hobby pour de jeunes filles en fleur, ni comme un
amusement simplet pour des bourgeoises décalées de leur devant de
porte… C’est tout simplement une nouvelle nécessité vitale pour des
espèces en voie de
disparition. Toutefois, à l’encontre de votre
opportunisme productif, il faut dire que nous n'aurons pas mis
finalement, tant de temps que cela à
civiliser cette société vers les
intérêts écologiques évidents (il fallait tout de même prendre le temps
d’en conceptualiser les objets !!!), sauf que la décadence à venir nous
prouvera très certainement le contraire.
En attendant, pour nous,
l’écologie doit être considérée comme un changement de vision total des
rapports entre
l’Homme et la Nature. Il n’y a pas d’autre alternative
et notre seule adaptation future n’est plus possible, qu'à travers la
notion de Développement
Durable.
Dans ce cadre, le
pseudo-choc des civilisations ne veut plus rien dire,
c'est en conséquence une erreur (une
horreur) historique (hystérique?)
de plus. Et je prédis ici comme d’autre l’ont fait bien avant moi, "la
Chute de l’empire", je prédis aussi que ce Système voyagera jusqu’au
bout de sa propre nuit noire parce qu’il n’aura plus rien d’autre à proposer et
qu’il laissera en même temps derrière lui une friche totale, car on
regarde encore et toujours l’installation en milieu rural comme une
régression.
Pourtant, en nous installant à la campagne nous ne faisions
que déplacer un problème de coexistence pacifique et, c'est avec nos
petits moyens intellectuels et financiers que nous voulions montrer que
le passage à l'acte pouvait réussir, simplement en donnant un peu de
sens à cette épreuve.
Oui, c’était bien là dès lors, à
une mutation des finalités de l’espèce
à laquelle nous cherchions à participer. Dans ce sens, le clonage
reproductif, les implants et les OGM, n’étaient alors pour nous que de simples
artifices décadents...
Cependant, pour plus de réalisme sur ces quelques
propos, il faut dire, que l'histoire récente de l’installation des
néo-ruraux à la campagne et plus précisément
celle de notre ami José sur le
Larzac, montre à quel point nous ne
sommes pas encore prêts à jouer un rôle dans les affaires de ce monde.
Dans ce cadre, il faut bien être conscient que nous ne pouvons donc
plus assister aujourd’hui, qu’à une « lumpénisation » incessante de nos
efforts et ceci, de la part des
lobbyistes de tout poils.
Néanmoins, notre objet secret sur cette terre, est d’aller un peu plus
loin dans le sens de ce rêve. Il est aussi d’éviter une fois de plus,
les pièges mortels que nous tendent les blaireaux attardés au comptoir
des affaires, ces blaireaux qui nous attendent encore çà et là, à
chaque coin de rues, dans les diverticules sombres et amers de
l'Histoire (leur inconscient est maintenant bétonné).
Pour réussir
cette forme de challenge, on pourrait alors imaginer qu'en contrepoint
des
radieux décors citadins, les
paysages terrestres, avec tout ce qui participe en
tant que composantes à leur forme et à leur structure sont aussi, en
quelque
sorte, le miroir des
espaces intérieurs qui nous habitent tous depuis
la nuit des temps et qu'ils représentent, à ce titre, les bases
possibles
d'un nouveau construit collectif. De la même manière, telle ruine
oubliée pourrait être la représentation intérieure d'un passé en train
de
s'éteindre et sa rapidité de désagrégation équivaudrait à la vitesse
d'effacement dans la mémoire, des possibilités
anciennes. La conservation d'un vestige quel qu’il soit, représenterait
dès lors la volonté intime, d'un individu ou d'une collectivité, de ne
pas
oublier un passé devenu pourtant inutile d'un point de vue matériel.
Mais, pour ne pas se tromper d'horizon, il faudrait avant tout être
persuadé que la démarche produira du réel, et ceci, même si «a priori»,
tout cela peut nous paraître vain et inutile.
Par extension, tel ruisseau ou encore telle source redeviendrait ainsi
l'émanation du courant limpide et continue qui nous habite tous et qui
alimente en nous des besoins incessants d'évasion. Un paysage agreste
pourrait représenter la grandeur et la solitude d'un esprit fier et
volontaire à la recherche de liens cosmiques. Dans ce sens, les courbes
des collines sont peut être là, pour alimenter la douceur d'un
caractère et la variété de la végétation, explique la luxuriance des
idées qui peuplent l’esprit d’un individu. Telle autoroute qui
transperce l'espace ou telle route isolée grimpant le long des
monticules, sont là pour témoigner peut-être, de la plus ou moins
grande accessibilité des zones grises qui nous habitent et de la
facilité d'ouverture plus ou moins importante des différents Système de
pensées qu’elles ont généré.
La maison adossée à la colline représente elle, le coffre-fort de notre
inconscient et témoigne de la solidité et de la perméabilité de tel ou
tel être aux influences extérieures. L'
intérieur de la maison est
l'intérieur du coffre-fort, il abrite nos rêves…
Imaginons alors, que face à une
Cité-Etat déclinante, nous soyons nous-mêmes,
les marginaux locaux (les « marginalocalibus »), en train de devenir
collectivement une sorte de géant vert (une sorte de
Gulliver), un
géant avançant dans les sous-bois d'une forêt peuplée d'arbres immenses
(la civilisation des tours de béton). Ces arbres avaient poussé pendant
des millénaires (le culte citadin) et avaient parfois atteint une
circonférence qui défiait l'imagination (l’incompréhension du fait
social à l'intérieur du cercle du système observé). Tout autour de ces
arbres, des lianes gigantesques nouaient et enserraient les troncs de
leurs tentacules épineux et donnaient parfois l'impression de vouloir
les étouffer (les dédales de l'administration), alors que leur élan les
poussait seulement à rechercher la lumière que leur masquait la futaie
énigmatique. D'énormes fleurs blanches (les rues illuminées,
l'esthétique citadine) ou d'un rouge oranger, attiraient
irrésistiblement le regard, car elles étaient l'unique source de
couleur au milieu de toute cette pénombre. Elles arrivaient même à
donner une note gaie dans cet univers presque angoissant d'où aurait pu
surgir à tout instant
quelques bêtes féroces et où chaque recoin aurait pu recéler une force
mystérieuse et terrifiante.
Le géant se méfiait d'ailleurs encore
énormément de son ancien Etat et ses gestes saccadés ainsi que parfois
son regard de bête traquée, contredisait la force qui émanait de sa
stature et qui semblait pourtant maintenant pouvoir défier quiconque.
Sa démarche assez rapide, malgré les embûches de la forêt, faisait
s'égayer au fur et à mesure de son avance, des nuées d'oiseaux
multicolores (
la pensée sauvage). Ces derniers lançaient des cris
stridents et monocordes tout en s'envolant un peu plus loin, à travers
les branchages puissants et feuillus.
L’itinéraire du géant « marginalocalibus » réfléchissait le long
cheminement de sa pensée à travers les méandres touffus de sa propre
mémoire collective. Quelle recherche poursuivait-il vraiment, ici bas ?
Depuis l'aube naissante (le début de sa vie) qu'il marchait ainsi, au
milieu des dangers potentiels, avait-il trouvé la raison profonde qui
lui avait fait prendre un jour la direction des montagnes sacrées aux
cours d'eaux miraculeux (les nouvelles aspirations) ? Se sentait-il la
force malgré sa stature colossale, d'affronter les pièges de nouveaux
paysages (des nouvelles propositions de vies) et de nouvelles contrées
inconnues (le Pays des utopies) ?
Les fabuleuses légendes dont il avait entendu parler, le désorientaient et le
déstabilisaient, car sa raison voulait être lucide et structurée et
tout ce qui relevait d'un savoir nouveau à la limite de l'ésotérisme
lui faisait encore un peu peur. Aussi était-il toujours en train de
relativiser ses connaissances antérieures afin que son cheminement
mental ne l’entraîne pas dans une soudaine spirale de démence ou bien
dans un lieu béant d’incertitudes, un lieu où il n'y aurait eu plus
rien de concret pour se raccrocher à une quelconque réalité externe.
Car, dans cet univers isolé et presque solitaire, la moindre réflexion
devenait un gouffre insondable dans lequel il aurait pu réellement se
perdre.
A l’opposé de cet itinéraire intime, à l’opposé de l’exode intérieur de
« marginalocalibus », l’Homme aux éternuements de fer qui l'avait
précédé, avait lui auparavant, vainement essayé de fuir ailleurs, loin
de la terre. Pour ne pas devenir fou, il avait tenté de fuir vers de
nouveaux espaces lointains et inaccessibles, tenté de fuir éperdument
vers le Cosmos qui l'entourait de toute part. A coup de fusées
pétaradantes, celui que nous nommerons désormais pour toutes ces raisons, «
marginacosmus » (en américain châtié, « margin’cosmous »), avait
concrétisé peu à peu son devoir et pensait même qu'il aurait pu, à très
brève échéance, coloniser les environs immédiats de la terre.
Toutefois, la tâche lui était restée en grande partie
inaccessible, car
il ne connaissait pas des moyens psychiques adéquats pour s'évader de
son leurre terrestre (les romains avaient eux aussi en leur temps,
connu une limite à leur propre galaxie). Il s'employait tout de même à
en explorer les alentours pensant que l'histoire résoudrait le futur et
qu'il arriverait assez vite à contraindre (à contredire) le temps. Mais
ce n'est pas si simple que de se créer des ailes de papillon pour
visiter une nouvelle intemporalité, c'est à dire de se construire des
nouvelles possibilités d'évasion.
Depuis lors et face à cet échec plus
ou moins mortifère, « margin’cosmus » errait çà et là, en tentant de
comprendre indéfiniment cet espace lointain. Faute de pouvoir s’évader
au loin, il errait aussi de plus en plus fréquemment (nous l'avons vu
plus haut), dans les laboratoires de fortune qu'il avait inventé pour
passer le temps, en attendant des jours meilleurs. Cependant, les
solutions qui s'échappaient de ses fioles n'étaient pas toujours
avantageuses, particulièrement depuis qu’il connaissait l’atome et
qu’il s’en était servi de manière énergique à Hiroshima et à Nagasaki.
Tout attendri par cette découverte et par une si belle aventure
humaine, il s’était mis derechef dans la tête, d'exploiter les
possibilités métaphysiques que lui proposait depuis peu, l'avancée des
recherches dans les domaines
de la génétique. Il inventa ainsi les OGM et les cellules couche
(culotte).
Pendant ce temps et à l'opposé de « margin’cosmus », son cousin le
géant "marginalocalibus" avait lui, comme on l’a vu ci-dessus, essayé
de fuir à la recherche de son identité profonde. Poursuivant chaque
jour un peu plus, une intense réflexion, il avait tenté mentalement de
conscientiser l'espace en allant au-delà des recherches actuelles, vers
des états de reconnaissance intérieurs de plus en plus approfondis.
Ce
faisant, « marginalocalibus » ne comprenait pas par exemple, à quoi
cela rimait pour « marginacosmus » de détruire à ce point toutes les
cultures locales, des cultures qui avaient mis des
millénaires à
s'édifier et ce que lui apportait cet oubli de l'Histoire, mis à part
un confort de vie matériel en incohérence totale avec les faits sociaux
qui amenaient sans cesse de nouvelles tensions. Dans son intimité
locale, « marginalocalibus » pensait parfois profondément à cet autre
imbécile tardif qui un jour de démence, avait émis une thèse sur une
possible fracture historique entre les civilisations et qui avait
pointé du doigt le retard structurel de certains habitants de la terre.
Pourtant, à cette époque, il suffisait à l'homme de quelques décennies
pour combler son retard et pour s'approprier les notions essentielles
afin de mettre en ½uvre de nouvelles réalités.
Le géant vert pensait
aussi, que les prédications religieuses de son cousin "margin’cosmus"
étaient comme un nouvel exutoire à la folie ambiante qui l'habitait et
que c'était le
doute non assumé de son itinéraire qui lui faisait
réaliser la plupart de ses excès mentaux, tandis qu’il lui était si
simple, à lui « marginalocalibus », d'élaborer un Programme
d'Enchantement Populaire avec Prédestination Sociale intégrée (le
PEPPS’i), du type Si...Alors.
En fait, avec ses nouvelles armées de défense de ses intérêts vitaux
(nettoyeurs d
'OGM,
antinucléaires, sauveteurs de
fanons, protecteurs de
souris, etc.), le géant vert "marginalocalibus" faisait cruellement
douter l’homme aux éternuements de fer. Ceci étant, ce dernier voyait
bien que ses propres défenses (ses propres délires ?) n'étaient plus
adaptées à cette nouvelle situation historique. Pendant que
"marginalocalibus" créait au niveau local une action dynamique,
"margin’cosmus" n'avait pas d'autres solutions que de lui envoyer ses
anciennes barrières (flics, CRS, Pompiers, etc.).
Ce dernier par
exemple, ne comprenait pas pourquoi ce nouvel esthète (ce nouveau
connard !) voulait retarder l'arrivée des
OGM, en disant à la ronde que
tout cela devait être vu, simplement comme une nouvelle forme de
défense du territoire, une défense dans laquelle les fameuses (the
famous one) et très anciennes "bonnes pratiques agricoles" n'avaient
plus
rien à faire.
On voyait bien là que "margin’cosmus" n'entravait plus rien à cette
nouvelle réalité autour de la notion d’écosystèmes, tant il est vrai
qu'il était aveuglé par la recherche de ses propres limites cosmiques
extérieures (et par la recherche de ses propres profits !).
C'est
pourquoi il était de plus en plus traumatisé par le nouveau programme
que "marginalocalibus" cherchait à introduire dans la tête des gens et
dont ce dernier revendiquait la mise en ½uvre dans les parcs naturels
afin de le tester grandeur nature:
Dans cette petite réflexion de derrière les fagots, c'est bien le
niveau de définition de l’objet agricole qui ici, nous importe le plus,
car toutes les grandes civilisations se sont heurtées à ce même niveau
de définition de la vie. Cependant, le programme fonctionne aussi avec
d'autres variables (). Il vous suffit dès lors de les transformer
chronologiquement en constantes (
aléatoires pour rigoler !) pour que le
programme global se mette à fonctionner tous azimuts.
Mais on s'en est déjà rendu compte, la décision de protéger certains
endroits de la terre et de faire démarrer localement d'autres solutions
utopiques (d'autres
mondes possibles) se révélait toutefois difficile à
mettre en application car Neandertal veillait partout au grain. C'est
alors que "marginalocalibus" pour occuper "margin’cosmus" à quelque
chose de vraiment concret (ce dernier avait toujours besoin de ce type
de rapport à la vie), eut une idée magique à laquelle son alter ne
pourrait se dérober.
A l'opposé de notre terre et sur la même
ellipse, on allait construire
une nouvelle terre à base d'astéroïdes captés sur la ceinture de
Magellan et déplacés à l'aide d'une thermodynamique conventionnelle.
Dans ce cas là, mis à part quelques derniers gaulois attardés, personne
ne saurait s'opposer réellement à une telle opération d'envergure
céleste et seuls demeureraient à résoudre quelques petits problèmes
physiques comme par exemple : la possible accélération de la gravité de
la terre en présence d'un objet concurrent, la chaleur des impacts
dégagée lors des collisions constructives servant à édifier ce futur
îlot de verdure, l'édification de formes aptes à être comblées par de
nouveaux océans (de larmes), le calage de la vitesse d'avancement de
cet objet dément poursuivant sans répit de sa vindicte cosmique
(comique ?) notre bonne vieille terre, une bonne vieille terre elle
même si attardée encore, dans les limbes de ses derniers rapports
humanoïdes....
Comme vous le voyiez, "marginalocalibus" avait des visions intérieures
dont les rapports de forces dépassaient largement la thermodynamique
conventionnelle de "margin’cosmous". Mais les physiciens de tous bords,
étaient bien préparés à affronter ce type de situation. Finalement elle
vit le jour.
Sur cette nouvelle terre s'était aussitôt précipité tout
ce que notre monde scientifique avait pu enfanter de dangereux et en particuliers:
les Pro OGM, les pro CSDU, Les pro tout nucléaire, les plus farouches
défenseurs de l'ordre divin (les prédicateurs), les basketteurs géants,
etc. On appela cette planète: "La planète des z(h)éros
binaires" ().
Elle avait été rapidement bâtie pour satisfaire les envies pressentes
des plus concernés pour un monde sans failles.
Mais, attention, cette construction mentale n'était pas en soi, une
entreprise totalitaire de type fasciste ou de type nazi une entreprise
faite par exemple, pour consoler une métaphysique devenue à ce point
défaillante. Etaient restés avec nous: les infirmes, les vieillards,
les gitans, les étrangers, les inadaptés sociaux, les retraités et tout
autre type de marginaux pensant encore avoir en eux quelque chose qui
allait de travers. Restèrent ainsi par exemple, la plupart des Rmistes,
quelques chômeurs aussi, etc., enfin toutes ces petites mains qui
potentiellement pouvaient encore réellement muter pour cause de survie
adaptative et qui cherchaient indéfiniment à conserver une possibilité
de développer sur notre bonne vieille terre, une approche sociale
adaptée (à la sortie ça faisait beaucoup plus de monde, qu’au départ on
aurait pu le croire).
C'était là en fait, un programme essentiellement
basé sur le départ volontaire des gens qui n'avaient plus rien à se
reprocher.
Parallèlement et sans attendre la fin de ces travaux titanesques faits
pour éparpiller l'énergie des matons, le géant vert "marginalocalibus"
se mit au travail afin de mettre en place de son coté, un univers
moqueur dans le
PNRHL 1.
Se réappropriant enfin les fonds de l'
écotaxe,
des fonds qui avant cette affaire profitait grassement à
"marginapoliticus" (une sorte de politicard qui en attendant que les
écologistes se réveillent, s'en foutait plein les fouilles), il mit en
place au niveau du territoire du Parc, la nouvelle organisation sociale
dont il avait publié les attentes dans un manifeste utopique (un
manifeste dont nous découvrirons plus loin le contenu vers la fin de ce
livre).
Afin de détruire l'univers de consommateur de "margin’cosmus"
et pour que les gens ne passent plus leur temps à défendre un état
dépassé ou à dilapider sans fin leur énergie au fond de quelques bars,
« marginalocalibus » commença par gadgétiser tout ce qui était «
gadgétisable » dans l’ancien monde de "margin’cosmus". Cela eut pour
effet d'infantiliser instantanément Neandertal. Ce dernier, n'ayant
plus rien de sérieux à faire, se mit alors à divaguer de plus en plus
ouvertement et sombra même dans une terrible débauche. Pour finir, «
marginalocalibus » démystifia aussi le rôle de l'argent en diminuant
ses propres dépenses matérielles à une stricte satisfaction des besoins
conventionnels (?!). Il « squiza » ainsi, en grande partie l'irréelle
politique économique que menait à fond son prédécesseur le célèbre «
Keynes’cosmus », une
politique qui, nous l'avons vu, était basée sur la
prédation totale et rationnelle de toutes les ressources disponibles
(eau, air, énergie fossiles, richesses minérales, génome, etc.).
Il
faisait tout cela de manière subtile afin que les enfants à venir
(avenir) n'aient par la suite, pas d'autres horizons à défendre que
ceux qu’il s’efforçait de leur organiser.
Nous avons vu enfin, que
chemin faisant, « marginalocalibus » essaya aussi de tuer le
mythe du
Surhomme en interdisant les amphétamines et la testostérone aux
basketteurset aux footballeurs géants et ceci afin qu’ils stabilisent lentement leur
croissance. Ces derniers n'ayant plus rien à prouver aux autres, se
retrouvèrent tout à coup devant leurs limites réelles, c'est à dire
celles d'adolescents mal conformés et boutonneux essayant de gravir
désespérément les nouvelles étapes de l'adultère à coup de viol dans
les couloirs douteux de la
célébrité.
Mais la tâche à laquelle s’était attaqué le géant vert «
marginalocalibus » était immense et dans ce nouveau désordre il fallait
bien qu’un jour il commence par mieux découvrir le lieu de ses futures
ardeurs. Qu'il se mette à construire dans son nouvel Eden, une maison
durable...